Brasil, Brasil…fait son cinéma à Paris !
Comme l’histoire entre Brésil et la France est belle, la réalisatrice originaire de Rio de Janeiro Katia Adler a créé une manifestation cinématographique qui dure depuis maintenant 19 ans, en se renouvelant chaque saison. Exceptionnellement programmé en été, cette année le Festival du Cinéma brésilien a trouvé son port d’attache au cinéma l’Arlequin, temple du cinéma d’art et d’essai où Jacques Tati avait jadis fait ses quartiers, prêté pour l’occasion par par la productrice et distributrice Sophie Dulac.
Depuis presque deux décennies le festival a projeté 500 films et accueilli les plus grands noms du cinéma brésilien : Carlos Diegues, Fernanda Montenegro, Glorin Dises, Nelson Periera dos Santos par exemple, avec pour objectif de faire découvrir au public européen une cinématographie riche et en permanente évolution. Fictions, documentaires, films d’auteur, ont trouvé leur place à Paris devant des spectateurs enchantés et cinéphiles. La 19è édition a présenté huit longs métrages et onze documentaires, ainsi que des œuvres consacrées au Tropicalisme qui fête actuellement ses 50 ans d’existence, en célébrant ses fondateurs comme Gaetano Veloso, Gel Costa, Tom Zé, Gilberto Gil ou Os Mutandes. Deux documentaires ont mis en lumière ce mouvement et son apport culturel et populaire avec des influences rock, traditions brésiliennes et psychédéliques, qui a courageusement contesté la dictature. Les Parisiens ont eu l’occasion de visionner Jonas et le cirque sans chapiteau de Paula Gomes, déjà célébré au Tribeca Film Festival. Marcello Machado a présenté Tropicalia en faisant un lien majestueux entre la musique et la vie politico-sociale du Brésil.
La très belle fiction intitulée Beatriz d’Alberto Groza, présent à Paris, montre avec raffinement où les chemins de traverse amoureux peuvent mener un être humain. L’histoire de Marcelo, écrivain qui s’inspire de la vie tumultueuse de sa femme Beatriz en la dirigeant dans ses errances dangereuses qui la conduisent aux lisières de la mort a enthousiasmé le public, ainsi que le film Comme nos parents présenté dans la section Panorama de la Berlinale 2017, qui suit Rosa, mère de deux filles, une jeune femme affirmée professionnellement qui n’ose pas reconnaître qu’il est très difficile de tout concilier, surtout lorsque l’on a un mari sur lequel on ne peut pas beaucoup compter. Quand elle découvre un secret lié à sa naissance, son existence change radicalement. Ce film a obtenu le Prix du public et la réalisatrice Lais Bodansky et son héroïne Maria Ribiero ont longtemps discuté avec la salle sur la position de la femme dans le Brésil contemporain. Le film a déjà reçu 33 prix mondiaux.
Les cinéphiles parisiens ont aussi eu l’occasion de voir Gabriel et la montagne de Felippe Barboza récompencé recemment à Cannes. En même temps Joeao Moreina a fêté durant le festival, son grand retour au septième art.
Hugo Prata et Miguel Faria ont ouvert et fermé la manifestation avec deux biopics musicaux. Elis consacré à la célèbre chanteuse Elis Regina Carvalho Costa qui a commencé sur les scènes improvisés de son Rio Grande do Sul natal et conquis tout le pays pour peu de temps. Le film a obtenu le Prix du public, de la meilleure actrice et du meilleur montage au festival de Granade et le Prix du public et de la meilleure actrice au festival de Santa Maria da Feira l’année dernière. De son côté Miguel Faria a mis le talentueux chanteur Chico Buarque devant sa caméra et l’a suivi durant tout un concert. Le chanteur y raconte avec brio l’histoire fantastique de sa vie mouvementé, aventureuse et hors normes. Le film a obtenu le prix de la meilleure photographie de documentaire de l’Association brésilienne de photographie en 2016 et a été primé pour son montage, le son, la bande originale au Grand Prix du Cinéma Brésilien 2016.
Djenana Mujadzic
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