La Bonne Étoile, de Pascal Elbé, offre une nouvelle lecture de la période trouble de l’occupation en tordant le cou aux préjugés. Rencontre
Le cinéaste alsacien entraîne le public dans la France occupée en 1940. Jean Chevalin (Benoît Poelvoorde), sa femme Paulette (Audrey Lamy) et leurs enfants vivent dans la misère depuis que le père de famille a décidé de… déserter ! Pour échapper à leur situation, et après avoir vu plusieurs passeurs opérer en gagnant beaucoup d’argent extirpé aux familles juives qu’ils « aident » à fuir, il imagine un plan aussi absurde que risqué : se faire passer pour juifs afin de profiter de l’aide des passeurs vers la zone libre. De quiproquos en révélations, cette aventure va peu à peu bousculer tous ses préjugés…

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Mis à part le duo de comédiens principaux, Pascal Elbé retrouve Zabou Breitman pour incarner le personnage de Madeleine, la Baronne qu’il avait déjà dirigée dans son second long-métrage, Je compte sur vous (2015). En outre, les deux comédien·nes se connaissent bien pour s’être également donné la réplique dans 24 jours, la vérité sur l’affaire Ilan Halimi (2014) d’Alexandre Arcady.
Pour ce film, le cinéaste s’est bien inspiré de la comédie à l’Italienne, à l’instar de La vie est belle (1997) de Roberto Begnini afin d’obtenir un juste équilibre entre comédie et drame, entre humour et émotion. En optant pour une mise en scène épurée, le réalisateur souhaitait mettre en avant les personnages et rendre un hommage à toutes les femmes résistantes ainsi qu’aux personnes issues de l’aristocratie ayant participé à l’effort de guerre, des héroïnes et des héros qui ont peu à peu été effacé·es de l’Histoire malgré leur engagement.
Le cinéaste a situé son film dans la région du Grand Est, une région de France que Pascal Elbé connaît bien pour être né à Colmar. Il fait du Grand Est un protagoniste majeur de son film, mis en valeur par la photographie picturale et lumineuse signée Gilles Henry. Avec La Bonne Étoile, le réalisateur aborde un sujet délicat et fort en offrant une nouvelle lunette de lecture originale, voire audacieuse.
Lors du Festival du Film Francophone d’Helvétie (FFFH) 2025, Pascal Elbé nous a parlé de ses sources d’inspiration, de l’exception qu’il avait faite pour ce film d’écrire pour Benoît Poelvoorde et Audrey Lamy en soulignant qu’il n’écrit jamais habituellement en pensant à des acteur·ices. Pascal Elbé souhaite que son film puisse mettre un frein à certains stéréotypes qui sont d’autant plus vivaces à l’heure actuelle avec la montée des populismes et de l’antisémitisme.
Rencontre:
Firouz E. Pillet
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