Avec Dracula – A Love Tale, Luc Besson traverse les siècles avec le célèbre comte des Carpates en sombrant dans les clichés
Depuis qu’il a choisi de quitter la Ville Lumière pour le Perche, en quête de calme, de nature et de simplicité, le cinéaste français a peut-être trouvé la quiétude mais semble avoir perdu l’inspiration.
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Avec son adaptation du roman de Bram Stoker, le réalisateur plonge le public au cœur du XVe siècle alors que le Prince Vladimir (Caleb Landry Jones) livre bataille dans une scène peu crédible. Après ce combat, certes, victorieux, le prince renie Dieu suite à la perte brutale et cruelle de son épouse Elisabeta (Zoë Bleu). Il hérite alors d’une malédiction : la vie éternelle. Il devient Dracula. Condamné à errer à travers les siècles, s’abreuvant du sang de ses victimes, il n’aura plus qu’un seul espoir : celui de retrouver son amour perdu.
Quatre siècles plus tard, Mina, une jeune et jolie jeune femme, (Zoë Bleu), semble en proie à des manifestations surnaturelles. C’est alors que ses proches sollicitent un prêtre exorciste (Christoph Waltz) renommé pour son expertise des vampires et des méthodes pour les éloigner. Pour le seconder dans sa mission, un médecin français (Guillaume de Tonquédec) lui vient en renfort.
Les adaptations consacrées à Dracula sont légion. Les cinéphiles se souviennent avec émotion de l’excellent film d’horreur fantastique Dracula (1992) réalisé par Francis Ford Coppola, avec Gary Oldman et Winona Ryder. Auparavant, le fameux roman de vampire, publié en 1897, avait inspiré aussi Tod Browning qui sort son Dracula en 1931 et Dario Argento qui sort le sien en 2012 et dans lequel joue sa fille Asia. En s’emparant du roman de Bram Stoker, Luc Besson vient donc s’ajouter, sans trop d’originalité, à la longue liste de cinéastes ayant adapté pour le grand écran cette œuvre.
Si la distribution du film aligne des noms prestigieux, à commencer par Christoph Waltz, aux côtés de Matilda De Angelis, David Shields, entre autres, Luc Besson retrouve le comédien Caleb Landry Jones qu’il avait déjà dirigé dans Dogman (2023). La genèse du film réside dans une discussion entre le cinéaste et son acteur principal alors que le réalisateur évoquait les potentiels rôles qui pouvaient convenir au comédien. C’est ainsi que l’idée de Dracula lui est venue et qu’il a décidé d’écrire une nouvelle version du mythe avec l’acteur américain dans le rôle principal. On ne devrait pas toujours coucher sur le papier les idées qui galopent dans notre esprit…
Pressentant peut-être les critiques quant à un nouveau et énième Dracula, Luc Besson a annoncé d’emblée vouloir adopter un nouvel angle en développant non pas l’aspect horrifique, mais surtout l’aspect romantique du mythe de Dracula, « qui n’avait pas été trop exploité jusqu’à présent » selon les dires du cinéaste. Dans son film, le célèbre comte tombe amoureux d’une femme qui ressemble à sa défunte épouse, décédée quatre siècles auparavant. Le Dracula à la sauce Besson va même jusqu’à explorer la dimension érotique de l’histoire de vampire et raconte, entre quelques incisives dans les jugulaires et quelques doses d’hémoglobine humaine, une romance qui traverse les siècles mais qui prend quand même deux heures et neuf minutes pour ce faire ! L’intention est louable, le résultat laisse à désirer tant le réalisateur se contente de dépeindre de manière superficielle cette histoire d’amour tout en alignant les clichés tout au long du récit.
Que les inconditionnels de Bram Stoker soient avisés : Luc Besson n’est pas parti tourner, malgré son budget colossal, au château de Bran en Transylvanie mais a réalisé son Dracula dans des studios en région parisienne, dans les studios Dark Matters, à Tigery dans l’Essonne. Quant aux décors extérieurs, le cinéaste a posé sa caméra à Kuhmo, en Finlande.
Les cinéphiles pourront se réjouir de voir, parmi les têtes d’affiche du film, que la jeune actrice Zoé Bleu n’est autre que la fille de Rosanna Arquette que le cinéaste avait fait tourner dans Le Grand Bleu (1988). Luc Besson semble fidèle à la famille de cinéma qu’il s’est constitué au fil des ans. Un autre élément sera certainement plus appréciable pour les cinéphiles : la salle à manger de Dracula est tapissée de portraits d’ancêtres. Mais, quand on y regarde de plus près, dans un clin d’exil malicieux, on constate qu’il s’agit d’anciens Dracula interprétés sur grand écran par Luke Evans, Brad Pitt, Gary Oldman, Christopher Lee et Max Schreck, ce dernier étant principalement connu pour avoir tenu le rôle du comte Orlock dans Nosferatu le vampire de F.W. Murnau en 1922.
Vu le sujet du film, une musique gothique s’imposait. La bande originale marque la première collaboration entre Luc Besson et Danny Elfman, le compositeur fétiche de Tim Burton.
Comme mentionné plus haut, le film a bénéficié d’un budget colossal. En effet, Dracula est le film français le plus cher de 2025 avec un budget coquet de 45 millions d’euros. Si cette somme semble modique par rapport aux 197 millions d’euros du blockbuster de Valerian et la Cité des mille planètes (2017), il questionne sur la valeur de l’art et de la création. Mis à part le casting, on se demande à quoi a servi une telle somme : à rémunérer les infographistes pour leurs effets spéciaux qui abondent durant tout le film ? Le cinéaste ne doit pas trop se préoccuper pour le financement de ses films puisque c’est sa femme, Virginie Besson-Silla, qui les produit. Dracula est le septième film de son mari dont elle assure la production.
Mais quand même ! Un tel budget pour une resucée qui ne marque guère les esprits et ne suscite même pas des frissons ! Une pensée à garder à l’esprit pour celles et ceux qui iront voir le Dracula de Luc Besson qui sort en salles ce mercredi 30 juillet.
Firouz E. Pillet
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