Mostra 2017 : The Leisure Seeker, road-movie italien qui réunit deux immenses talents au Lido de Venise
The Leisure Seeker, est un film routier italien réalisé par Paolo Virzì, son premier film complètement en anglais. Le film est basé sur le roman éponyme, sorti en 2009, de Michael Zadoorian et offre de rôles magnifiques à Donald Sutherland et Helen Mirren, les réunissant pour la première fois depuis 1990, dans le film Bethune: The Making of a Hero, de Phillip Borsos. The Leisure Seeker a été sélectionné pour être présenté dans la section de la compétition principale du 74ème Festival international du film de Venise.
Dans les années septante, le Festival du film de Venise arrive à l’un des moments les plus attendus par les cinéphiles de la Botte : les débuts du premier réalisateur italien en compétition, Paolo Virzì. Après La Pazza Gioia, où un incroyable couple d’amis part pour une aventure à la recherche de l’amusement et de l’amour dans le monde commun en dehors d’un asile, même à cette occasion, le directeur de Livourne semble ne pas abandonner le road movie de couple. Cette fois-ci, il a déménagé aux États-Unis pour faire effectuer à ses protagonistes jusqu’au trajet en voiture entre Boston et Key West ; sa caméra suit ces deux vieillards qui ont décidé d’échapper aux soins des médecins et des enfants pour vivre le dernier épisode de leur vie au nom de l’insouciance, de la nostalgie et de la mélancolie. Ce sera l’occasion parfaite de remonter dans le temps et de relancer leur fascinante histoire d’amour entre des moments hilarants, des révélations choquantes et des moments d’une grande intimité et d’une profonde tendresse. Il est impossible de ne pas partir du véritable miracle du film : Helen Mirren et Donald Sutherland, tous deux impeccables dans une interprétation juste, emplie a la fois de drôlerie et d’émotions intenses.
Sutherland et Mirren ont déjà collaboré comme couple marié dans la saga Bethune: The Making of a Hero, et il s’agit ici de leur premier film ensemble après 27 ans.
La gagnante du prix de l’Académie des Oscars, Helen Mirren, et de deux Golden Globe, aux cotes de l’acteur canadien Donald Sutherland, en tant que couple en fuite, font un voyage inoubliable dans leur camper vintage. Ella et John fuient les soins suffocants de leurs médecins et de leurs enfants. Cet ancien professeur universitaire est distrait, subissant les premières manifestations de la maladie d’Alzheimer mais demeure incollable sur la littérature de Hemingway; Ella est fragilisée par un cancer en phase terminale mais vaillante, elle a décidé de rester jusqu’au bout auprès de son mari malgré la volonté de leurs deux enfants de les placer en maison de retraite. Leur voyage à bord du fidèle ancien campeur – celui du titre – qu’ils appellent The Leisure Seeker les emmène de Boston à Key West. En partageant des moments d’exaltation et d’angoisse, ils retrouvent leur passion pour la vie et leur amour l’un pour l’autre. Lors de ce voyage routier qui amène des révélations et des surprises jusqu’à la fin, le couple se dispute pour mieux se retrouver, faisant fi des rancœurs, afin de partager cet ultime voyage dans une parfaite symbiose.
Le film de Paolo Virzi est une film d’acteurs, remarquablement servi par ses acteurs. Elle est une femme courageuse et sensible, brillante et déterminée, affectée par cette terrible maladie et son corollaire de thérapies. Il est tendre et drôle, mais fort et malheureusement avec un souvenir de plus en plus parcellaire. Leur interaction est une joie pour les yeux et pour le cœur car ils peuvent se déplacer dans les plis les plus profonds de leurs personnages, leur donnant une chaleur et une intimité qui brise l’écran. La force de l’un devient la faiblesse de l’autre et vice versa, et cette complémentarité les rend parfaitement deux personnages qui fonctionnent bien en tant qu’individus comme en tandem. Sans aucun doute, le film d’un point de vue technique est bien dirigé et bien emballé, fonctionne sans problème et soutenu par une photographie haute en couleurs. Mais la mise en scène reste assez classique et trop simple et joue sur un terrain trop sécurisé. Comme il arrive souvent à Virzì, il se place dans une zone de confort qui, sans déranger personne, tente à tout prix de faire plaisir à tous en jouant sur de bons sentiments. La fin, à la fois radicale, assumée et touchante, permet à ce couple de rester uni au-delà des ans qui ont passé et même leurs proches ne finissent pas comprendre leur décision.
Tant mieux pour nous : grâce au réalisateur italien, les fans ont pu aduler deux grands acteurs au Lido de Venise.
Firouz E. Pillet de la Mostra 2017, Lido
© j:mag Tous droits réservés