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Cannes 2018 : « Le Grand bain », de Gilles Lellouche, revisite « The Full Monty » en version franchouillarde sur les écrans romands

C’est dans les couloirs de leur piscine municipale que Bertrand, Marcus, Simon, Laurent, Thierry et les autres s’entraînent sous l’autorité toute relative de Delphine, ancienne gloire des bassins. Ensemble, ils se sentent libres et utiles alors que leur vie sentimentale et professionnelle ne fait plus sens. Ils vont mettre toute leur énergie dans une discipline jusqu’alors attribuée à la gent féminine : la natation synchronisée. Ils décident alors de se préparer pour le concours international de la discipline, concours qui se déroulera en Scandinavie. Ce défi improbable permettra à ces hommes fracassés par la vie de trouver un sens à leur vie.

 

Le grand bain a fait couler beaucoup d’encre dans l’Hexagone, une avalanche de critiques positives à l’unanimité. De toute évidence, ce film de Gilles Lellouche est tout d’abord un film de potes. En effet le réalisateur a réuni autour de lui des amis de longue date, des acteurs avec lesquelles il est habitués à jouer. Comme par retour de manette, Gilles Lellouche, qui jouait dans Les petits mouchoirs, de Guillaume Canet, songe à le convier à cette baignade collective. Gilles Lellouche s’est aussi entouré d’une belle distribution : en sus de Guillaume Canet, Mathieu Amalric, Benoît Poelvoorde, Philippe Katerine, Virginie Efira, Marina Foïs, Leïla Bekhti, Jean-Hugues Anglade, Alban Ivanov. Bref, que du beau monde pour cette immersion dans ce « grand bain » qui suscite un chœur de louanges en France et ceci, dès la première du film dans la salle Bazin au Palais des festivals, à Cannes.

Si cet enthousiasme hexagonal semble relever d’un consensus franco-français, le film ne convainc guère la presse internationale. Et pour cause ! Les journalistes de tous horizons doivent encore avoir à l’esprit The Full Monty (1997), le film de Peter Cattaneo, qui relatait avec humour et tendresse la chronique improbable et cocasse de chômeurs ingénieux qui trouvaient une parade rocambolesque à leur situation financière et sociale : dans la ville sinistrée de Sheffield, ancien fleuron de l’industrie anglaise, où règne désormais le chômage, des chômeurs sont inspirés par la venue de la troupe des Chippendales, et vont donner de leur personnel pour sortir de la misère. Le film abordait un sujet difficile mais développait l’argument avec tendresse, finesse et un humour « so british » si savoureux.

— Mathieu Amalric, Philippe Katerine, Benoît Poelvoorde, Jean-Hugues Anglade et Guillaume Canet – Le grand bain
© Studiocanal GmbH

Dans Le grand bain, il n’en est rien. Les acteurs sont en roue libre, en particulier Benoît Poelvoorde qui n’en fait qu’à sa tête. Jean-Hugues Anglade semble une pièce rapportée qui suscite beaucoup de pitié sans émouvoir pour autant. Le seul qui semble être réellement à sa place s’avère être Philippe Katerine. Le final en apothéose lors du concours international permet, bien évidemment, à l’équipe française de gagner lors d’une démonstration qui manque cruellement de véracité …. Rien à voir avec la catharsis du striptease final qui suscite l’euphorie auprès des spectatrices du Full Monty tant dans le film que devant l’écran.

Bref, ce film de potes a dû beaucoup les amuser mais ne fait pas mouche auprès du public, sauf celui de l’Hexagone. Et pourtant, bien dirigé, Gilles Lellouche est un excellent acteur comme il le démontre dans Pupille, de Jeanne Herry, dans lequel il joue un assistant maternel particulièrement convaincant.

Firouz-E Pillet

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Firouz Pillet

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