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Exposition « Pagnol raconte Pagnol » au Château de la Buzine jusqu’au 31 décembre 2022

Jusqu’au 31 décembre 2022, l’exposition Pagnol raconte Pagnol évoquant 20 ans de l’histoire du Cinéma de Marcel Pagnol, invite à déambuler dans les entrailles de l’œuvre et de la vie de l’artiste, sur 300 m², au travers d’objets et de pièces provenant des collections particulières et des archives familiales des Pagnol. Cette exposition immerge les visiteurs dans vingt années de l’histoire du cinéma de Marcel Pagnol, de 1931 – et le film Marius  – aux derniers films de l’auteur-cinéaste, tournés en 1953/1954. Et c’est dans son « Hollywood Provençal », le Château de la Buzine, que les passionnés de cet artiste visionnaire regardent en direct « le film de sa vie », objet après objet, pièce après pièce, de son césar d’honneur à son costume d’académicien, de la reconstitution de son bureau à sa caméra PARVO DEBRIE, premier modèle de caméra insonorisée élaborée pour le cinéma parlant, utilisée pour le tournage de Fanny en 1932 ! Cette exposition unique voulue par Nicolas Pagnol, petit-fils de Marcel, Valérie Fédèle, directrice générale et artistique du Château de la Buzine et Nicolas Dromard, metteur en scène et comédien passionné de Marcel Pagnol, tous trois commissaires de cette exposition, est une sorte « d’antichambre somptueuse » du futur Musée Pagnol, qui ouvrira ses portes à Allauch, dans les Bouches-du-Rhône. Courez-y, avec vos enfants, et vivez les coulisses et les secrets de vos films préférés et de leur cinéaste avant-gardiste.

— Camera Super Parvo pour le cinéma parlant
Crédit image DR

Son, couleurs et décor naturel… Marcel Pagnol est avant tout, le cinéaste de l’innovation !

« Le Cinéma et moi sommes nés le même jour et au même endroit », aimait répéter Marcel Pagnol, né le 28 février 1895, la même année que le tournage du premier film des frères Lumière La Sortie des usines Lumière à Lyon et de leur très connue Arrivée d’un train en gare de La Ciotat, munis de leur emblématique cinématographe. Marcel Pagnol fera partie de la lignée des Audacieux du Cinéma et incarnera, au plus haut niveau, la liberté et la modernité dans l’épopée de cet art. Auteur, réalisateur, producteur et distributeur de ses films, il crée ses propres studios, son usine de tirage, son entreprise de distribution avec la particularité notable d’être l’auteur de ce que sa caméra de cinéaste filme ! Il occupe, de ce fait, une place unique dans toute l’histoire du cinéma. Il fait preuve, ensuite, d’une modernité inouïe qui devient la marque de fabrique de son œuvre cinématographique dans laquelle il n’inclue rien d’autre… que le son et les couleurs ! Avec cet esprit visionnaire, il a la prescience du cinéma parlant qu’il découvre en 1929 au Palladium de Londres en regardant Broadway Melody. L’homme, plus qu’audacieux, fait preuve de génie : il comprend immédiatement que ce cinéma parlant sera le nouveau moyen d’expression de l’art dramatique. C’est avec le son que Paramount produit Marius et Topaze et que Marcel Pagnol produit, en 1932, Fanny en s’associant avec Braunberger-Richebé, avant de réaliser son premier film Le Gendre de Monsieur Poirier, en 1933. Fanny est un très grand succès que ne lui pardonnent d’ailleurs pas les milieux du cinéma muet et du théâtre. La couleur sera l’autre innovation qui ensoleillera les films de Marcel Pagnol, avec l’utilisation de l’invention du Rouxcolor, créé en 1948 par les frères Armand et Lucien Roux. Marcel Pagnol est tellement conquis par la trouvaille qu’il tourne, en 1948, La Belle Meunière en couleurs, selon le procédé Rouxcolor, après l’avoir tournée en noir et blanc. Enfin, tout au long de ses films, il n’aura de cesse de tourner en extérieur, dans des décors naturels, flaquant à l’ère paléontologique du cinéma, les maisons et châteaux en carton-pâte ! Il construit de toutes pièces, avec son ami d’enfance, le maçon Marius Brouquier, des fermes et des villages « en vrai ». Caméras et travellings sont installés au cœur des villes, dans les champs et les collines. Il prend comme seuls décors, la nature et le réel ! Plus tard, des cinéastes américains et italiens considèreront Marcel Pagnol comme « le père du néo-réalisme ».

Objets inanimés, avez-vous donc une âme… celle de Marcel Pagnol ?

200 pièces uniques exposées au Château de la Buzine « parlent » de Marcel Pagnol… de son âme de cinéaste, de ses audaces, de ses films avec les affiches exposées ici, de ses amis, de ses acteurs, de sa famille, de Jacqueline Pagnol, sa Manon des Sources, et sa femme !

