Red Bull BC One – 16 B-Boys batailleront à Tokyo pour la victoire
Le 27 novembre, le Red Bull BC One sera la grande attraction au Japon. 16 des meilleurs B-Boys de la planète auront fait le voyage de Tokyo afin que soit couronné, devant 3000 fans dans un Yoyogi Stadion à guichets fermés, le champion du plus important one-on-one B-Boy Contest de l’année.
Red Bull BC One – une idée qui a germé à Zurich
Le cinéaste Christian Breitschmid (40 ans) et l’organisateur Claude Hunkeler (36 ans) ont concrétisé ensemble, il y dix ans, une grande idée. Aujourd’hui, leur bébé, soit le Red Bull BC One, est le plus grand événement de breakdance de la planète, la joute se disputant chaque année dans une autre métropole. En cette fin de novembre, les deux Zurichois se rendront donc à Tokyo pour la septième édition.
Live Webcast depuis le stade
3000 personnes sont attendues dans le stade pour assister aux tricks et skills les plus spectaculaires des 16 B-Boys. Mais les fans du monde entier n’en perdront pas une miette pour autant, car la prestigieuse one-on-one Battle sera diffusée pour la seconde fois en live sur le web 27 novembre, à 11h.00 (heure d’Europe centrale) : http://www.redbullbcone.com
«Nous voulions un show de la durée d’un long métrage»
Le cinéaste Christian Breitschmid (40 ans) et l’organisateur Claude Hunkeler (36 ans) ont concrétisé ensemble, il y dix ans, une grande idée. Aujourd’hui, leur bébé est le plus grand événement de breakdance de la planète, la joute se disputant chaque année dans une autre métropole.
Vous avez créé ensemble l’événement de breakdance Red Bull BC One. Quelle a été l’idée initiale?
Claude Hunkeler: Elle a germé pendant les éliminatoires suisses de la compétition de breakdance Battle Of The Year, dont j’ai repris l’organisation en 1997 pour m’en occuper durant quelques années. Dans ce cadre, j’étais toujours à la recherche de quelqu’un capable de filmer toute la manifestation de manière professionnelle. C’est comme ça que j’ai connu Chrigi.
Christian Breitschmid: J’ai constaté qu’une telle joute était extrêmement attrayante pour l’œil de la caméra. Très vite, la question s’est posée: qui est en fait le meilleur B-Boy du monde? Immédiatement suivie d’une autre: et pourquoi n’y a-t-il pas de concours individuels?
C.H.: La Battle Of The Year est une affaire de longue haleine. On voit jusqu’à quatre à cinq heures de danse, mais une seule qui soit réellement bonne. Et parmi tous les danseurs, au maximum un quart a vraiment la classe. Nous sommes donc arrivés à la conclusion que le tout devait être resserré, sinon les gens s’endorment.
L’idée était donc de concevoir un événement pour tout un chacun?
C.H.: Non, pas du tout. Nous voulions au contraire augmenter l’attractivité.
C.B.: Nous souhaitions en fait un show de la durée d‘un long métrage, mais avec le top du top.
C.H.: L’intérêt était là, ça nous le savions déjà: en 1999 comme en 2000, j’ai quand même pu attirer à chaque fois plus de 5’000 spectateurs dans la salle de sport pour la Battle of the Year.
C.B.: Un autre aspect est la personnalisation. Les spectateurs d’identifient en effet plus aisément à des danseurs individuels. Et c’est aussi bien sûr infiniment plus intéressant au niveau de la technique de commercialisation.
Aujourd’hui, le Red Bull BC One est considéré comme l’officieux championnat du monde des B-Boys, les danseurs de hip-hop. Pourquoi personne n’a eu cette idée avant vous?
C.H.: L’idée était certainement dans l’air, sous une forme ou une autre. Mais, dans la culture du hip-hop des années 80, elle était bannie, parce que l’on partait du principe qu’il ne fallait pas la commercialiser. Et ce, malgré le fait que le rap avait déjà acquis un statut de produit de masse au début de ces années-là. Bref, la culture du hip-hop a mis les pieds au mur durant deux décennies pour éviter que le breakdance ne devienne une affaire de gros sous.
Comment la scène a-t-elle réagi?
C.B.: Au début, nous avons évidemment dû faire face à une forte résistance. On nous rétorquait: se mesurer à un contre un n’est pas bon, alors que cela avait toujours fonctionné comme ça, si l’on y réfléchit. Les B-Boys de nouvelle génération réagissent tout autrement. Autrefois, toutes les marques étaient pires que le diable. A présent, les B-Boys se disent: ces entreprises qui prêtent leur nom me permettent de vivre ma vie comme je l’entend.
C.H.: Des réactions négatives, nous n’en avons eu que de certains cercles de la scène zurichoise et suisse. De gens qui, en matière de danse, n’avaient pas d’importance. Tous les autres ont été immédiatement enthousiastes. Et quelques-uns en ont directement profité. Aujourd’hui, il y a même, dans ce secteur, plusieurs danseurs professionnels.
„BC-One“ est un nom un peu cryptique. Que signifie-t-il en fait?
C.H.: Ha! Rares sont ceux qui le savent. „BC-One“ est l’abréviation pour „Breakdance Champion The One“.
