Downton Abbey III : Le Grand Final tant attendu !
La série télévisée Downton Abbey a connu un succès mondial retentissant, puis ont suivi deux films – Downton Abbey (2019) et Downton Abbey: une nouvelle ère (2022) – et un documentaire. Un troisième long métrage, réalisé par Simon Curtis, qui a déjà signé le second volet, sort sur les grands écrans, synonymes de la fin de la saga de la famille Crawley et de leurs domestiques.
© 2025 Focus Features. A Comcast Company
Le créateur de la saga familiale, Julian Fellowes, a eu un sacré flair en plantant le décor de cette fresque familiale d’aristocrates britanniques dans un manoir anglais avec sa galerie truculente de personnages hauts en couleurs. Dans Downton Abbey III : Le Grand Final, le jeu des acteur·trices est merveilleux et l’intrigue tourne autour de la fille de Lady Grantham, Mary, qui est au centre d’un scandale public – bien que le macabre château de Highclere dans le Hampshire, en Angleterre, où le film a été tourné, lui vole quelque peu la vedette !
Sur un scénario de Julian Fellowes, le retour tant attendu au cinéma du phénomène mondial replonge en effet le public au cœur du manoir dans le nord du Yorkshire, dans l’univers de la famille Crawley et de son personnel à l’aube des années 1930. Alors que chacun tente de faire évoluer Downton Abbey avec son temps, une nouvelle ère s’annonce, pleine de défis, de remises en question et d’espoirs. La mise en scène, les thématiques abordées, le contexte historico-politique, servis par l’excellence des comédien·nes n’est pas sans rappeler certaines productions de la BBC comme celles consacrées aux œuvres d’Agatha Christie à travers les enquêtes de Miss Marple et d’Hercule Poirot.
Nous sommes donc en 1930 alors que le divorce de Lady Mary (Michelle Dockery) a fait d’elle une paria sociale tandis qu’elle est destinée à reprendre la gestion du domaine des mains de son père, Robert (Hugh Bonneville). Pendant que Harold (Paul Giamatti) vient voir sa sœur, Dora (Elizabeth McGovern), il lui apprend que la famille a des ennuis financiers…
Les fans connaissent par cœur toute la saga. Pour les autres, rappelons que la série télévisée, diffusée pour la première fois en 2010 au Royaume-Uni avant de conquérir le monde, a relaté, durant six saisons et 52 épisodes, la vie d’une riche famille aristocratique et de ses employé·es de maison. Le premier épisode faisait référence au naufrage du Titanic, en 1912. Les héritiers de Downton Abbey ayant péri dans la catastrophe, la famille Crawley se retrouvait dans une position difficile, les trois descendantes étant des femmes et ne pouvant prétendre au titre de Lord Grantham. Or, le titre, le domaine et la fortune de la famille sont indissociables. Sur ce point de l’intrigue, ce Grand Final est particulièrement intéressant du point de vue sociologique, mettant en exergue le statut des femmes et ce que cela implique socialement et juridiquement à l’époque.
Quand Matthew Crawley, un lointain cousin devenu le successeur de droit, arrive à Downton Abbey, il découvre un style de vie nouveau, avec des règles très strictes et surannées qui régissent la vie entre aristocrates et serviteurs dans un microcosme étriqué qui semble être resté hors du temps pour un œil extérieur.
Bien que le réalisateur et le scénariste ciblaient initialement un public plutôt britannique, dans la veine des productions peaufinées de la BBC, la série a connu un succès inespéré à l’international. Selon les chiffres obtenus, elle aurait été suivie dans le monde entier. Dans ce dernier volet, le créateur et scénariste de la franchise tisse magistralement les différentes histoires personnelles, en s’assurant que tous les favoris des fans obtiennent leurs moments spéciaux. Mais, en abordant des problèmes importants et en faisant évoluer les personnages, l’univers doré s’étend au lieu de s’éteindre.
Dotée d’une musique originale, cet ultime chapitre représentait un défi de taille, et la direction élégante et assurée de Curtis, ainsi que le scénario toujours aussi spirituel et captivant crée un drame léger, savoureux et pétillant, avec une distribution exceptionnelle. Michelle Dockery livre ici une performance touchante, toute en retenue et nuancée qui pourrait bien lui valoir un Oscar.
Un soupçon désuet mais juste ce qu’il faut pour être jubilatoire, parfois convenu mais si bien restitué par le jeu d’une distribution d’exception, par moments même absurde,Downton Abbey III : Le Grand Finale emporte et captive le public qui ne voit pas passer les quelque deux heures passées dans le manoir. On a l’impression de s’y prélasser entre le tea time dans la bibliothèque, les danses de salon avec les invité·es et les commérages des domestiques à la cuisine.
L’équipe artistique du film se devait de rendre hommage à Maggie Smith qui nous a quittés en septembre 2024. Pendant six saisons et deux films, Violet Crawley, comtesse douairière de Grantham (Maggie Smith), incarnait le cœur émotionnel et comique de Downton Abbey. Cette matriarche pince-sans-rire était toujours prête à répliquer ou à prodiguer des conseils judicieux, et elle était la favorite des fans au sein de cette distribution adorée par beaucoup.
Dans Downton Abbey II: Une nouvelle ère, la brillante comédienne de théâtre, devenue célèbre au cinéma grâce à la sage Harry Potter dans laquelle elle interprétait la professeure de « métamorphose », incarne Violet qui se retrouve sur son lit de mort et fait ses adieux, suscitant l’immense tristesse et les larmes du public. Pour rappel, Maggie Smith a accumulé un impressionnant palmarès de distinctions, comprenant un Tony Award, deux Oscars, quatre Emmy Awards, trois Golden Globes et six Baftas, dont un d’honneur. Elle a aussi brillé dans des rôles très variés comme en mère supérieure dans Sister Act (1992).
Venue du théâtre et des tragédies shakespeariennes, cette comédienne a marqué la série d’une empreinte indélébile grâce à son rôle de Violet Crawley, comtesse douairière et mère de Lord Grantham. L’actrice incarnait à la perfection cette vieille dame à la langue bien pendue, aussi vacharde qu’attachante. À la fin du deuxième film, les habitants de l’abbaye de Downton pleuraient sa mort mais les producteurs n’ont pas souhaité que cela soit un adieu au clan familial. L’ombre de la grande Maggie Smith, à qui la saga doit beaucoup, plane sur le troisième volet et le générique de fin lui rend hommage en restituant quelques scènes où elle apparaissait.
Cependant, la décision de dire adieu au personnage était en préparation depuis un certain temps et l’actrice, alors âgée de 87 ans, n’avait signé pour chaque saison de la série originale qu’une fois par an, ce qu’elle estimait plus raisonnable.
Le film, empreint d’une délicate nostalgie, sort ce mercredi 10 septembre dans les cinémas romands, offrant du grand spectacle, servi par une distribution remarquable, qui mérite d’être vu sur grand écran !
Firouz E. Pillet
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