Emmanuel Pahud, 1ère flûte solo de l’Orchestre philharmonique de Berlin, présente un programme de musique de chambre en hommage à Aurèle Nicolet au Conservatoire de Genève le 13 mai 2023
Le musicien franco-suisse Emmanuel Pahud – plus jeune musicien à avoir été consacré 1ère flûte à l’Orchestre philharmonique de Berlin, en 1992, rend hommage à un de ses mentors, qui l’avait préparé au Concours international de musique de Genève et à l’audition du flûtiste principal de l’Orchestre philharmonique de Berlin (BPO). Cette tournée de concerts célèbre le 95e anniversaire d’Aurèle Nicolet et la sortie d’un livre qui lui était consacré. Elle fait halte au Conservatoire de Genève (Grande Salle Franz Liszt) le 13 mai 2023 à 19h30.
La nomination en tant que flûtiste solo au BPO a marqué l’entrée de Pahud sous les projecteurs internationaux. Il est entré dans l’orchestre pendant une période de rajeunissement alors que la génération de musiciens d’après-guerre commençait à prendre sa retraite. Plus de 40%, y compris le poste de Pahud, étaient en audition ou en procès. Outre Pahud, d’autres anciens flûtistes internationaux occupaient le même poste de flûtiste principal, tels qu’Aurèle Nicolet (1950–59) et Sir James Galway (1969–75). Emmanuel Pahud à propos de l’expérience sonore unique du BPO :
Il y avait une façon de phrasé et d’onde qui traverse tout l’orchestre, venant de la basse et façonnant la phrase avec une beauté et une intensité incroyables. La gamme dynamique de l’orchestre était phénoménale. L’art de jouer avec le Berlin Philarmonique est très différent de celui des autres orchestres, où nous travaillons d’égal à égal avec notre voix individuelle.
Légende de la flûte traversière, Aurèle Nicolet est décédé en 2016, à l’âge de 90 ans. Disciple de Marcel Moyse à Paris, et membre de l’Orchestre de la Tonhalle de Zurich appelé à rejoindre le Philharmonique de Berlin par Wilhelm Furtwängler, il y jouera encore cinq ans sous la baguette d’Herbert von Karajan avant de se consacrer à l’enseignement en plus d’une carrière de soliste et de chambriste.
Le programme proposé par Emmanuel Pahud, accompagné de Kolja Blacher au violon et Jennifer Stumm à l’alto, rappellera la passion de Nicolet pour Bach et le siècle des Lumières, tout en poursuivant son engagement au service de la musique contemporaine, avec des œuvres de Haydn répondant à Boulez, et Mozart à Jörg Widmann, avec en conclusion, Beethoven.
Bien qu’il apprécie la musique contemporaine, tant comme auditeur que comme musicien, Pahud savoure toujours l’ancien répertoire. « La maîtrise d’un instrument vous aide à détecter de nouvelles barrières. C’est là que vous faites bouger la musique », et il reconnaît que ses diverses expériences avec de nouvelles compositions pour flûte lui ont ouvert de nouveaux horizons dans la façon dont il interprète son répertoire traditionnel. Pahud voit l’avenir de l’interprétation comme un mélange de « tradition et de nouveauté ». Pour lui, ce concept n’est pas une nouveauté en soi. De nombreux compositeurs ont évolué à partir de traditions telles que Bach pour pianoforte et Beethoven pour le Hammerklavier. Pahud considère que le terme tradition est souvent utilisé pour masquer le passé, un manque d’évolution ou le déni du progrès. Pahud explique que le sens de la tradition est quelque chose qui évolue. Il ajoute :
Des artistes comme Wilhelm Furtwängler, Herbert von Karajan, Claudio Abbado et Simon Rattle (chefs d’orchestre du BPO) étaient ou sont dans la lignée de la tradition, ils la font évoluer. Inconsciemment, ils se nourrissent du passé pour définir l’avenir. C’est l’un des secrets de ces grands artistes.
Programme :
J. S. Bach Sonate en trio extraite de l’Offrande musicale pour flûte, violon et continuo
P. Boulez Mémoriale pour flûte solo
J. S. Bach Suite anglaise n° 2 en la mineur BWV 807
J. Haydn Trio n° 1 pour flûte, violon et violoncelle
L. v. Beethoven Trio à cordes n° 3
J. Widmann Petite Suite pour flûte (2016)
W.A. Mozart Quatuor pour flûte et trio à cordes
Conservatoire de musique de Genève
Malik Berkati
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