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Série Life’s Worth – Témoins impuissants : Les Casques bleus de Vares

Très bien accueillie par le public du Festival Séries Mania de Lille, Life’s Worth – série suédoise en six épisodes de 44 minutes – a été tournée en anglais en Slovaquie. Déjà diffusée en Allemagne, Autriche, Luxembourg, Belgique, Suisse et récemment en France par Arte, elle est une adaptation libre du livre Half a Year, a Whole Life de l’ancien Casque bleu Magnus Ernström.

A Life’s Worth – Le prix d’une vie de Ahmed Abdullah
© Johan Hannu / Yellow Bird

Écrite par Mona Masri et Oliver Dixon et réalisée par Ahmed Abdullah, cinéaste somalien aujourd’hui très en vogue en Scandinavie, cette coproduction suédo-franco-allemande explore une question cruciale : comment instaurer la paix en temps de guerre ? Elle suit l’engagement d’un bataillon nordique des forces internationales en Bosnie-Herzégovine en 1993, près de Sarajevo.

Quatre jeunes volontaires, Forss, Babic, Strand et Kilpinen, sont submergés par la réalité brutale de ce conflit fratricide. Leur supérieur, le colonel Andreasson, paie cher son humanité, qui dépasse le simple devoir. Venus chercher l’aventure, ils se retrouvent confrontés à des horreurs inimaginables.

Trente ans après les Accords de Dayton, cette plongée édifiante dans une guerre encore méconnue résonne tragiquement avec les événements en Ukraine et à Gaza.

La coscénariste Mona Masri souligne la naïveté initiale des volontaires : « Je ne pense pas qu’ils croyaient possible d’être tués ou blessés. La moitié est partie par soif d’aventure – la guerre semblait exotique depuis la Suède. L’autre moitié avait simplement besoin d’un travail. À leur retour, l’establishment politique les a perçus comme une source d’embarras. » La raison ? Leur refus ouvert de l’ordre de non-intervention dans un pays où des innocents subissaient en permanence sévices, humiliations et violences extrêmes (mutilations, viols systématiques) aux mains de leurs bourreaux.

Casques bleus face aux atrocités

Malgré un profond sentiment d’impuissance, les quatre amis tentent d’aider les civils, ce qui leur vaut d’être emprisonnés. Leurs geôliers les forcent à se dévêtir en plein hiver et à dormir à même le ciment, comme les prisonniers bosniaques.

Réalisée de manière frontale par Ahmed Abdullah, ancien réfugié, la série utilise des gros plans percutants, des montages dynamiques et des travellings latéraux pour souligner l’horreur des exactions commises contre les habitants.

La distribution mérite tous les éloges. Autour des quatre amis – l’ambitieux Forss (Maxwell Cunningham, vu dans One More Time, Top Dog), le “romantique” Strand (l’excellent Edvin Ryding), Babic (Toni Prince Tvrtkovic, d’origine croate, incarnant avec force un personnage hanté par les activités criminelles de son père) et le Finlandais tourmenté Kilpinen (Erik Enge) – s’illustre Johan Rheborg dans le rôle poignant du colonel Andreasson. À leurs côtés, une remarquable palette d’acteurs d’Europe du Sud-Est : le Kosovar Alban Ukaj, les Monténégrins Lazar Dragojevic et Pavle Markovic, la Serbe Teodora Dragicevic, et les talents bosniens Alma Dzebo, Ermin Sijamija, Muhamed Hadzovic, Elma Jukovic, Sasa Karampatic, Faruk Hajdarevic, Kerim Cutuna, Merjem Siljak, Faketa Salihbegovic-Avdagic, Mirela Lambic, Semir Krivic, la jeune Eva Porobric, ainsi que la Croate Ivana Roscic.

La série est disponible sur la plateforme suédoise Viaplay jusqu’en novembre 2025. Coproduction de Yellow Bird (Suède), de Slovaquie et de Lettonie.

Djenana Djana Mujadzic

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Djenana Mujadzic

Rédactrice / Reporter (basée/based Paris)

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