Garfield : Héros malgré lui (The Garfield Movie), de Mark Dindal, marque le retour du chat le plus paresseux et le plus gourmand du monde
En cette période estivale à la météorologie mitigée, Garfield : Héros malgré lui paraît le film idéal pour une sortie cinéma en famille !
Garfield a été adapté au cinéma en 2003, avec un scénario basé sur la BD et sur la série TV des années 80 Here Comes Garfield. En 2024, il revient sur les écrans, quittant le confort de son home tweet home et troquant son indolence pour la vie trépidante des chats d’extérieur, aventuriers sans peur et sans reproche.
Dans ce film, l’un des personnages de bande dessinée les plus populaires au monde Garfield (Chris Pratt), le célèbre chat d’intérieur, amateur de lasagnes et qui déteste les lundis, est sur le point d’être embarqué dans une folle aventure. Après avoir retrouvé son père disparu, Vic (Samuel L. Jackson), un chat des rues mal peigné mais protecteur, Garfield et son ami, le chien Odie, sont contraints de quitter leur vie paisible et confortable pour aider Vic à accomplir un cambriolage aussi risqué qu’hilarant.
Le célèbre chat roux fictif, épicurien et cossard, que les sexagénaires et quinquagénaires, alors jeunes adolescents et enfants, avaient découvert en 1978 dans le comics strip éponyme avait été créé par Jim Davis et publié pour la première fois par United Feature Syndicate en syndication dans quarante-et-un journaux. Depuis sa création, ce matou paresseux et amateur de bonne chair a été baptisé Garfield par son créateur en hommage à son grand-père, Jim Davis, James Garfield Davis. Garfield est devenu l’un des personnages de bande dessinée les plus populaires au monde.
Les aficionados du félin glouton, paresseux et roublard notent quelques petites différences notables entre la BD et le film. Dans le film, Jon recueille Odie à la SPA alors que dans la BD, Odie appartient originellement à Lyman, un ami de Jon. Autre différence, dans le film, Nermal est un des chats qui vivent dans le cul-de-sac. Dans la BD, Nermal appartient aux parents de Jon et dans cette version, il fait une apparition non parlante à la fin du film. Mais rassurez-vous quant à ces différences qui restent ténues ! Il n’y a pas de quoi fouetter un chat !
Garfield version grand écran est un pur produit « made in USA », issu de l’un des majors du cinéma américain qui ont pour habitude de remettre le couvert quand un film fait un tabac dans les salles. En 2004, le premier film Garfield avait rempli les salles au point d’être un immense succès au box office, totalisant plus de 200 millions de dollars de recettes aux États-Unis, pour un budget estimé à 50 millions de dollars. Ces chiffres donnent le vertige, avouons-le ! Garfield 2 ne serait peut-être pas né sans le succès impressionnant du premier épisode. Ni les épisodes suivants d’ailleurs ! la sauce ayant pris, cela méritait bien sûr les grands écrans le retour du félin d’appartement le plus célèbre !
Parfois, les resucées laissent à désirer mais ce Garfield : Héros malgré lui tient toutes ses promesses et ne vous décevra pas. Notons tout d’abord un changement de réalisateur : alors que Peter Hewitt avait pris en charge la réalisation du premier Garfield, suivi par Tim Hill pour Garfield 2 (2006), puis Mark A.Z. Dippé et Kyung Ho pour Revens Garfield (2007), c’est Mark Dindal qui est derrière la caméra pour cet opus. Les cinéphiles ont déjà pu voir ce réalisateur scénariste à l’œuvre dans le dessin animé Kuzco, l’empereur mégalo (2000) ou encore dans Chicken Little (2005).
