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Prodigieuses, de Frédéric et Valentin Potier, s’inspire d’une histoire vraie pour livrer un film musical délicat et émouvant sur la résilience. Rencontres

Depuis de nombreuses années, c’est en famille que Frédéric et Valentin Potier travaillent ensemble, père et fils. Un fait rare dans le septième art ! Le tandem s’est intéressé à l’histoire des jumelles Audrey et Diane Pleynet, pianistes virtuoses qui découvrent, à peine acceptés dans la célèbre Hochschule für Musik de Karlsruhe, qu’elles sont atteintes d’une maladie orpheline qui les condamne à ne plus jouer du piano. Face à ce terrible coup du sort, les jumelles redoublent d’efforts et travaillent sans répit en optant pour une façon peu conventionnelle, donc guère académique, de jouer. Une technique qui leur est propre et qui s’apparente à une sorte de « danse des avant-bras ».

— Camille Razat et Mélanie Robert – Prodigieuses
Image courtoisie Agora Films

Dans le film des Potier, Claire (Camille Razat, vue dans Emily in Paris) et Jeanne (Mélanie Robert, Vivre sans eux), jumelles pianistes virtuoses, sont admises dans une prestigieuse université de musique dirigée par l’intraitable professeur Klaus Lenhardt (August Wittgenstein). Elles portent ainsi l’ambition de leur père Serge (Franck Dubosc) entièrement dévoué à ses jeunes prodiges de filles et qui a tout sacrifié pour faire d’elles les meilleures. Quant à la mère de famille, Catherine (Isabelle Carré), elle a renoncé à une carrière professionnelle prometteuse pour se consacrer à son conjoint exigeant et à leurs filles. Quand une maladie orpheline fragilise peu à peu les mains des adolescentes et compromet brusquement leur ascension, le séisme est familial. Refusant de renoncer à leur rêve, et à l’insu de leurs parents, les jumelles vont devoir se battre et se réinventer pour devenir, plus que jamais, prodigieuses.

Frédéric et Valentin Potier avaient uni leurs talents pour réaliser deux courts-métrages : Zoreil Tony (2007) et 216 mois (2012). Avec Prodigieuses, le duo signe son premier long-métrage qui partage avec les deux courts métrages des thèmes communs, comme la musique, le handicap et la différence.

Le destin hors du commun et le parcours professionnel exceptionnel des jumelles Pleynet avait déjà inspiré le septième art; Niels Tavernier avait parlé de leurs parcours dans son documentaire, Le mystère des jumeaux (2009).

Les cinéastes ont rencontré Audrey et Diane Pleynet qui ont donné leur aval pour qu’un long métrage voie le jour et ont donné carte blanche aux Potier pour l’écriture du scénario tout en leur livrant une pléthore d’anecdotes sur leur histoire.

Initialement, Frédéric et Valentin Potier souhaitaient filmer deux vraies jumelles capables de jouer la comédie et, dans l’idéal, parfaitement du piano. Devant un tel défi à relever, ils ont organisé un casting lors duquel ils ont découvert Camille Razat et Mélanie Robert qui présentent une ressemblance physique particulièrement troublante. En les auditionnant séparément, le duo de cinéastes a découvert que les deux actrices sont amies dans la vie depuis le lycée, et ont même vécu ensemble en colocation. Le résultat sur grand écran est époustouflant et emporte le public dans les virevoltes gracieuses et aériennes des mains des actrices sur le clavier des pianos. Mais pour parvenir à une telle symbiose dans les attitudes et dans les gestes, la préparation fut un long et exigent labeur.

Bien que le film fasse appel à deux doublures, les deux actrices n’ayant jamais joué de piano de leur vie ont appris, par souci de véracité, à jouer avec des coachs musicaux pendant huit mois, au point d’en avoir des tendinites ! Le résultat est troublant d’authenticité.

Aux côtés des deux jeunes comédiennes, Isabelle Carré joue, comme à l’accoutumée, tout en finesses et en nuances alors que Frank Dubosc surprend le public dans un registre dramatique dans lequel on n’est guère habitué à le voir. L’acteur, qui incarne ici un père ancien champion d’apnée, à la fois tyrannique, exigeant et ambitieux envers ses filles, donne une prestation très convaincante qui ajoute une corde à son arc d’interprétations.

Venus présenter leur film à la 20e édition du Festival du Film Français d’Hélvétie à Bienne et y échanger avec le public, le duo de cinéastes s’est livré sur le travail de documentation et de recherches en amont, sur les exigences d’interprétation pour les deux jeunes actrices, sur la bande-son qui joue un rôle crucial dans Prodigieuses.

Rencontres:

Avec Frédéric et Valentin Potier

 

Avec Mélanie Robert

 

Firouz E. Pillet

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Firouz Pillet

Journaliste RP / Journalist (basée/based Genève)

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