Un monument aux victimes de Srebrenica érigé à Paris – Trente ans après, la France rend hommage
Sur l’avenue des mémoriaux du cimetière parisien du Père-Lachaise, l’un des plus célèbres du Vieux Continent, un monument dédié aux victimes du génocide de Srebrenica a été inauguré le 25 juillet. Cette stèle, inspirée des stèles bogomiles bosniennes médiévales, a été installée à proximité des monuments commémorant le génocide des Tutsis au Rwanda et celui des militaires français·es tombé·es pour la liberté durant la Seconde Guerre mondiale.
Œuvre du sculpteur Admir Halilović, ce projet a été initié par l’ONG Solidarité avec la Bosnie-Herzégovine (SIBH France), en collaboration avec l’Association Solidarité Bosnie de Genève, la Fédération des mères pour la paix (France), l’Association d’amitié franco-bosnienne de Nantes, Enfants Europe Bosnie (France), Mir Sada (Lyon), l’Association Mémorial France, le Collectif « Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre », le Centre culturel Dzemat Paris, le Centre culturel bosniaque d’Annecy, l’Association bosniaque de France (Valentigney) et l’Association UMB Srebrenica 95 (France).
Image courtoisie Boris Jamet-Fournier
Un acte de mémoire essentiel
La cérémonie s’est tenue en présence de Denis Bećirović, membre de la présidence collégiale de Bosnie-Herzégovine, de la maire de Paris Anne Hidalgo, d’Anne-Marie Descôtes, secrétaire générale du Quai d’Orsay, et d’Éric Pliez, maire du 20ᵉ arrondissement. David Simonović, président de SIBH-France, a souligné :
« Ce monument incarne un devoir de mémoire et un rempart contre l’oubli. Il rappelle le massacre perpétré en juillet 1995, où 8 372 personnes, adultes et adolescent bosniens furent exécutées par les forces armées serbes de Bosnie et de Serbie, malgré la présence des casques bleus de l’ONU dans cette zone pourtant déclarée “protégée”. »
Reconnu comme génocide par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) et la Cour internationale de justice (CIJ), ce crime reste un marqueur des défaillances de la communauté internationale.
Contexte politique et symbolique
Le président Bećirović, arrivé la veille à Paris, a profité de cette occasion pour consolider les liens diplomatiques entre les deux pays. Lors de rencontres avec des responsables français·es, il a évoqué la candidature de la Bosnie-Herzégovine à l’Union européenne, soulignant l’importance d’un partenariat stratégique avec la France.
Cette inauguration revêt une portée particulière dans un contexte bosnien tendu : les autorités de la Republika Srpska (entité serbe) continuent de remettre en cause la reconnaissance du génocide. Malgré les décisions judiciaires internationales, les courants nationalistes persistent dans le déni des faits.
En érigeant ce mémorial, la France offre une visibilité cruciale à la mémoire des victimes de Srebrenica – un geste indispensable face à la montée des révisionnismes qui menacent les fondements de la justice internationale.
Djenana Djana Mujadzic
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