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L’Aventure des Marguerite

Marguerite et Margot ont toutes les deux douze ans, avec chacune sa famille, ses copains, ses problèmes… Et son époque. Car Marguerite vit en 1942 et Margot en 2018. Mais c’est sans compter sur une mystérieuse malle magique qui les transporte chacune dans l’époque de l’autre. Margot et Marguerite ont un autre point commun : leur père n’est plus là, disparu en pleine Deuxième Guerre Mondiale ou n’habitant plus à la maison. Avec septante d’écart, elles se lancent dans une grande aventure pour retrouver leur présent, explorant l’Histoire, mais aussi la mémoire de leurs familles.

— Alice Pol et Lila Gueneau – L’Aventure des Marguerite
© Louann Coré

L’Aventure des Marguerite est le premier long-métrage de Pierre Coré qui a réalisé auparavant des courts-métrages et le film d’animation Sahara. Connu comme auteur de livres jeunesse, Pierre Coré a puisé son inspiration dans la bande-dessinée Le Temps des Marguerite de Robin et Vincent Cuvellier. Le réalisateur a découvert ce livre sur les conseils de sa sœur :

« c’est une BD pleine d’idées, et très astucieuse en mise en page avec deux bandeaux parallèles, l’un situé en 1910, l’autre en 2010, chacun pouvant se lire indépendamment. Et cette BD a répondu à mon désir de raconter des histoires s’adressant aux enfants et aux familles. »

C’est bien là que le bât blesse : le film et son intrigue s’adressent à un public de pré-adolescents. Incarnées par Lila Gueneau, Marguerite et Margot vivent dans des mondes distants de septante ans. Marguerite, discrète, réservée, à l’éducation stricte, vit en 1942 dans la luxueuse demeure familiale avec sa tante Alice (Alice Pol) et son grand-père (Wladimir Yordanoff) alors que son son père est porté disparu au combat. L’autre, Margot, vit de nos jours, chez sa mère (Anne Charrier) et Laurent Marcel, le compagnon de celle-ci (Clovis Cornillac) alors que son père est parti en Australie avec une petite jeune.

Ce qui surprend dans le choix de la jeune actrice, c’est que Margot comme Marguerite sont censées avoir douze alors qu’elles ont incarnées par une jeune fille de quinze ans. Malgré cette erreur de distribution, le film reste une rafraîchissante fantaisie spatio-temporelle dont les divers truchements qui font résonner les deux époques entre elles rappellent la trilogie jubilatoire de Retour vers le futur (Back to the Futur, 1985, 1989, 1990).

— Lila Gueneau – L’Aventure des Marguerite
© Pathé / Orange Studio

L’Aventure des Marguerite comporte de nombreuses références à l’univers des contes, comme les bergers allemands noirs qui font penser à des loups, ou le père qui s’appelle Louis Cayrolles et la tante Alice, en référence à Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll. Margot comme Marguerite, propulsées dans un univers dont elle ignore les rouages, doivent accomplir leur mission afin de retrouver leur temporalité.

Un film divertissant et intelligent, une aventure incroyable : se retrouver en temps de guerre sous l’occupation allemande, ou dans un futur totalement inconnu où d’étranges cadres lumineux permettent de communiquer ou de trouver des informations ! Chacune des Marguerite sortira de ce périple plus forte et portant un nouveau regard sur leur monde, leurs proches, leur famille. Le rythme alerte du film et sa courte durée ne laissent aucun temps morts et on peut saluer l’excellente prestation des acteurs.

Firouz E. Pillet

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Firouz Pillet

Journaliste RP / Journalist (basée/based Genève)

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