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Celeste Dalla Porta, qui tient le rôle-titre du dernier film de Paolo Sorrentino, Parthenope, semble en être devenue la muse. Rencontre

Ayant grandi au sein d’une famille d’artistes, la jeune actrice milanaise a fait, à vingt-six ans, ses débuts au cinéma avec la présentation, en compétition, de Parthenope au Festival de Cannes 2024. De la première scène à la dernière du film, la jeune femme au physique longitudinal est de tous les plans en incarnant la protagoniste désirable et insaisissable (qui affole ses admirateurs par son manque de pudeur). Une femme fatale dont la jeune actrice se sent proche.

— Celeste Dalla Porta – Parthenope
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Paolo Sorrentino nous sert la vie de Parthenope, interprétée par Celeste Dalla Porta et par Stefania Sandrelli à l’âge adulte, de sa naissance à nos jours, plongeant le public dans une épopée féminine faite d’histoires d’amour en suivant cette jeunesse insouciante à Capri. Autour de Parthenope, on suit les Napolitain.es dans leurs dérives mélancoliques et parfois dans des moments de découragement, mémorables ou ordinaires. Le temps qui passe offre une palette de sentiments, mais c’est surtout aux traces du temps sur la beauté que Sorrentino s’intéresse.

De passage à Genève, Céleste Dalla Porta nous a parlé de sa formation, de son arrivée dans le septième art, de ses références cinématographiques, de sa famille. Rencontre:

Vous êtes présente en Suisse, sur les rives du Léman. Quel est votre rapport avec la Suisse et son cinéma ?

Le Tessin jouxte la Lombardie mais je ne connais pas bien la Suisse. Je sais que la Suisse est connue pour son chocolat, ses paysages magnifiques, ses montagnes et ses nombreux lacs. Je n’ai quasiment pas voyagé avant d’incarner Parthenope et d’accompagner le film pour sa promotion. Je voyage et découvre le monde grâce à ce rôle. Quant au cinéma suisse, j’avoue que je ne le connais pas.

Vous avez grandi dans une famille d’artistes ; est-ce cet univers qui a motivé votre choix de fréquenter un lycée artistique ?

Non, c’est parce que je ne me voyais pas étudier des branches scientifiques comme les mathématiques et j’adorais le dessin. Dessiner, c’est tout ce que je faisais. Mais durant mes années de lycée, je me suis concentrée sur autre chose, sur les relations, sur l’amitié, sur l’amour, sur la découverte de moi-même, avec le rêve d’être actrice.

Quand avez-vous commencé à songer à devenir actrice ?

Depuis toujours ! Depuis que je suis enfant, même si enfant, je voulais tout faire : exploratrice, danseuse, chanteuse; mais quand je regardais un film, j’admirais l’actrice. À la fin du lycée, je voulais m’inscrire dans une académie de théâtre, mais je n’ai essayé dans aucune académie de Milan, je suis allée directement à Rome au Centre Expérimental, j’ai passé les premières étapes d’admission, mais ils ne m’ont pas acceptée. J’ai fait des auditions qui ne se sont jamais bien passées. Comme on doit gagner sa vie, j’ai un peu travaillé comme serveuse, mais j’étais malheureuse parce que même si tu vois ça comme un travail absolument temporaire, tu te dis aussi : ok, si ça ne marche pas, je dois m’inscrire dans une université, trouver ce que je veux faire. J’avais l’intention de partir, et juste à ce moment-là, cette chose énorme est arrivée. Je me suis sentie reconnaissante non seulement envers Paolo mais envers l’univers, c’était un moment de grande spiritualité, je dois dire, parce que je pensais que mes prières avaient été entendues.

Comment le rôle de Parthenope vous est-il parvenu et qu’est qui vous a plu dans ce personnage ?

