Martigny : la Fondation Gianadda propose « Les années fauves » et orne ses cimaises avec des œuvres représentatives du Fauvisme jusqu’au 21 janvier 2024
Au Salon d’Automne en 1905, les peintres fauves exposent leurs œuvres dans la salle qui leur est consacrée. Les peintures de ce groupe d’amis font sensation en exaltant la couleur pure, suscitant l’indignation du public scandalisé et inspirant au journaliste et critique en vogue Louis Vauxcelles une expression qui fera date : alors que le critique découvre un buste d’Albert Marque, il clame : «Donatello parmi les fauves» ! Son commentaire donnera naissance au vocable Fauvisme, ce mouvement très bref qui se déroule entre 1905 et 1908.
Cette avant-garde du XXème siècle réunit des peintres comme Henri Matisse, Henri Manguin, André Derain, Maurice de Vlaminck, Georges Rouault, Albert Marquet, Raoul Dufy, Georges Braque, et consorts, des artistes qui contribuent à la libération des tonalités en recourant à la couleur pure et en l’exaltant. Les Fauves enflamment les paysages de la Seine et les villages de Chatou, de Collioure, d’Argenteuil et de la Normandie qui font partie des paysages effervescents peints par ce groupe d’amis.
L’exposition que présente la Fondation Gianadda propose des peintures, mais aussi des sculptures, des céramiques, des œuvres graphiques, réalisées par quelque vingt artistes, ainsi que des statuettes issues de divers pays d’Afrique comme le Gabon, la Guinée et qui ont influencé les Fauves. Les inventeurs du Fauvisme regorgent d’une inspiration et d’un talent tout feu tout flammes et créent avec «une énergie vitaliste» un feu d’artifices dans l’éventail des expressions artistiques du XXème siècle. Comme le souligne Fabrice Hergott, directeur du Musée d’Art moderne de Paris, cité dans le catalogue de l’exposition élaboré par la Fondation Gianadda, les œuvres exposées « témoignent de l’extraordinaire effervescence créatrice de la scène artistique de l’époque ».
À maintenant quatre-vingt-huit ans, Léonard Gianadda, affaibli, ne quitte plus guère ses pénates, mais met un point d’honneur à assister aux concerts ainsi qu’aux vernissages des expositions. L‘Octodurien d’origine piémontaise a eu de nombreuses vies – reporter-photographe, ingénieur, promoteur immobilier et mécène. Son mécénat l’a amené à créer trois fondations : la Fondation Pierre Gianadda, la Fondation Annette et Léonard Gianadda et la Fondation Léonard Gianadda. Au fils des ans et des rencontres, il a développé des contacts enrichissants et soutenus avec de nombreux musées et des collectionneurs du monde entier et s’est constitué un solide carnet d’adresse qui permet à la Fondation d’accueillir les œuvres constituant Les années fauves.
Poursuivant sa mission de passeur, Léonard Gianadda a été en personne chercher dans la Ville Lumière les tableaux d’André Derain, d’Albert Marquet et de Raoul Dufy que la Fondation Gianadda a permis au Musée d’art moderne de la Ville de Paris d’exposer. En partenariat avec son directeur, Fabrice Hergott, l’exposition a été concoctée par son assistante, Jacqueline Munck, conservatrice et commissaire de l’exposition Les années fauves.
Si la Fondation Pierre Gianadda a réussi à réunir une centaine d’œuvres provenant du Musée d’Art moderne de Paris ainsi que de musées français et de collections privées, elle a dû faire face à un fâcheux calendrier alors que le Kunstmuseum de Bâle propose, depuis le 2 septembre, Matisse, Derain und ihre Freunde dans son Neubau. Mais la Fondation n’y a pas vu ombrage et a prêté plusieurs œuvres de sa collection à son homologue bâlois.
Venue du Jutland pour apprendre le français à Genève, Martha Digiacomi Fuglsang y a étudié et est établie depuis quatre décennies en Valais. Elle œuvre en tant qu’historienne de l’art et guide conférencière à la fondation. Avec dynamisme et passion, Martha Digiacomi Fuglsang nous livre de nombreuses explications et précisions sur les fauves, sur la spécificité de leurs créations et sur les œuvres exposées à Martigny:
Firouz E. Pillet
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