À Genève, la nouvelle saison de Ponticello, concoctée par Ophélie Gaillard et Marina Viotti, promet de riches événements musicaux dans des lieux emblématiques de la scène culturelle. Rencontre
Le charme de la saison 2024 de Ponticello, un festival fait par des artistes pour des artistes, est de réunir quantité de stars de la scène actuelle, toutes chapelles confondues, aux côtés de jeunes talents dans un même concert.
Alors que le confinement nous isolait chacun.e de notre côté, la violoncelliste Ophélie Gaillard cherchait la parade afin que les musiciens se retrouvent pour partager leur passion de la musique. D’abord en solo, Ophélie Gaillard convie la chanteuse lyrique mezzo-soprano Marina Viotti à la rejoindre dans ce projet. Lorsque deux musiciennes hors pair se rencontrent, leur programmation regorge d’idées novatrices et fait des étincelles !
Incubateur de talents imaginé en pleine pandémie, Ponticello réunit sur scène les stars de demain et des artistes majeurs de la scène musicale internationale. C’est d’abord une saison de concerts, « Ouvertures », concoctée avec soin où parité, innovation, solidarité et excellence riment avec une imagination débridée.
Dans l’édition 2024 se mêlent les créations de jeunes talents exceptionnels formés en Suisse romande aux côtés de stars à l’écoute des pulsations du monde. Chaque soirée invite à vivre une nouvelle aventure. Les musiciens de Ponticello livrent leurs talents sur divers répertoires de jeu : musique contemporaine, baroque, jazz, musique du monde, grand répertoire revisité avec gourmandise, sans oublier la danse, la littérature ou la vidéo !
Ophélie Gaillard : biographie et parcours
Élue «Révélation soliste instrumentale» aux Victoires de la Musique Classique 2003, elle se produit depuis en récital aussi bien en Asie qu’en Europe et est l’invitée des orchestres les plus prestigieux tels que l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, l’Orchestre National de Metz, l’Orchestre Philharmonique Royal, l’Orchestre Symphonique National Tchèque ou le New Japan Philharmonic. Nourrissant une curiosité insatiable, un goût du risque, un appétit immodéré pour tout le répertoire de violoncelle de concert sans frontières ni querelles, Ophélie Gaillard développe un engagement citoyen et un amour inconditionnel de la nature. Voilà les qualités qui lui ont permis de se distinguer très tôt en tant que brillante interprète franco-suisse.
Pédagogue recherchée, Ophélie Gaillard est professeur à la Haute École de Musique de Genève depuis 2014 et est régulièrement invitée à des master classes et comme membre du jury de grands concours internationaux (ARD de Munich, Concours de Genève, Biennale de violoncelle, à Amsterdam, Isang Yun en Corée, Bach à Leipzig…).
Pour les mélomanes comme pour les violoncellistes, précisions qu’Ophélie Gaillard joue un violoncelle de Francesco Goffriller 1737 généreusement prêté par le CIC et un violoncelle piccolo flamand anonyme.
Dans le jargon des instrumentistes à cordes, il existe des termes à la sonorité quelque peu exotique et dont la signification n’est certainement pas connue de tout un chacun. Jouer pizzicato ou encore jouer « sul ponticello » semble couler de source pour les musiciens d’instruments à cordes, mais demeurent bien mystérieux pour le quidam. Pour les instruments à cordes, la manière traditionnelle de produire un son consiste à passer l’archet sur la corde, entre la touche – l’endroit où l’on place les doigts – et le chevalet. Le chevalet est la petite pièce de bois au milieu des violons, altos, violoncelles et contrebasses qui maintient les cordes en tension, un peu surélevées par rapport à la table des instruments.
Mais il existe une technique instrumentale pour instruments à cordes, pour laquelle les instrumentistes n’ont pas besoin d’archet. La main droite, qui tient l’archet, est libérée et les musiciens peuvent ainsi jouer pizzicato, ce qui consiste à pincer les cordes avec les doigts de cette main droite. Le pizzicato n’est pas le seul mode de jeu possible sur un instrument à cordes. En effet, il en est un, peut-être moins connu, qui se nomme « ponticello », d’où le nom malicieusement choisi par Ophélie Gaillard pour son association et son festival. Lorsque, sur une partition, il est mentionné que des notes doivent être jouées « sul ponticello », qui signifie en italien, « sur le chevalet », cela signifie donc que l’archet doit être placé sur le chevalet pour produire ces notes. Ce mode de jeu « sul ponticello » produit un son très particulier, grinçant, un peu strident, un peu effrayant.
Les autres facettes de Ponticello
Ponticello se consacre également à la médiation dans son Autre Saison : des concerts à l’hôpital, en EMS, pendant le temps périscolaire, bref, de quoi faire palpiter tous les cœurs mélomanes ! Enfin Ponticello organise le concours Dare !, destiné aux étudiants des écoles supérieures de musique de nos régions. La nouvelle saison Ouvertures de ce fabuleux projet genevois sera concentré autour de deux longs week-ends, du 18 au 21 avril et du 10 au 13 octobre 2024.
Rencontre avec Ophélie Gaillard qui nous en dit plus sur cette édition 2024:
Firouz E. Pillet
© j:mag Tous droits réservés