ALFILM: 7è édition du Festival du film arabe de Berlin
Changement de centre et de salles de cinémas pour la 7è édition du Festival du film arabe de Berlin, mais une qualité de programme qui reste la même ! Depuis ses débuts, le festival offre une très belle vitrine d’un cinéma aussi divers que les pays – avec leurs différences culturelles et régionales – présentés, avec cependant certaines thématiques et esthétiques convergentes.
Le cœur du festival se trouve à présent sur Potsdamer Platz, aux cinémas Arsenal – haut lieu de la cinémathèque et de l’Institut cinématographique et de l’art vidéo. Et il est bon de rappeler que les cinémas arabes font partie du 7è art au même titre que les autres cinémas de ce monde, et ceci depuis les premiers pas du cinéma : en 1896 déjà, à Alexandrie, il était possible de voir les premières projections des Frères Lumière et les premiers films « arabes » ont été tournés dès la fin des années 1910. Le cinéma des pays arabes est de nos jours presque exclusivement attendu sur le terrain politique ou sociétal, comme si ces régions ne pouvaient pas produire de proposition artistique au 21è siècle après avoir inondé pour certaines d’entre elles de leurs Lumières la civilisation de laquelle l’occident se réclame.
Dans la sélection officielle, seize films (de fiction et documentaires), deux programmes de court-métrages et un programme de films expérimentaux. Du Maghreb au Proche et Moyen Orient, ALFILM offre un voyage dans la réalité comme dans la poésie, en passant par les étapes salutaires de l’humour grâce à des réalisatrices et réalisateurs de différentes générations maniant avec ingéniosité – et parfois avec beaucoup de courage – les différents genres que l’art cinématographique offre à ses créateurs pour s’exprimer.
Le programme de la sélection officielle
Cette année un « spotlight » permettra de mettre le projecteur sur une très belle thématique : Cousins/Cousines. Identités arabes et juives dans le discours culturel postcolonial. Sujet hautement présent dans la dramatique actualité du Proche Orient, totalement réduit au conflit israélo-palestinien, il mérite en vérité un élargissement de la focale, ces cousins et cousines, sur tout l’arc des pays arabes et arabo-berbères ayant vécu ensemble depuis des millénaires. À côté des films touchant ce sujet, une discussion aura lieu le 8 avril avec Ella Shohat, chercheuse spécialiste de la culture, les cinéastes Kathy Wazana, Nadia Kamel et Hassan Benjelloun, ainsi que le critique de films Jay Weissberg.
Petite sélection j:mag:
Le cinéma tunisien en pleine forme après la sélection d’Inhebbek Hedi à la Berlinale 2016 et l’Ours du meilleur acteur pour Majd Mastoura, ALFILM s’ouvre sur À peine j’ouvre les yeux de la jeune réalisatrice Leyla Bouzid.
Geographies de Chaghig Arzoumanian, qui recompose de manière très poétique le chemin de l’exil de ses grands-parents.
Love, Theft and other Etanglements film palestinien de Muyad Alayan, une fable comique restituée de très belle manière par une esthétique en noir et blanc.
In the Last Days of the City de Tamer El Said, où fiction/non-fiction, amour/haine s’entrechoquent dans une ode à la ville du Caire.
Forget Baghdad du cinéaste suisse Samir qui avait déjà abordé l’histoire de sa famille irakienne en 2002 avant son documentaire très remarqué de 2015, Iraqi Odyssey [notre interview en allemand de Samir lors de la Berlinale 2015].
Pour les amateurs de musique algérienne de style chaabi, à ne pas manquer ce très beau – et émotionnel – documentaire El Gusto de Safinez Bousbia qui illustre à merveille la rencontre judéo-arabo-berbère dans l’art.
Et parce que revoir un film de ce maître égyptien du cinéma mondial est toujours un grand moment cinématographique, Alexandia…. Why ? de Youssef Chahine, premier volet de sa trilogie sur sa ville natale.
Du 6 au 13 avril 2016 http://www.alfilm.de
Malik Berkati, Berlin
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