Lausanne : L’exposition The Mystery of Banksy – A Genius Mind est à voir au Palais de Beaulieu jusqu’au 29 juin 2025
En tournée internationale, l’exposition consacrée à Banksy met en lumière la carrière et l’aura du Britannique avec quelque deux-cents pièces, à découvrir jusqu’au 29 juin 2025 avec des graffitis, pochoirs, sculptures témoignant de l’œuvre du mystérieux artiste urbain.
Image courtoisie COFO Exhibitions GmbH & Co. KG
À Lausanne, l’exposition se révèle très exhaustive, alliant grands panneaux informatifs et explicatifs à des graffitis, des photographies, des sculptures, des installations vidéo et des impressions sur divers supports comme la toile, le tissu, l’aluminium, le Forex et le Plexiglas, reproductions qui ont été faites et assemblées spécialement pour l’exposition. La déambulation dans le parcours que propose l’exposition offre aux visiteurs une vue d’ensemble et un aperçu approfondi de l’ensemble des œuvres de cet artiste de génie, dans un cadre unique et élaboré. Fidèle à la devise de Banksy « Copyright is for losers ©TM », cet hommage et les œuvres exposées ne sont pas autorisés par l’artiste en raison de son statut d’anonyme.
Comme l’entrée en matière de l’exposition le rappelle, l’artiste est mondialement connu, et reste pourtant un mystère : Banksy, l’artiste peintre et graffeur né à Bristol, célèbre pour défier les frontières du marché de l’art, et dont les œuvres suscitent l’engouement depuis des années, suscite émoi et réactions à chaque nouvelle création. L’exposition The Mystery of Banksy – A Genius Mind met en lumière cette icône artistique avec présentation inédite de plus de deux-cents œuvres de cette superstar du street art.
L’affiche de l’exposition présente l’image la plus iconique de l’artiste masqué de Bristol : la désormais célèbre petite fille au pochoir qui lâche un ballon rouge en forme de cœur, comme un symbole d’espoir. Une œuvre qui a été déposée la première fois par Banksy sur un mur de la South Bank à Londres en 2002 et qui a fait le tour du monde depuis sa création.
En matière de street art, c’est indéniable : Banksy est probablement le graffeur le plus célèbre et le plus mystérieux au monde et nombre de ses créations sont entrées dans le patrimoine artistique mondial. Cet artiste britannique, dont l’âge est estimé entre quarante-cinq et cinquante ans, a su garder son identité secrète. Pourtant, ses œuvres envahissent non seulement les rues du monde entier, mais aussi les salles de ventes, où elles rencontrent un franc succès : il est actuellement considéré comme l’un des artistes les plus chers de notre époque ! En effet, au fil des ans, Banksy s’est imposé comme le roi incontesté du street art, un esprit brillant et un artiste star qui touche les gens avec des œuvres parfois ironiques, parfois politiques, mais toujours poétiques, qui parlent au plus profond de leur être. Dès 2010, le magazine Time l’a inclus pour la première fois dans sa liste des 100 personnalités les plus influentes au monde, aux côtés de personnalités telles que Barack Obama, Steve Jobs et Lady Gaga.
L’exposition développe l’évolution des techniques de Bansky qui commence à utiliser les pochoirs après s’être tenu à l’écart de la police, pour être plus efficace. Le message transmis à travers ses œuvres est toujours pacifiste, anticapitaliste, militant et contestataire.
L’énigme Bansky, savamment entretenue
Banksy a longtemps symbolisé l’énigme derrière l’art urbain. Originaire de Bristol, en Angleterre, l’artiste de rue a probablement commencé à utiliser le pseudonyme Banksy dans les années nonante. À l’âge de quatorze ans, il commence à faire du graffiti en « taguant » simplement son nom avec un marqueur ou une bombe de peinture. Réalisée dans le quartier de la South Bank, la première représentation de La petite fille au ballon apparaît en 2002 à Londres sur le pont de Waterloo. À côté, un message est inscrit : « There is always hope » (Il y a toujours de l’espoir).
