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They Shall Not Grow Old (Pour les soldats tombés) : Peter Jackson offre une relecture intéressante de la Grande Guerre

Après avoir tourné des films de vampires au cours de son enfance, Peter Jackson travaille en tant que photograveur dans un journal puis décide de se lancer dans le cinéma. En 1988, il sort Bad Taste, un premier film très gore tourné pendant ses fins de semaine, et qui se fait remarquer au marché du film du Festival de Cannes. Un an plus tard, il livre une version érotique et trash du Muppet Show avec Les Feebles. Mais c’est en 1992 que Peter Jackson se révèle aux yeux de tous avec le film d’horreur Braindead, considéré par beaucoup comme un sommet du genre. Récompensé par le Grand Prix du Festival d’Avoriaz en 1993, le film impose le réalisateur comme un spécialiste du cinéma gore. Le Néo-zélandais prend cependant tout le monde à contre-pied en 1994 en réalisant Créatures, une nouvelle version de King Kong. Quelques mois après le début de la pré-production, le projet est finalement annulé par crainte de la concurrence de Godzilla, privant le réalisateur de son rêve d’enfant. Peter Jackson s’embarque alors pour une autre aventure épique : l’adaptation sur grand écran de la trilogie du Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien. Développé durant sept longues années dans sa Nouvelle-Zélande natale, qui est devenue désormais un lieu de pôlerinnage pour les fans du Hobbit.

Il semblait donc fort surprenant que Peter Jackson se lance dans un documentaire, fait d’images d’archives certes, consacré à la Grande Guerre.

Dans They Shall Not Grow Old, Peter Jackson rend hommage aux troupes britanniques de la Première Guerre mondiale en présentant des images inédites de soldats qui ont fait face à la peur et à l’incertitude de la bataille de première ligne en Belgique, plongeant les spectateurs dans les affres des tranchées boueues et pestilentielles.

Remasterisé numériquement et maintenant en couleur, le film a été étudié par des experts en lecture labiale dont les transcriptions ont été enregistrées et utilisées comme audio pour le film. Couverte d’un récit de ceux qui ont participé à la guerre avec des interviews réalisées dans les années soixante et septante, cette relecture historique marque le centenaire de la fin de la Grande Guerre.

Bien que le film se termine par des images en noir et blanc d’hommes qui partent à la guerre puis rentrent chez eux, les séquences du champ de bataille ont été considérablement retouchées, dans le but apparent de les rendre plus attrayantes pour le public moderne.

— They Shall Not Grow Old (Pour les soldats tombés) de Peter Jackson
© 2018 Imperial War Museum/Courtesy of Warner Bros. Pictures

La sous-signée, habituée aux rétrospectives en noir et blanc, y a trouvé, plus qu’un attrait, une authenticité et une véracité qui permet aux spectateurs de mesurer les terribles conditions de survie de ces jeunes soldats, pour la plupart mineurs, de quinze ou seize ans, enrôlés par nécessité d’envoyer de la chair à cannons sur le front.

Étant donné le petit nombre de films de 1910 projetés en multiplexes, l’intention est au moins noble, même si l’on peut se demander comment se sentirait Jackson si son Seigneur des Anneaux était bricolé cent ans après sa réalisation.

Jackson a ajusté les cadences d’images (la vitesse de projection d’un film, qui n’a été normalisée qu’à l’ère du son); il a ajouté de la couleur d’une façon qui, dit-on, se comporte avec les teintes réelles des uniformes et des paysages, étant donné la conversion 3D du film qui peut être vue dans certains cinémas sélectionnés ; et doublé en voix pour les soldats, avec l’aide des lecteurs à lèvres judiciaires employés pour comprendre ce que ces films disent.

Si, à l’issue de la projection, on peut reprocher au déroulement du film quelques répétitions, le résultat reste probant et permet une immersion aux côtés de ces jeunes vies brisées, partis la fleur au fusil, persuadés qu’ils rentreraient aussitôt au pays.

Le film de Jackson montre la crue réalité des tranchées, les latrines improvisées en rang d’oignons, les blessés, les nécroses et les amputations, les dépouilles enterrées là même où les hommes sont tombés mais aussi la solidarité tant entre soldats que de la part de la population civile, et les fraternisations avec les soldats allemands.

 

Le générique de fin rend hommage au grand-père de Peter Jackson, parti combattre dans la Somme au nom du Commonwealth et rend hommage à deux officiers néo-zélandais …. Cet hommage interroge car on imagine aisément qu’il y avait plus de trois soldats néo-zélandais pris dans la tourmente des tranchées.

Firouz E. Pillet

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Firouz Pillet

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