Nasrin Sotoudeh en danger apres 45 jours de greve de la faim
Rebecca Rouge, membre de la campagne internationale de soutien à Nasrin Sotoudeh, lance ce cri de détresse sur Twitter :
Rebecca Rouge a appris qu’au 44e jour, la prisonnière politique a été transférée à l’infirmerie de la prison. Retour sur les circonstances qui ont amené Nasrin Sotoudeh à entamer aujourd’hui son 45e jour de grève de la faim.
Nasrin Sotoudeh est iranienne, avocate spécialiste des Droits humains et particulièrement du droit des enfants. À cet égard, elle a reçu, conjointement avec le réalisateur iranien Jafar Panahi, le prix Sakharov 2012 décerné par le Parlement européen le 26 octobre dernier.
En 2009, à l’issue des arrestations massives de militants lors des manifestations contestant les conditions de l’élection présidentielle, Nasrin Sotoudeh est sollicitée pour défendre nombre d’entre eux, mineurs et adultes, souvent très pauvres. Très vite, les autorités lui demandent de cesser ses activités sous peine de prison mais elle résiste aux pressions. En septembre 2010, elle est arrêtée et emprisonnée à la prison d’Evin, au motif de propagande et de conspiration contre la sécurité nationale.
En janvier 2011, elle est condamnée à 11 ans de prison, 20 ans d’interdiction d’exercer son métier et de quitter le pays. En appel, sa condamnation est réduite à 6 ans de prison et une interdiction de 10 ans de pratiquer le droit.
Les conditions de détention dans la prison d’Evin sont, comme pour tous les prisonniers mais plus encore pour les prisonniers d’opinion, très dures, particulièrement en ce qui concerne la communication avec la famille. Ce sont d’ailleurs ces raisons qui mènent la militante des Droits humains, le 17 octobre 2012, à commencer une grève de la faim. Elle proteste contre le rejet de ses demandes répétées de voir ses enfants de 5 et 13 ans dans de bonnes conditions : lors des visites, les enfants sont surveillés pas des microphones et des caméras et entourés en permanence par cinq gardes. De plus, sa fille reçoit une interdiction de quitter le pays. Nasrin Sotoudeh déclare qu’elle ne peut accepter qu’on traite ainsi une enfant de 13 ans pour la seule raison qu’elle est la fille de sa mère. « Je ne fais pas la grève de la faim pour négocier. Seulement ils m’ont mise dans cette situation où je suis forcée de crier. »
Après plusieurs semaines d’interdiction de visites, Reza Khandan, le mari de Nasrin Sotoudeh est autorisé à voir son épouse. Il écrit le 21 novembre : « Nasrin continue sa grève de la faim. Elle a perdu beaucoup de poids et pèse maintenant 43 Kilos. Elle m’a dit : Je ne peux pas juste m’asseoir et ne rien faire alors qu’ils font ce qu’il leur plaît de moi et de ma famille. »
Aujourd’hui la vie de Nasrin Sotoudeh est en danger. Malgré l’engagement d’Amnesty international, il est à craindre que sans l’intervention de l’opinion et des pouvoirs publics, Nasrin Sotoudeh subisse le même sort que le journaliste et écrivain Reza Hoda Saber, décédé le 12 juin 2011 d’une crise cardiaque suite à une grève de la faim entamée dans la même prison d’Evin.
Malik Berkati
Pétition : http://www.avaaz.org/en/petition/Save_Nasrin_Sotoudehs_life/?cojwgdb
Actions recommandées par Amnesty international: http://ua.amnesty.ch/urgent-actions/2010/09/197-10/197-10-5 (en français) – en haut dans la colonne droite une lettre modèle (en anglais) rédigée par l’antenne australienne d’AI.