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De l’importance du court métrage dans l’industrie cinématographique – Soutien au festival de Clermont-Ferrand

Court ne veut pas dire petit. Le court métrage n’est pas un sous-genre mineur du cinéma, il répond aux mêmes logiques artistiques que le long métrage – un mauvais court de 3 minutes peut paraître très long à regarder – et aux mêmes logiques de l’industrie. Le court est certes la marche de départ des étudiants en cinéma, mais il ne se réduit pas à cette fonction. Des réalisateurs et réalisatrices réputé∙es n’hésitent pas à gratifier leur public de courts métrages quand cela correspond à leur moment artistique (Sally Potter, Wes Anderson, Jean-Luc Godard, Denis Villeneuve, Tom Tykwer, Les frères Coen, entre nombreux autres). Le court, c’est aussi le moyen d’expression de cinéastes qui font carrière dans ce format, car il leur permet d’allier tous les genres cinématographiques, y compris le cinéma expérimental et les œuvres qui entrent dans des dispositifs d’art contemporain.

Le court métrage est une fenêtre ouverte sur le monde, dans le sens littéral du terme, où il est plus facile pour des programmateur∙trices de proposer des films provenant de pays cinématographiquement méconnus que pour des longs métrages. C’est aussi une ouverture sur l’univers artistique, les innovations techniques, les essais narratifs. Regarder une programmation de courts métrages qui se constitue en bloc est, pour la spectatrice et le spectateur, un exercice qui demande de l’attention et de l’endurance : à chaque poignée de minutes, il faut quitter un univers pour entrer dans un autre – c’est très enrichissant, parfois déstabilisant. Et c’est bien ainsi que se conçoit l’art cinématographique.

Malheureusement, hors programmation spéciale, il est difficile pour le public d’embrasser du regard ces œuvres. Les cinémas ne proposent plus de court métrage qui jadis faisait office de première partie, les chaînes de télévision ne proposent plus de programmes dédiés, à l’exception notable d’ARTE avec Court-circuit, il ne reste donc plus que les festivals pour s’abreuver à l’abondante fontaine du court métrage. Un des festivals internationaux les plus réputés dans ce domaine est celui de Clermont-Ferrand qui vient de perdre – par décision politique non motivée – la moitié de sa subvention publique, mettant en danger la pérennité du festival.

Traditionnellement, j:mag soutient les festivals de courts métrages, se rend dans quelques-uns d’entre eux et publie régulièrement des critiques et des interviews du monde du court. Clermont-Ferrand étant un acteur majeur dans cet écosystème, nous soutenons le festival dans cette période troublée par une décision unilatérale et diffusons ci-dessous le communiqué de l’association Sauve qui peut le court métrage organise chaque année le festival du court métrage de Clermont-Ferrand et le Marché du Film Court.

Vive le cinéma, vive le court métrage !

Malik Berkati

 

 

Communiqué : Sauve qui peut (la vie)

Le festival du court métrage de Clermont-Ferrand, succès à la fois professionnel, public et populaire, deuxième festival de cinéma français en terme de nombre d’entrées et œuvrant parmi les plus importantes manifestations dédiées à l’émergence cinématographique au monde, vient de perdre plus de la moitié de sa subvention 2023 attribuée par le conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes.

Cette baisse, elle touche en premier lieu notre association, qui comme tou·te·s nos ami·e·s et collègues acteurs et actrices culturel·le·s, vient de traverser une crise sans précédent et affiche pour 2023 un déficit menaçant. Ces difficultés et ce qu’elles présagent quant à l’avenir de notre manifestation, tous nos partenaires publics en ont été avertis, y compris la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Nous ne comprenons pas cette décision, dont les motivations restent floues et sur lesquelles nous n’avons pu dialoguer avec l’ensemble de nos élus régionaux référents.

Cette baisse, elle impacte tout un territoire qui profite chaque année de plus de 11 millions d’euros de retombées économiques directes avec la tenue du festival et de son Marché du Film Court qui attirent des milliers de professionnel·le·s venus du monde entier. Des dizaines d’hôtelier·e·s, de restaurateur·rice·s, de commerçant·e·s, tous les prestataires avec lesquels nous travaillons, sur l’ensemble du territoire régional, et des dizaines de personnes que le festival embauche chaque année.

Cette baisse, elle affecte un public et les citoyen·ne·s qui le composent. Un public nombreux (plus de 160 000 entrées pour le festival en 2023), mobilisé, comptant aussi bien des écolier·e·s, des collégien·ne·s, des lycéen·ne·s, des étudiant·e·s, des ouvrier·e·s, des cadres, actif·ve·s ou retraité·e·s. Un public venu des villes et des champs. Notre festival est un évènement pour tou·te·s, et l’a toujours été.

Cette baisse, elle menace tout l’écosystème du court métrage et plus largement de l’émergence cinématographique que notre festival et notre Marché du Film Court accompagnent depuis plus de 45 ans. C’est un maillon clé de l’industrie du cinéma française, européenne et internationale qui est touché.

Cette baisse, elle vient s’ajouter à l’incertitude qui pèse toujours sur notre bureau d’accueil des tournages, créé il y a plus de 25 ans par notre association et qui pourrait lui aussi disparaître d’un revers de subvention.

Cette baisse, elle altère également d’autres acteur sculturels des territoires, touchés par d’importantes baisses de subventions ces derniers mois, notamment des festivals de cinéma amis comme Plein la Bobine ou le festival du court métrage en plein air de Grenoble. Nous sommes avec vous.

Cette baisse, elle nous met finalement dans une situation dangereuse qui pourrait à court terme signer la fin du festival et celle de notre association.

Nous remercions chacun∙e de vous, qui avez déjà exprimé votre soutien : cinéastes, producteurs et productrices, groupements professionnels, diffuseurs, public d’hier et d’aujourd’hui. Vous nous êtes tous indispensables. Nous en appelons au soutien et à la mobilisation de tous et toutes, du public, de la profession, de nos partenaires privés et publics, du CNC et du ministère de la Culture, pour défendre tout ce que cette baisse menace, pour nous et pour les autres.

Sauve qui peut. Toujours.

Éric Roux, Président, et l’équipe de Sauve qui peut le court métrage

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Malik Berkati

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