Le côté ensoleillé de la Fédération de Bosnie-Herzégovine 2018
Pour rafraîchir et améliorer le tourisme culturel de Bosnie-Herzégovine deux institutions ont uni leurs efforts et savoir-faire en créant la sortie de “personnages historiques” dans les rues de la capitale.
Ville martyre, Sarajevo est actuellement une destination très attractive, visitée ces dernières années par un nombre considérable de touristes et curieux du monde entier. Le projet intitulé Le côté ensoleillé de la Fédération de Bosnie-Herzégovine 2018 semble s’inscrire dans le souhait des autorités et acteurs culturels de la région d’offrir aux visiteurs une meilleure image de Sarajevo! Cette action a été imaginée et élaborée par le Centre d’Art Obala et l’agence PRimera de Mostar avec le soutien du Ministère du tourisme et de l’environnement.
De juillet à fin octobre sont organisées de telles manifestations dans la plus grande entité de Bosnie-Herzégovine. Ces jours-ci quatre acteurs et une actrice ont incarné à la perfection d’importantes figures liés à l’histoire du pays. Il s’agit de François-Ferdinand d’Autriche, de sa femme Sophie Chotek, comtesse d’origine tchèque et de Gavrilo Princip, l’étudiant qui a assassiné le couple princier d’Autriche et ainsi déclenché la Grande Guerre. La période turque est évoquée par Gazi-Husrev beg et Isa-Beg Ishaković, progressistes de leur temps, issus du peuple bosnien. Bien sur, le “trio autrichien” a été plus sollicité et médiatisé que les Ottomans. Des comédiens choisis dans toute la fédération, très souriants, bien préparés se sont longuement laissés photographier en répondant aux nombreuses questions des touristes, avec humour et intelligence. Tous parlent très bien anglais. Seul Deni Mesic qui incarne Princip a eu quelques petits problèmes, mais il a su les résoudre sans grande difficulté.
Une réalité moins reluisante
En apparence une présentation du pays sympa et bien originale, certes! Mais il ne faut pas oublier qu’elle se joue à Sarajevo: la Bosnie-Hérzégovine, coupée en deux depuis la guerre fratricide des années 1990, n’avance pas!
Demi protectorat de l’UE représenté par le diplomate autrichien d’origine slovène, Valentin Inzko, elle est gouvernée par une lourde bureaucratie et les présidents des différents communautés – qui ne se supportent pas. Deux entités sont en opposition permanente et le Haut représentant Inzko n’arrive toujours pas à instaurer des relations acceptables entre les différents partis et dirigeants. Néanmoins il a réussi à maintenir la paix, charge principale de son mandat.
La moitié des habitants est au chômage et de très nombreux Bosniens sont partis en occident, surtout dans les pays scandinaves et aux États-Unis. De leur côté, la Croatie et surtout la Serbie, qui a dû renoncer à sa province autonome du Kosovo, ne cachent plus leurs vieux intérêts territoriaux: depuis nombreuses années elles œuvrent lentement mais sûrement pour la dissolution de la Bosnie-Herzégovine, son partage et son découpage.
Mais ce petit pays balkanique fondé au 9ème siècle a survécu à tant de tragédies et de catastrophes qu’il essaye actuellement de survivre …seul… en plein cœur de l’Europe.
Djenana Mujadzic
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