— Portrait de Jacqueline Pagnol, de Van Caulaert
© Florence Signoret

200 pièces uniques « chuchotent » son histoire personnelle qu’il écrira pourtant, dans ce domaine de 40 hectares, le Château de la Buzine, que Marcel Pagnol arpente en 1941 afin de l’acheter pour en faire un « Hollywood Provençal », une cité du cinéma français. Au moment de la visite des lieux, Marcel reconnaît en cette imposante bâtisse du XVIIIe siècle, le fameux château qui provoqua la grande peur de sa mère Augustine, sur le trajet des vacances de Marseille à la Bastide Neuve, à la Treille, lorsqu’il était enfant ! Le Château de la Buzine, une fois acquis par Marcel Pagnol, deviendra à tout jamais le Château de ma mère, dont l’artiste racontera le récit en 1957, dans le deuxième volet de ses Souvenirs d’enfance !
200 pièces uniques qui murmurent l’âme d’une épopée aussi intime qu’historique dévoilant le cinéaste Marcel Pagnol, avec des objets, des documents, du matériel cinématographique, des photos, des meubles, des costumes et des papiers personnels, des plus intimes au plus spectaculaires.
200 pièces uniques qui éclairent un destin étoilé et traversé par les brillantes stars du Cinéma de l’époque, à commencer par les acteurs qui ont porté ses films : Raimu, Fernandel, Vincent Scotto (qui reçoit un Oscar d’interprétation pour Jofroi), Pierre Fresnay, Louis Jouvet, Charpin, Henri Poupon, Blavette, Raymond Pellegrin. Sans oublier les actrices : Orane Demazis, Josette Day, Ginette Leclerc, Alida Rouffe, Milly Mathis… et celle qui restera sa muse de toujours, Jacqueline Pagnol. « Elles et ils » sont tous là, dans cette exposition, aux côtés des artistes tels qu’Albert Dubout qui a signé les belles affiches, restaurées pour l’occasion, de tant de films de Pagnol, aux côtés des photographes qui ont immortalisé tournages et scènes familières de la vie de Pagnol, Henri Moiroud ou Roger Corbeau, photographes de plateau et portraitistes d’acteurs, dont des tirages originaux sont présents dans l’exposition.

« Voir » … c’est « Comprendre » qui fut Marcel Pagnol, l’homme, sa destinée, son œuvre de cinéaste !

— Reconstition du bureau de Marcel Pagnol, 16 square de l’avenue Foch à Paris
© Florence Signoret

Parmi les étapes immanquables de cette exposition, il faut voir le magnifique bureau de Marcel Pagnol tel qu’il était au 16 square de l’avenue Foch, avec les objets qu’il avait toujours à ses côtés : l’harmonica et les flûtes de son frère Paul, mort à 34 ans, sa boite à cigarettes offerte par l’équipe de « Judas », son encrier et ses plumes rondes Sergent-Major, avec lesquelles il écrivait. Dans un coin, apparaît le buste de Molière, Maître de la Comédie et de la Tragédie et figure emblématique de Marcel Pagnol, au point de faire paraître sur son épée d’Académicien, ces deux masques : la Comédie qui rit et la Tragédie qui pleure.
Une autre reconstitution, celle du décor de la scène de la Pomponette de La Femme du boulanger se retrouve dans ce cheminement vers Marcel Pagnol. Émouvants également, ses 8 cahiers (sur les 23 existants), de revues de presse collées avec application, et annotées… cette presse qui bouda parfois le provençal « monté à Paris » en 1922, qui, pourtant, collectionnera toutes les coupures de journaux témoignant de sa renommée ! Incroyable également de voir son visa pour les USA de 1947, délivré par le Foreign Service via le Consulat à Monaco, alors que Marcel Pagnol n’ira jamais aux États-Unis, malgré les invitations qu’il recevait du Pays d’Hollywood – Il ne traversera jamais l’Atlantique en bateau ou en avion, peu rassuré par les longs courriers. À voir bien sûr, ce César d’honneur décerné à Marcel Pagnol au Festival de Cannes en 1981 en hommage à sa carrière, l’objectif Rouxcolor, pièce historique déjà évoquée, la caméra PARVO DEBRIE avec laquelle Marcel Pagnol tourne Fanny en 1932, la table de montage de 1930, son habit d’Académicien français, drap noir brodé de rameaux d’olivier vert et or (d’où son nom d’habit vert) et son bicorne -Marcel Pagnol a été élu à l’Académie française le 4 avril 1946. Vous y verrez enfin toutes ses photos en compagnie d’Orson Welles, Tino Rossi, Maria Callas, Michèle Morgan, Simone Signoret et Yves Montand, Jacques Prévert, Édith Piaf, Gina Lollobrigida, Brigitte Bardot, Jean Giono, William Wyler, Georges Simenon… Une visite unique sur les pas de Pagnol pour découvrir sa vie personnelle autant que son œuvre de cinéaste génial.

Florence Signoret

https://www.labuzine.com
Avec les remerciements adressés à Floryse Grimaud, attachée de presse de l’exposition « Pagnol raconte Pagnol ».
Lire l’interview des trois commissaires de l’exposition ici.

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Florence Signoret

Journaliste / Journalist (basée à Marseille)

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