Pour Garfield : Héros malgré lui, le réalisateur Mark Dindal, à l’instar de John Davis dans Garfield 2 (2006), voulait une trame scénaristique plus en phase avec la célébrité mondiale de son personnage principal, c’est pourquoi son équipe et lui ont choisi de retirer le matou de son environnement habituel, la maison de son maître, et le placer dans un milieu plus exotique, un brin plus hostile, qui engendrera au cours du récit des situations cocasses et drolatiques. Chargés de cette mission, les scénaristes, David Reynolds, Paul A. Kaplan et Mark Torgove ont ainsi décidé de transposer les aventures du gros chat roux au cœur d’une usine laitière où il se mue en personnage frondeur, téméraire, comique et réactif. Cependant, Garfield demeure complètement décalé dans ce milieu et cette posture qui le rend si drôle. C’est le Californien John Debney qui signe la bande-son qui accompagne judicieusement Garfield dans des montagnes russes de situations rocambolesques. Ces aventures susciteront moult rires auprès du public qui se laissera délicieusement emporter. Les plus âgés de l’audience auront la joie de découvrir un savoureux clin d’œil à Mission Impossible alors qu’un convoi ferroviaire file à vive allure sur un pont tronqué : Garfield, d’une redoutable souplesse et d’une extrême témérité, n’a rien à envier à Tom Cruise qui pourrait même être en être un brin jaloux.
Soulignons le choix, pour les voix de la version anglophone, particulièrement pertinent des comédien.nes qui prêtent leurs cordes vocales aux personnages et que les adultes pourront reconnaître avec plaisir : Nicholas Caradoc Hoult pour Jonathan Q. « Jon » Arbuckle l’heureux propriétaire de Garfield (Chris Pratt) et d’Odie (Javier « Harvey » Guillén), un beagle jaune et le meilleur ami de Garfield. Parmi ces multiples péripéties, dont une séquence truculente dans la chaîne de production des fromages, l’épisode de Mission Impossible s’avère le plus aventureux, dans lequel Ving Rhames prête sa voix à Otto, un taureau Highland violet et l’ancienne mascotte des mascot of Lactose Farms, en quelque sorte nos Laiteries réunies. Otto qui a mandaté Garfield et ses comparses pour sauver sa dulcinée, Ethel (Alicia Grace Turrell), une vache de Lactose Farms. Les sauveteurs devront déjouer les redoutables traquenards tendus par Jinx (Hannah Waddingham), une chatte persane rancunière, car éconduite autrefois par Vic. Secondée par ses « hommes » de main, Roland (Brett Goldstein), un grand Shar Pei, et Nolan (Bowen Yang), un petit whippet, Jinx n’aura de cesse de lancer ses assauts pour assouvir sa soif de vengeance.
Dès le générique d’ouverture, petits et grands sont transportés dans un univers empli d’humour et de rebondissements. Les adultes retomberont en enfance, songeant à leurs dimanches paresseux passés à lire les bandes dessinées du félin amateur de lasagnes et de pizzas.
Si vous êtes amateurs de comédie animée à l’ancienne, vous tomberez rapidement sous le charme de The Garfield Movie qui tient amplement ses promesses. Il s’agit d’un film que les fans de longue date des bandes dessinées apprécieront, mais qui pourrait susciter des réactions mitigées de la part de celles et ceux qui ne sont pas habitués aux pitreries de Garfield. Ce chat à la rousseur flamboyante, considéré comme « l’un des personnages de la culture pop les plus emblématiques et inactifs du monde », est transformé ici en « un héros d’action » selon la presse nord-américaine qui le dézingue. Pourtant, Garfield y aligne des répliques déconcertantes, des blagues drôles et pertinentes dans un récit qui offre une attention particulière à la relation père-fils, profonde et touchante, de Vic et Garfield.
Si vous avez hâte de plonger vos griffes dans cette nouvelle aventure de Garfield, courez-y pour y ronronner de bonheur : ce Garfield cru 2024 dépasse toutes les attentes les plus folles de son fidèle public.
Le film est dédié à Randy Fullmer, le producteur de Dindal, homme d’affaires et dirigeant de The Walt Disney Company décédé le 10 juillet 2023.
Firouz E. Pillet
j:mag Tous droits réservés