The Grand Budapest Hotel fait l’ouverture de la 64e Berlinale
[update: le film a reçu le Grand Prix du Jury, Ours d’argent]
C’est dans un feu d’artifice cinématographique que débute cette 64e édition du Festival international du film de Berlin.
The Grand Budapest Hotel
On ne sait par où commencer. Le casting aussi impressionnant qu’une liste d’invités aux Oscars ? Les références permanentes à l’histoire du cinéma ? L’effervescence esthétique ? Le reader digest de l’esprit des écrivains de la Mitteleuropa du début du siècle dernier ?
On ne sait plus où donner de la tête… et d’ailleurs la tête nous tourne à la sortie de la séance, presque fatigués d’avoir tant couru avec les protagonistes de Wes Anderson, de plan en plan dans une histoire qui apparaît somme toute secondaire dans ce long-métrage maîtrisé de bout en bout tant par les acteurs que le réalisateur, qui en est également le scénariste et co-producteur.
Mais qui est Stefan Zweig ?
C’est la question posée à la conférence de presse par un journaliste étasunien à Wes Anderson qui a indiqué dans la première page du générique de fin que le film était basé sur l’œuvre de l’écrivain autrichien. Wes Anderson un peu gêné a dû explique que « ce grand écrivain était très peu connu dans le monde anglo-saxon », (c’est tout de même l’un des auteurs de langue allemande le plus traduit… , N.D.A), et qu’il l’avait lui-même découvert ces dernières années. Très inspiré par son œuvre, le réalisateur a voulu, non pas mettre en scène un de ses livres, mais plutôt « donner [s]a propre version de Zweig. » On pourrait ajouter qu’il y a aussi (inconsciemment ?) un peu de Thomas Mann dans cette narration.
Le cinéma, un art sans aucun doute
Le parti pris résolument esthétique et cinématographique du film empiète sur l’histoire qui relate les aventures de Gustave H, un concierge légendaire d’un grand hôtel européen entre les deux guerres, et de Zero Moustafa, le lobby boy qui devient son comparse et meilleur ami. Vol, meurtres, argent, amour côtoient joyeusement la catastrophe mondiale qui s’annonce et va mettre le continent à feu et à sang.
En revanche, il y a un réel plaisir a se laisser aller au fil des références, de Buster Keaton aux Frères Coen, de Lubitsch a Kubrick, en passant par l’art des ombres chinoises ou James Bond, ce qui devrait plaire à Barbara Broccoli, membre du jury de cette Berlinale et co-productrice de la série des James Bond. Pour les Suisses et/ou cinéphiles, l’ambiance du début du film fait également penser au magnifique Hors Saison de Daniel Schmidt (1992).
Mais la réjouissance cinématographique vient du format utilisé par Anderson pour fixer le temps de sa pellicule : la traduction classique d’une narration au passé s’effectue par un changement de couleurs, virant sur des tons plus chauds dans le passé composé. Ici, il y a mise en abîme de passé. L’on bascule donc d’un présent (déjà un peu âgé puisque dans le 20e siècle) à un passé composé aux tons plus chauds à un plus-que-parfait au format carré (en réalité 4/3). Ceux qui voudront regarder ce film sur leurs petits écrans 16/9 auront de la peine à en tirer une expérience satisfaisante… peut-être l’occasion de redécouvrir le plaisir des salles obscures ?
Malik Berkati, Berlin
The Grand Budapest Hotel; de Wes Anderson; avec Ralph Fiennes, Tony Revolori, F. Murray Abraham, Mathieu Almaric, Adrien Brody, Willem Dafoe, Jeff Goldblum, Harvey Keitel, Jude Law, Bill Murray, Edward Norton, Saoirse Ronan, Tilda Swinton, Owen Wilson, Tom Wilkinson, Jason Schwartzman, Léa Seydoux ; États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne ; 2014 ; 100 min.
PS. La seule question sans réponse du film : mais que fait Léa Seydoux dans cette distribution internationale… ?
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