L’artiste a choisi de travailler sous pseudonyme. Son véritable nom et son identité exacte sont restés longtemps inconnus et ont toujours fait l’objet de spéculations. Apparemment britannique et actif depuis les années nonante, il utilise la peinture au pochoir pour faire passer ses messages, qui mêlent souvent politique, humour et poésie. Ses œuvres sont des images humoristiques, parfois combinées à des slogans. Le message est généralement anarchiste, antimilitariste, anticapitaliste ou antisystème et ses personnages sont souvent des rats, des singes, des policiers, des soldats, des enfants, des personnes célèbres ou des personnes âgées. Dans une interview publiée dans L’Œil en 2015 par Stéphanie Lemoine, Steve Lazarides reconnaissait à ce sujet que « les gens seraient très déçus s’ils découvraient qui il est ». Banksy a donc insisté sur le fait qu’il a besoin de son anonymat pour continuer d’exister. En restant anonyme, il se positionne comme un insurgé, un guérillero de l’art qui ne peut être facilement appréhendé ni réduit à une simple figure publique. Cela lui permet de conserver une liberté totale d’expression, sans craindre les représailles directes.
L’exposition propose de nombreux extraits d’interviews de spécialistes qui commentent et expliquent l’œuvre de Bansky. Une vieille interview datant de 2003 avec Banksy semble confirmer son identité : le célèbre graffiteur anonyme serait un homme dénommé Robert «Robbie» Banks, originaire de Bristol … Mais l’essentiel est son art, son message placé sous le signe de la contestation et du non-conformisme. Banksy réagit à tout ce qui le touche dans ce monde et utilise l’art pour exprimer sa colère. Ainsi, il dénonce l’horreur de la guerre, les injustices, la famine, la société de consommation et défend la liberté, la justice. Une sérigraphie célèbre montre que même les individus qui sont des véhicules et des pions de la guerre et qui, comme les soldats, se sont lassés de leur engagement. L’œuvre est une plainte adressée au Parlement anglais, qui a participé à la guerre en Irak.
Situé en Palestine, le Walled Off Hotel est installé à côté de la barrière de séparation de Bethléem et provoque une impression puissante d’histoire vécue en direct, aux premières loges, mais sans aucun voyeurisme. Fermé depuis quelque temps, cet hôtel sert de porte d’entrée à l’exposition The Mystery of Banksy – A Genius Mind. Depuis ses premières créations, l’artiste de rue britannique demeure très engagé et a annoncé récemment, par le biais de ses collaborateurs, qu’il a décidé de reverser l’argent récolté de la vente aux enchères d’une œuvre, évaluée à plus d’un million de dollars, à un hôpital de Bethléem en Cisjordanie occupée.
En coulisses …
Basée en Allemagne, la société de production présente un catalogue bien fourni qui compte aussi les expositions consacrées au Titanic, à Toutankhamon, et celle, plus controversée, Körper, qui avaient toutes fait sensation dans des registres bien différents. The Mystery of Banksy – A Genius Mind est en tournée depuis 2021 en trois versions et a attiré 2,5 millions de visiteurs jusqu’à présent.
Si les reproductions présentées à Lausanne ont été exécutées sur la base d’originaux authentifiés par l’administration de Banksy, Pest Control, l’artiste refuse toute commercialisation de son œuvre. Comme la majeure partie des œuvres reproduites ont disparu, été volées, effacées, détruites ou recouvertes par une autre, il a donc fallu recourir aux reproductions. Des équipes ont donc été constituées, incluant de jeunes artistes qui ont réalisé les copies des pochoirs muraux de Banksy, mus par leur fascination de l’artiste britannique. La directrice créative de l’exposition, Virginia Jean insiste sur le fait que l’intention de cette proposition artistique est de « rendre ces œuvres au public ».
À Lausanne, le public est au rendez-vous, toutes générations confondues. L’occasion pour les parents d’expliquer aux enfants la guerre, la paix, l’injustice, l’espoir …
La librairie propose de nombreux produits dérivés, allant des aimants a briquet Zippo en passant par divers livres sur le street art et l’urban art. Mais rappelons encore que Banksy ne soutient pas la commercialisation de son œuvre, l’exposition le rappelle et porte en sous-titre la mention «non autorisée».
Firouz E. Pillet
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