Sortie en Suisse romande de Limonov – La ballade de Kirill Serebrennikov
À la fois militant, révolutionnaire, dandy, voyou, majordome ou sans abri, Edouard Limonov a gravé son nom de plume dans l’histoire des écrivains comme dans l’histoire des artistes russes en tant que poète enragé et belliqueux, agitateur politique qui incite à la révolution, bête noire des autorités soviétiques puis russes, romancier de sa propre grandeur. En effet, la modestie n’étouffait pas ce personnage insolite et iconoclaste.
La vie d’Edouard Limonov, comme une traînée de soufre, est synonyme d’un voyage à travers les rues agitées de Moscou et les gratte-ciels de New-York le temps de son exil, puis les ruelles de Paris en passant par les geôles de Sibérie pendant la seconde moitié du XXe siècle : Kirill Serebrennikov avait une abondante matière à disposition pour réaliser ce film. À l’image de la vie de cet infatigable trublion, le film est réparti en plusieurs chapitres consacrés à chaque période de sa vie.
Quand il s’agit de biographies plus que de biopics, le cinéaste russe brille dans cet exercice. Quel que soit le sujet qu’il traite, Kirill Serebrennikov excelle et peaufine la forme comme le fond. Qu’il plonge le public dans l’univers psychédélique entre rêve et cauchemar, suivant le musicien et leader du groupe Leto, Kino Viktor Tsoi (2018), dans un film musical sur l’émergence du rock soviétique des années 1980, qu’il parle d’une journée dans la vie d’un dessinateur de bandes dessinées et de sa famille dans la Russie post-soviétique dans La fièvre de Petrov (2021), qu’il se consacre à Antonina Miliukova, jeune femme brillante, épouse effacée et bafouée du compositeur du Lac des cygnes Piotr Tchaïkovski qui vit péniblement ses amours contrariées, c’est toujours convaincant et brillant.
Limonov – The Ballad ne dément pas la réputation que s’est fait le réalisateur. Porter à l’écran la vie de Limonov représentait un défi de taille vu les multiples facettes de l’artiste. À la sortie de son livre Limonov, l’écrivain français Emmanuel Carrère résumait le personnage en ces termes : (…)
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