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La Nuit du Court de Lausanne le 21 novembre 2025 : Un Festival de Créativité et de Rencontres

Court ne veut pas dire petit. Le court métrage n’est en rien un sous-genre mineur : il répond aux mêmes ambitions artistiques que le long – un mauvais film de trois minutes peut d’ailleurs sembler interminable – et s’inscrit pleinement dans les logiques de l’industrie. Bien qu’il constitue souvent une première étape pour les étudiantes et étudiants en cinéma, il dépasse largement ce cadre. Des cinéastes reconnu∙es, de Sally Potter à Wes Anderson en passant par Jean-Luc Godard, Denis Villeneuve, Tom Tykwer ou les frères Coen, continuent de s’y essayer lorsque ce format correspond à leur moment créatif. Le court est aussi l’outil privilégié de réalisateurs et réalisatrices qui y construisent toute leur œuvre, tant il permet d’explorer tous les genres, y compris l’expérimental ou les formes proches de l’art contemporain.

Le court métrage est également une fenêtre ouverte sur le monde : il offre aux programmateur∙trices une liberté plus grande pour partager des films venus de pays rarement représentés dans les circuits du long. C’est une porte d’entrée vers des propositions artistiques, des innovations techniques, des tentatives narratives. Suivre une programmation entière de courts constitue pour la spectatrice et le spectateur un exercice exigeant : toutes les quelques minutes, il faut quitter un univers pour en embrasser un autre – une expérience riche, parfois déstabilisante, au cœur même de ce qui fait la force du cinéma.

Malheureusement, hors séances spéciales, il est difficile pour le public de découvrir ces œuvres : les cinémas ne proposent plus de court métrage en première partie, les chaînes de télévision ont abandonné leurs cases dédiées – à l’exception notable d’ARTE avec Court-circuit. Les festivals restent aujourd’hui les rares lieux où s’abreuver à cette source généreuse.

C’est dans ce contexte que Lausanne s’apprête à vibrer au rythme de la 28e Nuit du Court, le vendredi 21 novembre. Événement emblématique pour les amatrices et amateurs du format bref, la manifestation réunit créateurs, curieux et passionné∙es dans la ville où tout a commencé il y a plus de vingt-cinq ans. Après douze étapes en Suisse alémanique au printemps, puis treize en Suisse romande et au Tessin cet automne, la Tournée nationale s’achève à Lausanne pour une ultime halte conviviale.

Le programme de cette édition est particulièrement riche : pas moins de 63 films, dont 13 productions suisses, seront proposés dans les cinq salles du Pathé Les Galeries, de 19h à 4h du matin. La sélection couvre la fiction, l’animation, le documentaire, avec des durées de deux à trente minutes et des œuvres provenant de 21 pays. Ce panorama international met en valeur la créativité de cinéastes suisses et étrangers, et permet aux équipes présentes d’échanger directement avec le public.

La soirée s’ouvrira à 19h par une séance 100 % vaudoise en présence des équipes : Qui part à la chasse de Lea Favre, un « ani-doc » primé où la cinéaste en quête d’un sujet documentaire voit sa recherche se retourner contre elle; Bételgeuse de Loïc Pidoux, qui suit trois jeunes artistes en quête d’avenir ; et Le film de sa vie de Jules Carrin, une comédie nostalgique autour d’un cinéaste revenant sur les lieux de son enfance. Cette séance bénéficiera également d’une audiodescription en français pour le public aveugle et malvoyant, confirmant l’engagement du festival pour l’accessibilité.

Qui part à la chasse de Lea Favre
Image courtoisie Nuit du Court métrage

L’association lausannoise Base-Court, organisatrice de l’événement, a imaginé plusieurs séances thématiques, de la joie des relations humaines aux questions de pouvoir, en passant par des réflexions sur l’humanité ou des célébrations de résistances féminines. D’autres programmes exploreront l’intelligence artificielle, l’amitié perdue, ou encore la manière dont les stéréotypes de genre peuvent être bousculés avec humour.

Parmi les films suisses, deux productions vaudoises se distinguent. Dans la séance Swiss Shorts (21h), Maman danse de Mégane Brügger, documentaire délicat sur une relation mère-fille marquée par la violence conjugale, sera projeté. Popcorns de Gabriel Murisier, comédie satirique sur les rapports familiaux, figurera quant à lui dans les séances Écoute l’amer à 21h et 1h45. Ces œuvres témoignent de la diversité du cinéma helvétique et de sa capacité à aborder des sujets sensibles et actuels.

La Nuit du Court de Lausanne ne se limite pas aux projections. Juste avant la séance de clôture, trois distinctions seront remises : le Prix du Public de Lausanne, le Prix du Public de la Tournée et le Prix du Jury des jeunes de Lausanne.

Enfin, comme le veut la tradition, les noctambules seront accueilli∙es à 4h du matin avec café et croissants, dans une ambiance chaleureuse pour conclure cette nuit dédiée au format court.

Programme complet : https://www.nuitducourt.ch/lausanne-2025

Malik Berkati

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