Disparition – Firouz Elisabeth Pillet (1968-2025) : Une voix singulière du journalisme culturel romand s’est éteinte
C’est avec une profonde tristesse que la rédaction de j:mag annonce le décès de notre collaboratrice et amie, Firouz Elisabeth Pillet, survenu le 12 décembre 2025 aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Elle était âgée de 57 ans.

Un pilier de la rédaction et une journaliste aux talents multiples
Journaliste érudite et passionnée, Firouz Pillet était un pilier de notre rédaction depuis dix ans. Elle s’était fait connaître pour ses critiques de cinéma, de théâtre et de littérature, toujours marquées par un goût affirmé pour les œuvres fortes, riches de sens social et politique. Animée par un profond sens de la justice et des principes de civilité, elle transposait ces valeurs dans ses analyses, cherchant toujours à éclairer les rapports humains et les enjeux de société.
Initialement formée dans la presse écrite – notamment « à la Suisse », comme elle aimait le souligner, au sein de cet ancien quotidien de référence en Suisse romande où elle avait fait ses classes– , elle possédait un don particulier pour le travail oral. Ce talent l’a menée naturellement vers la radio, où elle a exercé pendant dix-sept ans comme animatrice, réalisatrice et productrice à Radio Cité 92.2 FM.
Au sein de j:mag, elle a su conjuguer ces deux facettes du métier de journaliste RP aguerrie, en proposant des articles écrits intégrant très souvent des interviews audio. Sa maîtrise de plusieurs langues — le français, bien sûr, mais aussi l’allemand, l’anglais, l’italien et l’espagnol, dans lesquelles elle menait ses entretiens avec brio — lui permettait d’ouvrir largement la couverture culturelle du média sur le monde.
Engagement, érudition et humour piquant
Au-delà de son activité professionnelle, Firouz était une personne profondément érudite et ouverte. Forte d’un parcours académique solide — études et licence ès Lettres à l’Université de Genève, Master en Gender Studies, puis Master en Études du développement —, elle savait enrichir la critique culturelle en la reliant, avec une rare justesse, à des thématiques multiples et transversales.
Outre le cinéma, sa grande passion, elle s’engageait sans réserve pour de nombreuses causes, tant humanitaires qu’animalières. Dotée d’un grand cœur, elle faisait preuve d’une générosité constante, donnant sans compter de son temps et de son énergie à ce qui lui semblait juste et nécessaire, tant sur le plan professionnel que personnel.
Dotée d’un humour caustique et d’une belle répartie, elle parvenait souvent à dédramatiser les situations les plus complexes, y compris celles liées à sa santé fragile. Cet esprit vif et son opiniâtreté donnaient parfois lieu à quelques échanges animés avec des attaché·es de presse — des « embrouilles » qui ne duraient jamais, tant elle savait ensuite apaiser les choses avec la même aisance.
Pendant près de trente ans, Firouz a arpenté les principaux festivals de cinéma européens, de Cannes à Venise, en passant par Locarno et Berlin. Elle appréciait tout autant les rendez-vous plus thématiques, tels que le Festival international du film d’histoire de Pessac ou le Festival du film et forum international sur les droits humains de Genève, pour n’en citer que quelques-uns.

Image courtoisie Firouz Pillet
Un courage exemplaire
Depuis hier soir, les messages de condoléances affluent à la rédaction, en provenance de Suisse comme de l’étranger. Tous saluent unanimement le courage dont Firouz a fait preuve durant les années où sa santé a décliné, la vitalité, l’énergie et la vivacité d’esprit qu’elle n’a jamais perdues, ainsi que la passion intacte qui l’animait pour le journalisme culturel.
Firouz laisse un vide immense dans le paysage journalistique culturel romand, au sein de notre rédaction, et un vide plus grand encore dans nos vies personnelles, pour celles et ceux qui ont eu la chance de la côtoyer au quotidien et pour qui elle était devenue une amie chère.
Que la terre soit légère à Firouz.
La date de ses obsèques sera communiquée ultérieurement par sa famille.
Vous pouvez retrouver les articles et entretiens de Firouz ici. Deux autres textes seront publiés en ligne prochainement, à titre posthume.
Malik Berkati, rédacteur en chef
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