Avec Adieu Jean-Pat, Cécilia Rouaud propose une comédie à la fois drôle et mordante sur les illusions amoureuses, sur les rancœurs et sur les regrets. Rencontre
Le dernier long-métrage de la réalisatrice et scénariste française propose une comédie réunissant à l’écran une palette impressionniste d’acteur·trices dont Hakim Jemili, Fanny Sidney, Alice David, Nora Hamzawi, Valérie Karsenti, Thibault de Montalembert et Gustave Kervern.
Image courtoisie Agora Films
Au moment de s’engager vraiment avec Alice (Fanny Sidney), Étienne (Hakim Jemili), trente-cinq ans, a un doute : et s’il était passé à côté de sa vie ? Pour en avoir le cœur net, il entreprend de retrouver Magali, son grand amour d’enfance, en appelant Jean-Pat, son ancien rival… mais celui-ci meurt pendant le coup de fil. Et voilà Étienne embarqué dans l’organisation des obsèques de son pire ennemi alors qu’il n’a toujours pas pardonné à son « copain » Jean-Pat qui lui a mené la vie dure pendant toute son enfance. D’ailleurs, quand il apprend le décès de ce dernier, on ne peut pas dire qu’Étienne soit vraiment dévasté… Pourtant, il va se retrouver malgré lui, vaille que vaille, à organiser l’enterrement de son pire ennemi, à donner le change auprès de ses proches, à gérer les imprévus qui surviennent durant la veillée et les hommages, à devoir élaborer un hommage pour la cérémonie à l’église. Une chose est sûre : Jean-Pat n’a pas fini de lui pourrir la vie.
Adieu Jean-Pat a été remis en héritage artistique à Cécilia Rouaud par Laurent Tirard qui se savait malade et avait conscience qu’il ne pourrait mener à terme ce projet. Laurent Tirard avait travaillé le scénario avec Fabcaro, auteur de bande dessinée et romancier français. Cécilia Rouad s’est sentie très honorée de recevoir ce scénario et de reprendre le flambeau pour le porter sur grand écran. La réalisatrice a pu échanger avec Laurent Tirard sur ses souhaits et sur ses intentions, mais a pris la liberté de changer quelque peu la configuration des personnages, qui sont très nombreux, en faisant la part belle aux rôles féminins.
Dans cette comédie à la fois drôle et mordante sur les illusions amoureuses, sur les regrets et sur les remords, Cécilia Rouaud se retrouve à orchestrer un film choral emmené par une distribution solide menée par Hakim Jemili. Dans cette plongée drôle et décalée dans les tourments sentimentaux d’un trentenaire en plein doute, le film rassemble en effet une pléiade d’acteurs et d’actrices reconnu·es du cinéma français. Une gageure de taille à relever pour la cinéaste qui s’est réjouie de voir que son équipe a pu tisser des liens sur le tournage mais aussi en dehors.
En acceptant de reprendre ce scénario, Cécilia Rouaud, s’empare de ce sujet universel : la peur de passer à côté de sa vie. À travers une situation à la fois absurde et humaine, elle semble explorer avec humour les contradictions et les maladresses des choix amoureux en mêlant rire grinçant, dérision et émotion sincère. Un cocktail dont elle est férue comme réalisatrice mais aussi comme spectatrice !
En posant un regard quasiment sociologique sur les relations et la maturité, Adieu Jean-Pat interroge la maturité affective et la nostalgie de la jeunesse. Le film met en scène des personnages confrontés à leurs idéaux de bonheur, forcés d’affronter la réalité parfois décevante de leurs désirs. En plaçant Étienne face à la mort de son rival, le scénario joue sur le contraste entre introspection sincère et comique noir.
Intriguée par son prénom, nous avons demandé à la cinéaste si elle avait des origines italiennes ou espagnoles. « Non, pas du tout ! », s’est-elle exclamée en riant et de poursuivre : « C’est mon père, le documentariste Christian Rouaud, qui était professeur à l’époque mais surtout anarchiste, qui a choisi ce prénom en fonction du film La Cecilia (1975), de Jean-Louis Comolli, qui retrace l’histoire de Colonia Cecilia, une commune anarchiste inspirée par le vétérinaire italien Giovanni Rosi et établie dans l’État brésilien du Paraná. »
Rencontre avec la cinéaste Cécilia Rouaud :
Sur les écrans romands depuis ce mercredi.
Firouz E. Pillet
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