Lausanne : Etienne Delessert est mis à l’honneur sur ses terres d’origine à l’Espace Arlaud
Le dessinateur, illustrateur, dessinateur de presse, peintre, graphiste, écrivain, entrepreneur dans les domaines de l’édition et du dessin animé vaudois, décédé en 2024, a laissé derrière lui une œuvre foisonnante et riche d’ambiguïtés à laquelle l’Espace Arlaud de Lausanne rend hommage dans l’exposition Etienne Delessert. Illuminateur jusqu’au 29 juin 2025.
Image courtoisie État de Vaud (Succession Etienne Delessert)
Plateforme 10 et ses musées s’associent aux Archives cantonales vaudoises et à la Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne afin de rendre hommage à Etienne Delessert (1941-2024), à la renommée internationale, qui avait fondé en 1973 la société Carabosse, qui concevait et réalisait des dessins animés pour la télévision, et qui a créé les éditions Tournesol en 1978 avec Anne van der Essen. Après un début de carrière dans sa région natale, il exporte son talent à Paris puis à New York avant de s’installer, en 1985, à Lakeville dans le Connecticut.
Récompensé par le Grand Prix suisse du Design en 2023, Etienne Delessert laisse une œuvre foisonnante, bigarrée et contrastée. De l’univers coloré et enchanteur de Yok-Yok, petit personnage à bonnet rouge, un chapeau de champignon qui vit dans une coquille de noix, et qui a accompagné plusieurs générations d’enfants dans les années septante et quatre-vingts, à des compositions plus sombres, teintées d’absurde et d’anxiété, son travail navigue entre lumière et ombre, entre fantaisie et mystère. Peu avant sa disparition, l’artiste a fait don de 220 œuvres originales au Canton de Vaud, aujourd’hui réparties entre les Archives cantonales vaudoises et l’Iconopôle de la BCUL, d’où la richesse des archives concernant son œuvre. L’exposition à l’Espace Arlaud, confiée aux soins de Sébastien Dizerens, historien de l’art indépendant et commissaire de l’exposition, s’avère particulièrement riche, réunissant des œuvres issues de ces collections et de prêts internationaux, offrant un regard inédit sur son parcours.
L’œuvre d’Etienne Delessert, à la fois foisonnante et riche d’ambiguïtés, se révèle lumineuse, avec Yok-Yok, le fameux petit lutin au grand chapeau rouge, ou encore une multitude de personnages colorés ou l’extraordinaire bestiaire dont le chat est roi. Grâce à l’ensemble des œuvres présentées par l’exposition, une expression sombre et angoissée, née d’une imagination plus inquiète, proche du théâtre de l’absurde. Entre ombre et lumière, illustrations pour enfants, affiches publicitaires (ses premières amours) et tableaux ténébreux, l’artiste, en « illuminateur » de mondes multiples et variés, a fait preuve d’une imagination débordante tout au long de sa carrière artistique.
Image du livre de Jacques Poget Étienne Delessert, Peintre vaudois. Droits réservés.
Peu avant de s’envoler pour son repos éternel au paradis des artistes, Etienne Delessert avait souhaité léguer 800 pièces au Musée Jenisch, à Vevey, qui avait décliné une offre si abondante. Le Canton de Vaud a donc pris 100 aquarelles et peintures. Les autres sont allées à des institutions américaines, ce que l’artiste n’a guère apprécié. Il faut souligner que si Etienne Delessert avait beaucoup affection pour son canton d’origine, la réciproque n’était pas flagrante. « Nul n’est prophète en son pays » ! Mais l’exposition de l’Espace Arlaud répare cette injustice.
Pour poursuivre ce voyage dans l’univers de l’artiste, un petit livre de pages. 64 pages, Etienne Delessert, peintre vaudois, signé Jacques Poget, vient de paraître aux Editions inFOLIO dans la collection Presto.
Rappelons que des travaux ont lieu sur la place de la Riponne jusqu’à l’été 2025, mais l’Espace Arlaud demeure accessible pendant cette période.
Firouz E. Pillet
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