Les Athénéennes 2025 : Thomas Enhco, pianiste virtuose, caméléon et improvisateur chevronné. Rencontre
Musicien classique et jazz, improvisateur, compositeur, le pianiste français convie le public du festival Les Athénéennes à découvrir les compositions de son album Mozart Paradoxes, lors d’un concert au Temple de la Madeleine le 11 juin.
© Maria Jarzyna
Fluidité des lieux – la salle de l’Alhambra, mais aussi le temple de la Madeleine et, pour les afters avec DJ, le bar Chez Jean-Luc – comme fluidité des genres musicaux, entre classique, électro, jazz, world, mais encore fluidité des formats et des ambiances, le festival Les Athénéennes propose, pour la quatorzième année consécutive, une programmation bigarrée, éclectique, dotée d’invité·es de renom et de talent. Une manifestation qui a pour devise de briser les frontières et qui le fait avec brio à une époque où l’ouverture aux autre s’avère de plus en plus nécessaire et urgente.
Parmi les invité·es de renom de cette édition, Thomas Encho s’inscrit pleinement dans cette démarche artistique. Né en septembre 1988 à Paris, Thomas Enhco grandit au sein d’une famille d’artistes et de musiciens : son arrière-grand-mère était la sociétaire de la comédie française Gisèle Casadesus, son grand-père, Jean-Claude Casadesus, était chef d’orchestre, sa mère est la soprano Caroline Casadesus, son beau-père, Didier Lockwood, est violoniste jazz et son frère, David Encho est musicien, trompettiste jazz et compositeur. Héritier d’une lignée si talentueuse, Thomas Enhco est immergé dans l’univers musical dès le plus jeune âge et magnifie rapidement un talent qui semble chez lui inné.
Il fait ses premiers pas en musique dès l’âge de trois ans par l’apprentissage du violon avec la méthode Suzuki puis par celui du piano, à six ans. Il suit une double formation, classique et jazz, qu’il poursuivra durant toutes ses études, affichant la précocité déconcertante d’un Mozart, à l’âge de six ans, il donne quelques concerts au sein d’un groupe d’enfants qu’il a créé, le Little Jazz Band.
Après des études de violon et de piano classique, Thomas Encho étudie le jazz au Centre des Musiques Didier Lockwood et au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. En 2012, il s’installe à New York où il écume les clubs de jazz et multiplie les collaborations, et il sort cette année-là chez Label Bleu son album auto-produit Fireflies (Victoire du Jazz 2013).
Depuis, sa carrière a pris une envergure internationale, il enregistre pour les labels Verve, Deutsche Grammophon et Sony Music, et donne cent concerts par an dans le monde entier, aussi bien sur les scènes de jazz que classique.
Thomas Encho interprète régulièrement les concertos de Mozart (K.491 et K.467), de Ravel (Concerto en Sol), de Gershwin (Concerto en Fa et Rhapsody in Blue), ainsi que ses propres concertos (Concerto pour Piano et Orchestre, Double Concerto pour Marimba, Piano et Orchestre, et Le Murmure des Oiseaux : Rhapsodie pour Violon, Piano et Orchestre de Chambre). Il a joué comme soliste avec les orchestres symphoniques de Kyoto, de Sapporo, Kanazawa Orchestra Ensemble, de la Tonhalle de Zürich, de Tenerife, Orchestre National de Bordeaux, Orchestre National de France, d’Avignon, de Cannes, de Picardie, OPPB, Ensemble Appassionato, Insula Orchestra ; sous la direction des chefs Junichi Hirokami, Jean-Claude Casadesus, Fayçal Karoui, Alondra de la Parra, Julien Masmondet, James Gaffigan, Pierre Dumoussaud, Laurence Equilbey, Mathieu Herzog, Samuel Jean, Benjamin Lévy, Johanna Malangré.
Parmi les scènes de jazz qui l’invitent figurent les festivals de Tokyo, Montréal, Vienne, Montreux, Istanbul, Gand, Middelheim, Mer du Nord, La Villette et Olympia.
Le musicien se produit principalement en solo, en trio (avec contrebasse et batterie) et dans divers duos ainsi qu’avec des formations plus importantes mais il avoue préférer les petites formations qui permettent plus de liberté, donc plus d’improvisation. Dans ses concerts en solo, son mélange unique d’improvisations sur des standards de jazz, des chansons de pop et des thèmes du grand répertoire classique, ainsi que ses propres compositions, sont saluées par les publics et les critiques du monde entier.
Son album A Modern Songbook (2023) réunit cent-vingt-cinq ans de chansons, de Carole King à Sting, de Gabriel Fauré à James Blake, de Gilberto Gil à Jean-Sébastien Bach, de Serge Gainsbourg à London Grammar, de Nick Drake à Silvio Rodríguez. En 2023, les quatre concerts donnés à guichet fermé à la Philharmonie de Paris, où il ré-interprétait le légendaire Köln Concert de Keith Jarrett, sont restés gravés dans la mémoire des 4000 spectateurs qui y ont assisté.
Compositeur, Thomas Encho reçoit régulièrement des commandes d’orchestres, ensembles de musique chambre, chœurs et solistes. Il a notamment composé trois œuvres symphoniques et des pièces diverses pour piano, chœur, quatuor à cordes, quintette à vent et de cuivres.
Ses deux dernières musiques de film sont pour les longs-métrages Elle & Lui et le reste du monde (2024) de la réalisatrice française Emmanuelle Belohradsky (2024) et Un Mondo in Piú du réalisateur italien Luigi Pane (2021).
En sus de sa curiosité musicale et de son talent impressionnant, Thomas Encho semble avoir le don d’ubiquité. Il mène de front avec autant de fougue et de passion de nombreux projets.
Parmi ceux-ci, le pianiste donnera la réplique à un autre pianiste, Tanguy de Williencourt, avec la Compagnie Circa dans Le Sacre du printemps d’Igor Stravinsky les 14 et 15 juin à Paris, puis Gershwin, La vida en azul, une célébration musicale qui transporte le public à New York et à Paris dans les vibrantes années 1920 et 1930, dès le 23 juin à Playa del Carmen, au Mexique, pour plusieurs représentations en juin et juillet 2025.
Autant à l’aise dans le classique que dans le jazz, il convie le public au Temple de la Madeleine, à Genève, pour un concert des compositions de son nouvel album, Mozart Paradox, qui sort ce 6 juin, inspiré par les partitions du compositeur autrichien. C’est aussi avec cet album inspiré par Mozart que Thomas Encho fêtera son anniversaire le 29 septembre 2025 au Théâtre des Champs-Élysées. Ses sources d’inspiration, tant classiques que contemporaines, l’ont amené à s’inspire d’un autre grand nom du répertoire classique, Bach avec l’album Bach Mirror, le deuxième disque qu’il a produit avec Vassilena Serafimova, percussionniste bulgare spécialiste du marimba.
Malgré un agenda très chargé, entre la sortie de son nouvel album, son concert au Temple de la Madeleine le 11 juin dans le cadre du Festival les Athénnéenes et de nombreux projets en préparation, Thomas Encho nous a accordé un entretien téléphonique:
Firouz E. Pillet
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