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Benjamin Jendly : De la scène musicale aux champs de bataille picturaux. Rencontre

À l’occasion de son exposition Civil War à La Chambre Noire de Lausanne (31 mai – 28 juin 2025), Benjamin Jendly dévoile une série percutante qui interroge les violences de notre époque. Cet artiste neuchâtelois, né en 1977 et établi à Cernier, y présente deux ensembles de travaux : les Heads – cinq acryliques sur toile réalisées au pochoir – et les Paysages – neuf dessins en techniques mixtes. À travers ces visions de visages meurtris et de territoires dévastés, il dénonce l’assassinat de civils, l’anéantissement des villes et l’emprise des armes sur les plus vulnérables.

— Benjamin Jendly
Image courtoisie Benjamin Jendly

Polyvalent et autodidacte, Jendly a d’abord marqué la scène culturelle suisse comme musicien. Depuis 2001, il a arpenté les théâtres et festivals du pays, sélectionné en 2006 aux Rencontres d’Astaffort pour son écriture musicale. Son basculement vers les arts visuels en 2011 a ouvert un nouveau chapitre créatif : expérimentations techniques, sélection à la 72e Biennale d’art contemporain de La Chaux-de-Fonds (2016), et adhésion à Visarte, l’association professionnelle des artistes visuels suisses.

Aujourd’hui, Civil War cristallise son parcours transdisciplinaire. Le vernissage du 31 mai s’annonce comme le point d’orgue d’une démarche où l’engagement humanitaire rejoint la création plastique. Rencontre avec un artiste pour qui l’urgence du monde se traduit en coups de pinceau et en silences éloquents.

Vous dites que votre art est et restera sans concession: c’est une question qui se rapporte aux tensions entre idéal créatif et réalité pratique. Qu’entendez-vous par concession dans votre cas: vis-à-vis du public ? De votre vision artistique?

Étant autodidacte, je dis par-là que je ne souhaite aucunement suivre une tendance « en vogue » pour plaire. Je ne suis pas dans une démarche académique. Je souhaite être le plus libre, sincère et spontané possible dans mon travail artistique.

Définiriez-vous votre art comme engagé?

Quelques fois peut-être, sur certains sujets abordés. Je travaille principalement sur des thèmes qui me touchent profondément et qui touchent la société de manière plus générale. Je m’engage donc très personnellement dans mes créations mais je ne suis pas engagé politiquement. Mes œuvres sont plutôt des invitations à la réflexion et à l’introspection.

Votre art est multidisciplinaire: que vous apporte cette approche artistique ?

Cela m’apporte beaucoup de projets différents, de découvertes, de rencontres et de collaborations variées. J’aime travailler avec différents médias. Même si ces dernières années j’ai axé principalement mon travail sur les arts visuels, la musique fait partie intégrante de mon parcours.

Y a-t-il des périodes où vous privilégiez une discipline plutôt qu’une autre?

Non, c’est vraiment selon mes envies et ma créativité.

Outre vos activités purement artistiques, vous proposez des ateliers découvertes, mais aussi des réalisations de graffitis et d’art urbain en intérieur ou en extérieur, des impressions de streetwear, des concerts privés… est-ce un choix ou est-ce à dire que vivre de son art en Suisse romande demande beaucoup de créativité entrepreneuriale ?

Un travail artistique est un tout. Il n’y a pour moi aucune raison de se limiter à un seul média. Je pense qu’un travail artistique est le travail d’une vie. C’est un vrai travail, je le perçois comme tel et le fais avec implication.

Pouvez-vous parler de cette série Civil War: quelle en a été l’inspiration ?

Avec cette série, je souhaite rendre hommage aux victimes de conflits et mettre en lumière les réalités les plus sombres et dérangeantes de notre monde actuel.

Il y a Heads et Paysages avec des techniques différentes, pourquoi ces choix de techniques ?

Le dessin est toujours à la base de mon travail visuel, c’est mon travail de recherche. Je commence toujours par dessiner sur papier avant de réaliser une œuvre sur toile ou sur d’autres supports. Certains dessins deviennent par la suite des pochoirs que je réalise et découpe à la main avant de les produire sur la toile. Il y a donc plusieurs techniques que j’utilise dans mon travail et que je présente lors de mes expositions. Les dessins ont un côté plus brut et spontané. Les pochoirs ont un côté plus technique et travaillé.

De manière générale, vous travaillez différents matériaux et déclinez ainsi vos œuvres sur différents supports. Qu’est-ce qu’il change d’un matériel à l’autre ?

L’impact, le rendu, le grain, l’esthétisme, la mise en scène, le message,…

Qu’est-ce que ce lieu, La Chambre Noire ?

La Chambre Noire est une librairie indépendante située à Lausanne, spécialisée dans les livres photographiques et les livres d’artistes. La librairie propose régulièrement des expositions d’artistes et de photographes entre ses murs.

Civil War : Heads & Paysages à La Chambre Noire du 31 mai au 28 juin 2025
Av. William-Fraisse 4, 1006 Lausanne

Vernissage : samedi 31 mai (13h-18h)
Horaires : mardi-vendredi 13h-18h30 / samedi 11h-17h / Sur rendez-vous

https://la-chambre-noire.ch

https://benjaminjendly.com

Malik Berkati

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