Les 16 «meilleurs» danseurs du monde participent à l’événement, selon vous. Mais: comment les trouve-t-on?
C.B.: Il n’y a certes pas de compétitions comparables, mais tout de même plusieurs manifestations où les meilleurs B-Boys se produisent. Ils font tous partie d’une même scène. La sélection est opérée par Thomas Hergenröther, l’organisateur de l’internationale Battle Of The Year en Allemagne. Thomas s’y connaît comme aucun autre en la matière. Cela dit, on ne peut jamais prétendre avoir les 16 réellement meilleurs. Le problème est le suivant: si tu t’arrêtes sur ces seules considérations, alors tu devrais prendre chaque année à peu près les mêmes danseurs et ce serait plutôt monotone. Le but est donc d’inviter les 16 qui promettent le plus d’électricité. C.H.: Et malheureusement, il n’y a personne en Suisse, pour l’instant, qui pourrait entrer en ligne de compte.
Comment désigne-t-on un vainqueur au Red Bull BC One?
C.B.: C’est un jury de cinq personnes qui décide. Les mouvements des danseurs sont évalués selon trois éléments: pas de danse, figures acrobatiques et poses. Dans le jargon, on parle de steps, powermoves et freezes. Un bon B-Boy se meut dans ces trois éléments, danse avec précision sur la musique et tient compte de ce que fait son adversaire.
Les favoris du public ne sortent pas toujours gagnants: en 2007, en Afrique du Sud, l’Algérien Lilou a été ainsi prématurément éliminé. Les spectateurs ont difficilement compris cette décision.
C.H.: C’est dû au fait que les juges accordent plus d’importance à la danse qu’à l’acrobatie. Les décisions sont parfois un peu traditionalistes. Nous deux, nous ne sommes d’ailleurs pas toujours du même avis.
C.B.: Moi, comme cinéaste, je suis plus pour l’acrobatique. Pour ce genre de scènes qui soulèvent l’enthousiasme du public. Les pas de danse, même difficiles, ne sont pas toujours compris par nombre de spectateurs.
Y a-t-il une solution pour éviter ce problème?
C.B.: Pas tellement. C’est difficile. L’événement vit aussi de son authenticité. Le tout ne doit pas être qu’un simple show. On a besoin d’un jury qui évalue le tout selon des critères B-Boy précis.
Quels souvenirs gardez-vous du premier Event à Bienne, il y a six ans?
C.B.: L’ambiance était incroyablement bonne. Plusieurs spectateurs se sont égosillés durant deux heures. Nous avons organisé le tout avec un budget plutôt modeste. Et comme je voulais absolument filmer en 16 mm, il ne m’est pas resté grand-chose de ma partie. Mais ce fut super.
C.H.: Quand nous avons dit aux responsable de la Coupole biennoise que nous souhaitions organiser un événement Red Bull dans leurs murs, la réponse a été brève et rapide: njet! Il nous a fallu longtemps pour les convaincre.
Pourquoi personne n’est au courant que ce sont deux Suisses qui ont créé cet Event?
C.H.: Red Bull nous a aidés à en faire une manifestation globale. La deuxième année, toute la troupe s’est déplacée au Palais de la République à Berlin, devant un public nettement plus important. J’ai rapidement compris que je ne pouvais plus apporter une contribution majeure à la chose. Mais l’expérience de Christian en tant que cinéaste est toujours incontournable. Personne ne capte les B-Boys mieux que lui. C’est pourquoi il fonctionne toujours comme Art Director de l’événement. Moi je ne suis plus qu’un simple spectateur.
De quoi vous occupez-vous tous deux sinon?
C.H.: Je suis, depuis des années, organisateur d’événements et de concerts, mais aussi développeur de concerts et booker. Depuis le début de cette année, je travaille également sur mandat pour le plus ancien restaurant végétarien d’Europe, le Hiltl de Zurich. J’y programme des soirées club.
C.B.: Je gère la société de production de films Eqal. Dernièrement, nous avons pu produire plusieurs magazines sportifs pour Swatch. Je bricole aussi de nouveaux projets: par exemple un événement de sports de combat qui devrait thématiser les 36 chambres du Kung Fu de Shaolin. Peut-être Red Bull montera-t-il dans ce bateau ? De plus, je veux tourner des films à l’avenir. Je suis avant tout un faiseur, comme Claude d’ailleurs. C’est comme ça que Red Bull BC One est né.
Quels sont vos sentiments avant de partir pour la septième édition du Red Bull BC One, le 27 novembre à Tokyo?
C.H.: Je me réjouis beaucoup. Pour nous, c’est un cercle qui se referme. Car le premier voyage que nous avons entrepris durant la phase de conception en 2001 nous avait précisément amenés à Tokyo.
C.B.: Pour moi, ce voyage est toujours lié à un mandat. Je suis l’Art Director de l’Event et responsable de la concrétisation cinématographique. Mon défi est de me dépasser chaque année.
Comment le public qui n’est pas sur place peut-il participer?
C.B.: Via télé et Internet. L’événement de cette année sera en effet transmis en live sur petit écran et sur le site web du BC One. Ultérieurement, les meilleures scènes seront visibles sur YouTube. Plusieurs séquences passées ont d’ailleurs déjà été visionnées des millions de fois.
Propos recueillis par Adrian Schräder