J’étais à Venise en septembre et mon agent m’a appelée pour me dire que Paolo Sorrentino était en interview pour un film et qu’il voulait me voir. Mon sentiment était celui de rencontrer une personne normale, pas un mythe, il était très gentil et j’ai aussi été impressionnée par le fait que je me sentais tout de suite à l’aise, même si j’étais très nerveuse avant notre rencontre. Puis, de temps en temps, il me rappelait, et à un moment donné, il m’a laissé beaucoup de scènes à étudier en une semaine. J’ai fait beaucoup d’autres auditions, à chaque fois, j’avais le sentiment que c’était une grande opportunité. Je me suis dit que si n’étais pas retenue, je serais quand même reconnaissante pour toutes ces leçons, car entre Paolo, Annamaria Sambucco et Massimo Appolloni, qui s’occupaient du casting, j’apprenais beaucoup, c’était comme une école pour moi. Honnêtement, je pensais que je n’avais pas encore les compétences nécessaires pour pouvoir jouer Parthenope parce que je me sentais encore trop immature pour être sur un plateau en tant que protagoniste. J’ai aimé mon rôle et toutes les nuances que cette femme incarne, à la fois sensuelle, séductrice mais toujours mystérieuse, voire énigmatique, insaisissable. Et j’ai trouvé le travail de Daria D’Antonio sur la photographe magnifique comme sur la musique, comme par exemple le morceau composé par Riccardo Cocciante et Marco Luberti.

Pour ce rôle qui se déroule à Naples, vous deviez parler napolitain. Vous venez de Lombardie : comment avez-vous travaillé cet aspect linguistique ?

Un mois avant le début du tournage, je suis partie m’établir à Naples pour apprendre le napolitain. À force de fréquenter Paolo et ses proches, mon oreille s’est habituée et je me suis mise à parler en napolitain.

Connaissiez-vous la filmographie de Paolo Sorrentino avant de décrocher ce rôle ?

Oui, et j’adore toute sa filmographie, en particulier La grande Bellezza (2013) que j’ai dû voir plusieurs fois pour comprendre toutes les histoires qui s’y trouvent. Mon préféré est L’amico di famiglia (L’Ami de la famille, 2006) car c’est un film auquel on ne s’attend pas, dérangeant, un film qui vous colle à la peau.

Pour incarner ce premier grand rôle, aviez-vous des actrices de référence ?

Oui, plusieurs ! En Italie, j’adore Sophia Loren, Anna Magnani, Stefania Sandrelli. Côté actrices étrangères, Audrey Hepburn est une immense référence comme Ava Gardner. Dans les actrices contemporaines, Juliette Binoche, je la suis depuis l’époque du film de Leos Carax, Les Amants du Pont Neuf (1991) que j’adore. J’aime beaucoup Penélope Cruz, Julia Roberts, Cate Blanchett, Meryl Streep, Natalie Portman, Valeria Golino et Valeria Bruni-Tedeschi. Et Zendaya, j’aime vraiment les choix qu’elle fait.

Avez-vous des cinéastes préférés et avec lesquels aimeriez-vous travailler ?

J’ai toujours beaucoup aimé Iñárritu, en Italie, j’aime Valerio Mieli, un réalisateur indépendant qui n’a réalisé que deux films (Dieci inverni (2009) et Ricordi (2018), avec Luca Marinelli et Linda Caridi; n.d.l.r.), j’attends son prochain film avec impatience. J’aime Alice Rohrwacher, j’adore le réalisateur de The Triangle of Sadness (2022) et The Square (2017), Ruben Östlund.

Vous avez souligné l’importance de la photographie dans Parthenope et vous êtes la petite-fille du photographe Ugo Mulas : la photographie vous intéresse-t-elle ?

Ma famille est une famille de photographes, mon frère, ma mère (l’artiste et photographe Melina Mulas; n.d.l.r.), ma grand-mère. Cela m’intéresse, puisque je suis née dans ce milieu, mais je n’ai jamais prétendu me sentir photographe. Je laisse les membres de ma famille photographier, je préfère être devant l’objectif (rires). Je préfère être regardée que regarder.

Et la musique ? Votre père, Paolino Della Porta, est contrebassiste jazz : jouez-vous d’un instrument ?

Je joue un peu de guitare, je chante et je compose des chansons. J’aime beaucoup la musique, mon père est musicien, donc travailler avec la musique, que ce soit de manière performative ou simplement en l’écoutant, m’attire davantage. J’aime vraiment tous les genres musicaux.

Cannes est un promontoire pour une carrière dans le septième art : avez-vous beaucoup de propositions pour de nouveaux films ?

Je passe beaucoup de castings mais je préfère me tare à ce sujet. Pour l’instant, j’accompagne la sortie de Parthenope.

Parthenope sort ce mercredi 12 mars 2025 dans les salles romandes.

Firouz E. Pillet

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Firouz Pillet

Journaliste RP / Journalist (basée/based Genève)

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