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Cannes 2018 : Présenté hier (hors compétition) au Festival de Cannes, le nouveau filn de Lars von Trier, The House That Jack Built a divisé le public comme la presse

Le réalisateur danois Lars von Trier, désormais connu pour ses films polémiques et controversés, à l’instar d’Antichrist, présenté à Cannes en 2009, a une réputation qui le précède et suscite moult remous avant même que les prémisses de son nouvel opus ne soient connus. Pour son dernier film, le réalisateur, porté aux nues par certains, décrié et mis à  l’index par les autres, avait pourtant averti les spectateurs en tout début de séance, que sa nouvelle œuvre,  The House That Jack Built  « était un fil, malsain, dur, sadique et pervers. »

— Matt Dillon – The House That Jack Built
© Zentropa-Christian Geisnaes

Inconscients ou téméraires les spectateurs qui s’y risquaient !

Dans les États-Unis des années septante, la camera de Lars von Trier suit l’histoire, en cinq chapitres – ou plutôt, à travers cinq incidents – du très brillant Jack et révèle, dans un choix sélectif, les meurtres qui ont marque son parcours de tueur en série. L’histoire est vécue du point de vue de Jack qui, en voix off répond à une voix masculine, Verge (Bruno Ganz), dont on comprendra à la fin le rôle de gardien des enfers. Jack considère chaque meurtre comme une œuvre d’art en soi. Pour appuyer ce propos, Lars von Trier juxtapose des œuvres de peinture allant du classicisme aux œuvres plus modernes. Alors que l’ultime et prévisible intervention de la police semble enfin se rapprocher (ce qui exaspère Jack et exacerbe sa colère), il décide – contrairement à toute logique – de prendre de plus en plus de risques. Tout au long du film, les spectateurs découvrent, médusés et atterrés par tant d ingéniosité dans la perversité et le plaisir sadique,  les descriptions méticuleuses et détaillées de Jack sur sa situation personnelle, ses problèmes et ses pensées à travers sa conversation avec cet inconnu, Verge, en qui Jack semble avoir placé sa confiance, lui confessant de plus en plus de détails sur ses pratiques morbides, ses tocs, ses rites sophistiqués tout en se présentant comme un bambin incompris sur lequel il s’apitoie.

Rôdé dans l’exercice de tuer ses victimes tout en éliminant toutes traces de son crime, Jack prend de plus en plus de risques dans ses manœuvres fatales et perverses, ce qui le rend de plus en plus odieux aux yeux des spectateurs à qui aucun détail n’est épargné. Par exemple, quand Jack tue avec un fusil de chasse les deux enfants d’une mère de famille avant de lui imposer de feindre un heureux picnic familial, donnant la cuillerée à ses fils, positionnés assis sur la couverture malgré la rigidité cadavérique.

Provocateur et extrême visuellement comme à l’accoutumée, le film de The House That Jack Built a provoqué de vives réactions lors de sa projection à Cannes. Catalogué de « paroxysme de l’horreur » qui a été violemment critiqué par l’ensemble des spectateurs, outrés de s’être laissés prendre à voir un tel film dont on pouvait anticiper la violence.

— Uma Thurman & Matt Dillon – The House That Jack Built
© Zentropa-Christian Geisnaes

Pour incarner à l’écran cette violence, Matt Dillon offre une interprétation aussi convaincante qu’inquiétante, y compris devant la séduisante Uma Thurman, l’une des nombreuses victimes du psychopathe.

Certaines scènes sont si extrêmes dans le raffinement  – quand, par exemple, Jack s’est confectionné un petit port-monnaie avec le sein d’une de ses victimes –  que les éclats de rire fusent dans la salle, sans aucun doute des rires nerveux tant les scènes qui se succèdent montent en crescendo dans une violence tant visuelle que psychologique.

Avis aux potentiels spectateurs : vous voila avertis !

Firouz E. Pillet, Cannes

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Firouz Pillet

Journaliste RP / Journalist (basée/based Genève)

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