Jean-Blaise Djian et Philippe Chanoinat s’associent pour rendre hommage au chef-d’œuvre de Cervantes et à son héros picaresque par excellence, Don Quichotte, dans une en BD passionnante
Passionné de lecture de romans de chevalerie, l’hidalgo Don Quichotte se croit chevalier errant et part chercher Dulcinea du Toboso, son héroïne à laquelle il voue une passion incommensurable et qui a débouché sur un nom commun, Dulcinée. Don Quichotte cavale sur sa monture Rossinante, équipé d’un casque en carton. À force de lire abondamment des livres de chevalerie, Don Quichotte se persuade qu’il est un preux et vaillant chevalier du Moyen Âge. Ses alliés sont Rossinante, son cheval fidèle, fatigué des pérégrinations de son maître, et Sancho Panza, son fidèle compagnon, à la bonhommie gaillarde. Le trio part en quête d’aventures à travers l’Espagne.
Comme le mentionne l’Encyclopédie Universalis, « Dans un village de la Manche, dont je ne saurais me rappeler le nom, vivait naguère un gentilhomme… », c’est ainsi que Cervantes débutait l’histoire d’Alonso Quixada, Quesada ou Quijana, ce personnage à la cervelle dérangée par la lecture de trop de romans de chevalerie. Les auteurs de la bande dessinée qui rendent hommage au chef-d’œuvre de Miguel Cervantes ont conservé tous les ingrédients de ce roman picaresque.
Jean-Blaise Djian, de son vrai nom Jean-Blaise Mitildjian, est un scénariste français de bandes dessinées qui a d’abord travaillé dans la musique comme compositeur et a exercé divers métiers alimentaires avant de rencontrer Régis Loisel en 1987. Ce dernier lui enseigne les rudiments du métier de scénariste de BD. En 1988, tous deux coréalisent un scénario de quatre pages pour l’album collectif Le Retour de la bande à Renaud, publié chez Delcourt.
Quelques années plus tard, son projet avec le jeune dessinateur Adrien Floch est accepté aux Éditions Soleil et donnera naissance à Fatal Jack qui connaîtra un immense succès. Suivront de nombreuses collaborations avec d’autres dessinateurs pour Soleil, Emmanuel Proust ou Vents d’Ouest.
Aussi à l’aise dans l’écriture de récits de l’imaginaire (science-fiction et fantaisie) que dans ceux ancrés dans la réalité (polar, western), Jean-Blaise Djian a écrit quatre séries pour la collection Trilogies (Galathéa, La Tombelle, Adèle et Caïn, Chito Grant) et trois bandes dessinées dans la collection Petits Meurtres (L’Échiquier de Madison, Parabellum et Le Mystérieux Docteur Tourmente).
Pour cet album consacré au plus célèbre héros picaresque d’Espagne, publié par les Éditions Glénat, Jean-Blaise Djian associe son talent avec Philippe Chanoinat, scénariste pour le cinéma, la télévision et la bande dessinée. Il a collaboré à des jeux vidéo. Tous deux ont su judicieusement conserver la fantaisie et le picaresque de Miguel de Cervantes que celles et ceux qui se sont immergés dans la lecture de cette œuvre connaissent et seront heureux d’en retrouver la substantifique moelle dans cette bande dessinée.
Pour les lectrices et les lecteurs qui découvriraient Don Quichotte, Sancho Panza et Rossinante, les pérégrinations du fantasque Don Quichotte sont restituées avec l’enchaînement de situations comiques et rocambolesques de manière savoureuse. Ainsi, ce héros farfelu, voire écervelé, commence ses aventures après qu’une aile d’un des moulins brisa la lance et fît chuter au loin le cavalier et sa monture. Don Quichotte finit par comprendre alors son erreur, mais prétexta que c’était son ennemi l’enchanteur Frestón qui avait transformé les géants en moulins au moment de l’attaque pour l’empêcher de les vaincre et de le ridiculiser.
Don Quichotte ne vit que pour trois raisons : la fuite de l’oisiveté, la curiosité et l’étude. Mais au-delà de tout, il y a la question de l’amour. On vient au livre et on y reste par amour. L’oisiveté amène Don Quichotte à éprouver un besoin d’évasion. Si vous n’avez pas lu le chef d’oeuvre de Cervantes et que vous hésitez à vous plonger dans la lecture de cette bande dessinée, sachez que José Saramago, Prix Nobel de littérature, dira de la morale du Quichotte :
« Je crois qu’au fond ce qui est tragique, c’est l’impossibilité d’être quelqu’un d’autre. »
La folie quichottesque pourrait donc refléter cet effort vain et perpétuel auquel s’évertue l’humanité, être ce qu’elle n’est pas, et surtout ce qu’elle est. » Une certitude : la bande dessinée signée Jean-Blaise Djian et Philippe Chanoinat permettra à tout un chacun.e d’accéder à un classique de la littérature mondiale de manière légère et divertissante.
Firouz-E. Pillet
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