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26e édition du Festival international de films indépendants de Genève – Black Movie 2025

Du 17 au 26 janvier 2025, une programmation exceptionnelle attend le public, avec 114 films, dont 48 longs métrages et 66 courts métrages, parmi lesquels 47 premières suisses. Comme à son habitude, le festival ne se contente pas de cette riche sélection : il propose également des rencontres avec 17 cinéastes invité·es, des tables rondes autour des thématiques abordées dans la sélection de films, et une exposition remarquable à la Fonderie Kugler, intitulée Photo Kegham of Gaza: Unboxing.

Si l’état du monde peut sembler sombre, il n’en demeure pas moins important de profiter de l’instant présent. Le Festival, fidèle à son esprit, offre aussi des ateliers créatifs pour les enfants et les familles, ainsi que sept soirées festives pour de joyeuses nuits blanches.

© Malik Berkati

Les temps forts

Il est impossible, en ce moment, de ne pas évoquer une région confrontée à un risque de génocide, selon la Cour internationale de justice. Black Movie met à l’affiche Gaza, à travers images et témoignages, avec divers événements marquants. Le public, qui avait déjà pu découvrir quelques courts métrages du projet From Ground Zero initié par le réalisateur palestinien Rashid Masharawi lors des Rencontres cinématographiques genevoises Palestine, Filmer C’est Exister, aura l’occasion de voir l’intégralité des productions actuellement disponibles. Ces courts métrages, réalisés depuis octobre 2023, début de la guerre à Gaza, par des cinéastes palestinien·ne·s, seront projetés lors d’une séance spéciale.

Le lundi 20 janvier, une table ronde intitulée Montrer Gaza, Contrer l’Effacement réunira Rashid Masharawi, la productrice française Laura Nikolov, et l’artiste visuel Kegham Djeghalian Junior. Le 25 janvier, à l’Auditorium du Musée d’ethnographie de Genève, l’eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan dialoguera avec Rania Madi, juriste et représentante à l’ONU de Badil, Centre de ressources pour les droits des Palestinien·nes résident·es et réfugié·es.

Parallèlement, l’exposition Photo Kegham of Gaza : Unboxing, curatée par Kegham Djeghalian Junior, sera présentée à la Fonderie Kugler. Elle dévoilera les archives du premier studio photo commercial de Gaza, fondé par son grand-père, un Arménien survivant du génocide de 1915, installé à Gaza en 1944. Ce dernier a documenté la vie quotidienne des Gazaoui·e·s jusqu’à sa mort en 1981.

Au fil des années, le festival s’est distingué par sa capacité à découvrir de nombreux·ses cinéastes et à suivre de près leur évolution. Black Movie met cette année à l’honneur les productions récentes de réalisatrices et réalisateurs ayant marqué son histoire : Ala Eddine Slim (Agora, Tunisie), Jia Zhang-Ke (Caught by the Tides, Chine), Santiago Esteinou (La libertad de Fierro, Mexique), Athiná Rachél Tsangári (Harvest, Grèce), et le prolifique réalisateur coréen Hong Sangsoo (By the Stream).

Le festival accueillera également, dix ans après sa dernière visite à Genève, le cinéaste chinois Wang Bing, explorateur des marges de la société chinoise. Il présentera les deux derniers volets de sa trilogie documentaire Jeunesse, qui se penche sur les conditions de vie des travailleuses et travailleurs des petits ateliers de l’industrie textile chinoise. Une rencontre avec le public est prévue le 25 janvier, offrant l’opportunité d’échanger avec lui.

Autres points névralgiques de la planète : l’Ukraine, l’Iran et l’Afghanistan. Black Movie présentera Songs of Slow Burning Earth (Olha Zhurba, Ukraine), un film qui explore la guerre en Ukraine à travers les yeux de la population, depuis ses premiers jours. Il s’interroge sur la normalisation de l’horreur qui, après deux ans, s’est insidieusement intégrée au quotidien des Ukrainien·nes.
My Stolen Planet (Farahnaz Sharifi, Iran, Allemagne), qui a fait sa Première à la Berlinale 2024, raconte comment une réalisatrice iranienne en exil crée une histoire alternative de l’Iran en collectant des films familiaux.
Kamay (Ilyas Yourish & Shahrokh Bikaran, Afghanistan) suit la quête de vérité d’une famille de la minorité Hazara, cherchant à comprendre les circonstances de la mort de leur fille aînée, étudiante à Kaboul, survenue juste avant l’obtention de son diplôme, dans un pays reconquis par les Talibans. Ce film avait fait sa Première aux Visions du Réel 2024 : lire ici la critique et l’entretien avec le réalisateur et la protagoniste principale du film.

Black Harvest de James Amuta
Image courtoisie Black Movie

Cette année, Black Movie met à l’honneur un cinéma qui, en termes de production, se classe au deuxième rang mondial après Bollywood, mais qui reste largement méconnu en Occident : Nollywood. Né dans les années nonante à Lagos, le cinéma nigérian a longtemps été perçu comme un cinéma de « série Z ». Cependant, en y regardant de plus près, on découvre que derrière ces productions grand public se cachent des œuvres qui abordent des problématiques sociétales et éducatives. Par leur mise en scène accessible, elles deviennent des créations à la fois populaires et significatives.
Le festival propose un focus sur Nollywood avec trois films : Funmilayo Ransome-Kuti (Bolanle Austen-Peters), un biopic sur la mère de Fela Kuti, une politicienne engagée et précurseuse des mouvements féministes ; Áfàméfùnà (Kayode Kasum), une immersion dans la culture igbo ; et Black Harvest (James Amuta), qui aborde les kidnappings liés au trafic d’organes. Les trois cinéastes seront présents pour une table ronde dédiée à cette industrie hors du commun.

Dans la section Pérégrinations, Black Movie présente des films plus anciens qui se penchent sur les mouvements humains de toutes sortes : voyage, exploration, quête… Parmi eux, La Ballade de Narayama (Shōhei Imamura, Japon), Palme d’Or 1983. Par ailleurs, une rétrospective en cinq films témoignera de l’étendue du talent de l’acteur nippon Tatsuya Fuji, essentiellement connu pour son rôle dans L’Empire des sens (Nagisa Oshima, Japon), et dont appréciera ici les apparitions chez Kiyoshi Kurosawa (Bright Future, 2002) et Shinji Sōmai (P.P. Rider, 1983).

Parmi les nombreux films et thématiques, citons encore deux films dont nous avons parlé dans nos pages : Simón de la montaña (Federico Luis, Argentine), critique de Cannes et  Holy Electricity (Tato Kotetishvili, Géorgie) critique et interview à Locarno.

Petit Black Movie, ateliers, ciné-concert

La section Petit Black Movie, dédiée aux jeunes cinéphiles, présente cette année une sélection de 35 films issus de 27 pays différents. Cette programmation invite à repenser le monde en explorant des thèmes essentiels tels que l’amitié et les liens affectifs, le handicap et la différence, le courage et l’expression de soi.

En complément des projections dans les cinémas, les maisons de quartier et les crèches du canton, des ateliers gratuits permettront à chacun·e de laisser libre cours à son imagination. Les participant·es pourront s’initier aux techniques de bruitage ou réaliser un cadavre exquis en animation.

Le Petit Black Movie propose également un ciné-concert exceptionnel, où musique et images seront créées en direct pour émerveiller les spectateurs de tous âges (dès 3 ans), tout en éveillant les consciences écologiques.

https://blackmovie.ch/2025

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