#BackToCinema – Where We Belong, de Jacqueline Zünd, ou les affres du divorce vu par les enfants
«Normal», quel mot. Ordinaire. Par quoi est-il mesuré? Y a-t-il une sorte d’échelle? Et si oui, pourrais-je le voir s’il vous plaît et le détruire, merci! »
Voilà comment est présenté le film de Jacqueline Zünd dans la programmation de la soixante-neuvième Berlinale en février 2019.
Les parents se séparent, les enfants sont laissés pour compte. La réalisatrice Jacqueline Zünd donne à cinq enfants de parents séparés un espace pour rapporter ce que signifie être abandonné par un parent ou avoir à choisir entre eux. Ils regardent en arrière de manière réfléchie et autocritique, affichant une perspicacité impressionnante dans leur analyse non seulement de leurs propres états émotionnels, mais aussi de ceux de leurs parents.
La cinéaste tisse des entrevues avec des scènes atmosphériques de la vie quotidienne et capture ce qui reste tacite. Seul dans les brumes montagneuses montantes.
Dès la séquence d’ouverture, le ton est donné : la caméra de filme des jumelles jouant sous l’eau dans une piscine. Puis un frère et une sœur dansant dans les lumières éblouissantes d’une foire. Peut-être que ces jeunes savent mieux où ils appartiennent que les adultes eux-mêmes.
Du moins, c’est ce que tente de démontrer, assez maladroitement et par un tempo lénifiant, le documentaire de Jacqueline Zünd qui interrogent les enfants Alyssia Pascale et Ilaria Pascale, Carleton Gogel, Sherazade Gogel et Thomas Kurmann.
Si l’intention de Jacqueline Zünd d’autopsier le séisme que représente une séparation parentale tant pour les enfants que pour leurs parents est louable, la forme laisse à désirer.
La trame d’une famille qui s’effondre relie les témoignages mais chaque enfant a son ressenti, ses émotions, sa vision de ses parents qui se déchirent. De cette unité désormais révolue émergent deux mondes distincts, voire antagonistes.
En constante évolution, souvent plus clairvoyants que leurs parents, les enfants vivent désormais entre deux foyers, dans une indubitable propulsion à l’âge adulte.
Le film de Jacqueline Zünd aborde un phénomène de société devenu dorénavant fréquent et banal, filmant au près la réalité de ces enfants sacrifiés sur l’autel des séparations, ballotés, tiraillés et fragilisés. A travers ces témoignages, on découvre le courage, la perspicacité et la résilience de ces enfants mais, malgré la force de leurs paroles, on regrette définitivement la forme du film.
Présenté à la 69ème Berlinale en 2019, le film a parcouru de nombreux festivals – Guangzhou, Amsterdam, Torun, Tübingen/Stuttgart, Leipzig, Locarno, Transilvania, Warsaw, Durham, Visions du Réel de Nyon 2019 – avant d’être proposé au Journées cinématographiques de Soleure en janvier 2020.
A en juger ce liste impressionnante de festivals, le sujet du film semble convaincre sous divers horizons.
Sur les écrans romands depuis le 1er juillet.
Firouz E. Pillet
© j:mag Tous droits réservés