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Marinette, de Virginie Verrier, livre un émouvant biopic qui retrace le parcours prodigieux et admirable de Marinette Pichon

Avec Marinette, Virginie Verrier signe son second long-métrage (À deux heures de Paris, son premier long métrage, est sorti en 2018) et porte sur grand écran le parcours exceptionnel de Marinette Pichon, légende féminine du football, remarquablement incarnée par Garance Marillier.

— Garance Marillier – Marinette
© Praesens-Film AG

Marinette Pichon a le football dans la peau dès son plus jeune âge, précisément depuis qu’enfant, elle voit les garçons taper dans le ballon alors qu’elle doit se contenter de les regarder jouer. Élevée par une mère courageuse qui doit faire face à un mari alcoolique et violent, elle surmonte les difficultés et se forge une détermination sans faille. Alors qu’elle mène de front petits boulots et carrière sportive, elle est sélectionnée en équipe de France puis repérée par un grand club américain. Marinette débarque alors avec sa mère aux États-Unis, poursuivant le rêve de devenir la meilleure joueuse du monde.

Ce biopic est l’adaptation de la biographie de la footballeuse, intitulée Ne jamais rien lâcher et parue aux éditions FIRST en 2018. Dès qu’elle a découvert ce poignant témoignage, la réalisatrice-scénariste-productrice Virginie Verrier a été convaincue que cette biographie contenait toute la substance narrative pour élaborer un excellent scénario. Elle a alors contacté celle que l’on surnomme la « Zidane » du foot féminin et lui a soumis son souhait d’adapter son histoire.

Pour celles et ceux, passionné.es de football, qui connaissent déjà le parcours de Marinette Pichon, le film de Virginie Verrier leur procurera la joie de voir son parcours magnifiquement résumé en une heure et demie. Pour les autres spectatrices et spectateurs, ce film apporte un éclairage exhaustif, mis en scène avec justesse et brillamment interprété par l’actrice principale comme par le reste de la distribution qui parvient à nous faire oublier qu’il s’agit d’un film de fiction.

Il est vrai que la vie de Marinette contient tous les ingrédients d’une véritable fiction : une famille issue du monde ouvrier et aux moyens très modestes, l’alcoolisme chronique et la violence constante du père de famille, la découverte d’un talent soutenu par un entraîneur régional bienveillant, des obstacles successifs surmontés avec vaillance et pugnacité…

L’un des piliers dans la vie de la footballeuse est l’amour inconditionnel de sa mère, interprétée par Emilie Dequenne, parfaite comme à son habitude, qui incarne une mère bafouée, dénigrée, insultée et violentée, mais qui procure à sa fille un soutien constant et inébranlable qui contrebalance avec la violence de son père, interprété par Alban Lenoir, parfaitement crédible dans un rôle difficile et ingrat.

Le film de Virginie Verrier met en valeur le caractère de battante de Marinette Pichon et rappelle les bonnes fées qui ont jalonné son chemin : tout d’abord, le coach Brienne (incarné par Fred Testot, impeccable) qui décèle le talent chez la fillette et la convainc de commencer le football malgré les moqueries des garçons, puis la coach Saint-Memmie (Sylvie Testud, excellente) puis la coach de l’Équipe de France (Caroline Proust). Le film Marinette souligne que les parcours exceptionnels dépendent souvent de concours de circonstances, mais surtout des bonnes rencontres aux bons moments. Ces différentes personnes qui encadrent son entraînement sportif donneront à Marinette la force de poursuivre et de croire dans cette voie faite pour elle, mais semée d’embûches, lui prodiguant des conseils judicieux et des remises en selle bienvenues dans les moments de découragement et de doutes. Grâce à ces personnes bienveillantes qui croient en elle, Marinette tracera son chemin et écrira son nom au sein de l’Équipe de France puis comme grande joueuse à la notoriété internationale durant son séjour aux États-Unis.

Pour celles et ceux qui méconnaissent son parcours exceptionnel, le film de Virginie Verrier rappelle tous les chapitres importants du parcours de Marinette Pichon en soulignant qu’elle a été recordwoman du nombre de buts et de sélections en équipe de France jusqu’en 2020, hommes et femmes confondus. Mentionnant tous les temps forts de son parcours comme le fait qu’au cours de sa carrière internationale avec la sélection tricolore, Marinette Pichon ait participé à trois championnats d’Europe en 1997, 2001 et 2005, et à la première Coupe du Monde disputée par les Bleues en 2003, le film souligne les nombreux combats que la footballeuse a menés, à commencer par la reconnaissance du statut professionnel des footballeuses dans l’Hexagone, ces dernières n’étant toujours pas considérées comme professionnelles, une injustice dont Marinette a pris encore plus intensément conscience quand elle est devenue en 2001, la première joueuse française, hommes et femmes confondus à intégrer une équipe aux États-Unis – Philadelphia Charge – où elle est alors nommée MVP (Most Valuable Player) du championnat le plus relevé du monde, et meilleure attaquante et buteuse à deux reprises, avec quatorze buts inscrits en première saison.

La réalisatrice n’oublie de remémorer les autres combats que la footballeuse a menés en rappelant avec beaucoup de finesse et de pudeur l’engagement de Marinette Pichon pour la reconnaissance des sportifs et sportives homosexuel.les et pour la promulgation de la loi du mariage pour tous, une avancée législative et sociale qu’elle saisira en se mariant avec sa conjointe, Ingrid Moatti, championne de basket handisport, et en adoptant un enfant.

Virginie Verrier, qui a pratiqué pendant dix ans l’athlétisme et le handball, souhaitait faire un long métrage consacré à l’univers sportif. Le livre de Marinette Pichon, en particulier la description des entraînements, des stades et de l’ambiance des vestiaires, a ravivé les souvenirs de la cinéaste; les moments plus personnels de la footballeuse, comme le rêve américain, son expulsion de l’équipe de France et le harcèlement qu’elle a subi, l’ont inspirée.

Le rôle-titre est magnifiquement incarné par Garance Marillier (vue en 2016 dans Grave de Julia Ducournau et en 2021 dans Madame Claude de Sylvie Verheyde) qui a dû s’entraîner pendant plusieurs mois, étant de petit gabarit. Garance Marillier parvient à reproduite avec authenticité les attitudes de Marinette Pichon. Pour les scènes de matchs, la réalisatrice place son public en immersion et l’amène à ressentir les émotions de la footballeuse. La crédibilité des parties, du jeu de jambes, des foulées, des passes et des tirs a été rendue possible grâce au recrutement de quelque deux-cents joueuses licenciées en club. Dans la majeure partie des scènes de matchs, on a l’impression que Virginie Verrier a mis sous pression Garance Marillier lui laissant à peine le temps de reprendre son souffle en filmant à un rythme soutenu qui reflète la cadence d’un véritable match de football.

Seul bémol :  depuis l’enfance de Marinette jusqu’à l’âge adulte, les adultes qui l’entourent – sa mère, ses coaches sportifs – ne semblent pas vieillir. Mais cette réserve reste minime par rapport à la qualité de ce biopic qui divertit tout en instruisant !

Firouz E. Pillet

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Firouz Pillet

Journaliste RP / Journalist (basée/based Genève)

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