Plagiat dans un rapport scientifique : l’Université de Genève retire son étude et reporte son débat public
Le Rectorat de l’Université de Genève (UNIGE) a annoncé le retrait immédiat d’un rapport controversé après la révélation d’un cas de plagiat. Le document, élaboré par un comité scientifique mandaté pour clarifier le rôle des universités dans le débat public, contenait un passage directement inspiré des travaux d’une chercheuse d’Oxford, sans citation appropriée. Une enquête interne est en cours, et une version corrigée du rapport est demandée.
Un comité scientifique sous le feu des critiques
En mai 2024, l’UNIGE avait constitué un comité scientifique composé d’universitaires et d’experts externes, chargé de réfléchir à la place des institutions académiques dans les débats sociétaux à la suite de l’occupation pro-palestinienne d’Uni-Mail en mai 2024. Après onze réunions et douze auditions, le groupe avait rendu son rapport fin février 2025, incluant sept recommandations. Parmi elles, une proposition de « réserve institutionnelle », suggérant que les autorités universitaires évitent de se prononcer sur des questions politiques, sauf si celles-ci affectent directement leurs missions.
Pourtant, le 4 avril, le quotidien Le Courrier révélait que le chapitre 3.3 du rapport, expliquant cette notion, reprenait de manière très proche – sans la citer – les analyses de Cécile Laborde, professeure de théorie politique à l’Université d’Oxford. Face à cette découverte, le rectorat a reconnu le plagiat.
Retrait du rapport et report du débat
Lors d’une séance extraordinaire ce lundi 7 avril, l’UNIGE a décidé de retirer le document de son site internet. Elle a également reporté le Town Hall prévu le 8 avril, estimant que les conditions d’un débat apaisé n’étaient plus réunies.
Dans un communiqué, l’institution a annoncé avoir saisi à nouveau le comité scientifique pour corriger le chapitre incriminé et garantir la conformité du rapport avec les règles éthiques de l’Université. « Les travaux de la professeure Cécile Laborde devront notamment faire l’objet d’un référencement scientifique correct ». Le président du comité, rédacteur du passage problématique, ne participera pas à cette révision.
Une position institutionnelle reportée, mais maintenue
Malgré ce scandale, le rectorat a confirmé qu’il présenterait sa prise de position sur le rôle des universités dans le débat public, initialement prévue pour le 24 avril, avant la fin du semestre de printemps.
Pour l’instant, aucune mesure disciplinaire n’a été annoncée, mais l’affaire jette une ombre sur un processus censé renforcer la crédibilité de l’UNIGE dans les discussions de société. Le rectorat, par son retrait rapide du rapport, semble vouloir montrer une réaction face à ce manquement aux standards académiques alors que des poursuites judiciaires de la part de la professeure plagiée et de son université restent possibles.
Une affaire à suivre, alors que la question de la neutralité universitaire continue de diviser le monde académique.
Malik Berkati
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