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Carouge, Nice, Lausanne : Jean Liermier nous parle de ses adieux à La Cuisine et de ses retrouvailles avec l’opéra

Il y a quinze ans, lors de son arrivée à la tête du Théâtre de Carouge, Jean Liermier avait monté Le Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux. Le directeur du théâtre carougeois entretient un intense compagnonnage avec Marivaux qu’il retrouve avec La Fausse Suivante, pièce écrite en 1724, mais d’une troublante résonance avec notre époque. Après l’avoir reprise dans la grande salle du Théâtre de Carouge et au Théâtre Le Reflet à Vevey, Jean Liermier part pour le Théâtre national de Nice pour les représentations de La Fausse suivante données du 31 janvier au 2 février. À cette occasion, il nous a confié son enthousiasme constamment renouvelé avec ce chef-d’œuvre de machiavélisme qui révèle que, de quelques conditions sociales qu’ils soient, les personnages semblent dénués de tout sentiment et uniquement mus par la soif de l’argent. À l’occasion de ses adieux à La Cuisine, salle temporaire qui les accueillis, son équipe, ses spectacles, ses artistes invités et lui durant le temps des travaux du nouveau théâtre, Jean Liermier avoue avoir un pincement au cœur.

Mais Jean Liermier nous a surtout parlé d’une autre de ses passions : l’opéra qu’il retrouve avec Mozart pour Così fan tutte à l’Opéra de Lausanne.

Così fan tutte de Mozart – Production de l’Opéra de Lausanne, mise scène Jean Liermier, direction musicale Diego Fasolis

Jean Liermier a flirté pour la première fois avec l’opéra avec La flûte enchantée en 2003, à Marseille, alors que Renée Auphan l’y avait invité. Depuis, Jean Liermier a régulièrement rendez-vous avec l’opéra dont il savoure la forme comme le fond, la musicalité des mots étant une source d’inspiration intarissable pour lui.

Lorsque Mozart met sur le métier un premier ouvrage avec le « poète impérial » Lorenzo da Ponte à l’automne 1785, cela fait trois ans que Mozart n’a plus touché à l’opéra. Leur première collaboration sur Les Noces de Figaro a été un triomphe immédiat, à tel point que l’empereur d’Autriche en redemande et leur commande un nouvel opéra bouffe en 1789, mais le commanditaire impose le sujet : la transposition sur scène d’une histoire bien réelle dont tout le monde parle à Vienne – celle de deux officiers qui, en poste à Trieste, auraient… échangé leurs épouses ! Mozart et Da Ponte excellent dans leur art et livrent Così fan tutte. La genèse de l’œuvre, teinté de presse people de l’époque, a inspiré Jean Liermier qui choisi de faire, par le truchement d’écrans et de projections vidéo, de savoureux clins d’œil à l’ère contemporaine et ses émissions de téléréalité : « Le ressort de Da Ponte et Mozart est similaire à celui qui anime ces divertissements télévisuels.» La mise en scène, ingénieuse et audacieuse, met en relief l’équivoque et le second degré propres à la tradition buffa.

Jean Liermier nous explique les coulisses de cette mise en scène et de son travail avec Diego Fasolis qui dirige l’Orchestre de chambre de Lausanne ainsi qu’avec les artistes lyriques. Rencontre:

 

www.opera-lausanne.ch

Firouz E. Pillet

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