FIFDH 2025 : Festival du film et forum international sur les droits humains du 7 au 16 mars 2025 – Entre colère et tendresse
Depuis 23 ans, Genève devient en mars l’épicentre d’un événement qui allie cinéma et droits humains, offrant une réflexion approfondie sur les défis politiques, sociaux et humanitaires de notre époque. Avec pour thème central la nécessité de repenser nos systèmes politiques et de renforcer le lien social face à la montée des extrêmes, le festival met en lumière le pouvoir du cinéma à transformer les récits dominants et à imaginer de nouveaux futurs dans un espace de dialogue et de réflexion.
Cette édition rassemble 162 événements et plus de 260 personnalités et cinéastes mobilisé·es pour les droits humains. Parmi les invité·es de marque figurent la Prix Nobel de la paix Oleksandra Matviichuk, l’activiste Paul Watson, l’écrivain Douglas Kennedy, la journaliste Salomé Saqué, le chirurgien Ghassan Abu Sittah et l’actrice Ángela Molina.
« Les invité·es de cette édition nous encouragent à repenser le collectif, à placer le soin et la solidarité au cœur de nos relations et à ne pas céder à la sidération face aux conflits meurtriers, au recul des libertés et au non-respect du droit international »
déclarent Laura Longobardi et Laila Alonso Huarte, co-directrices éditoriales du FIFDH.
La montée des extrêmes : une menace mondiale
La progression des mouvements d’extrême droite et leur impact sur les libertés fondamentales figurent parmi les préoccupations majeures du festival. Plusieurs films et forums explorent ce phénomène, dont The Last Republican de Steve Pink, qui suit le politicien Adam Kinzinger dans sa dénonciation de la responsabilité de Donald Trump dans l’attaque du Capitole en 2021. Ce film introduit le forum Où vont les États-Unis ?, animé par l’écrivain Douglas Kennedy.
Les réseaux sociaux et leur rôle dans l’amplification des discours haineux sont également examinés à travers des films comme Hacking Hate de Simon Klose et Undercover: Exposing the Far Right de Havana Marking, suivis de discussions.
Récits du Proche-Orient sous pression
Les conflits dévastateurs au Proche-Orient sont analysés à travers des films comme A State of Passion de Carol Mansour et Muna Khalidi, qui documente le travail du Dr Ghassan Abu Sittah sous les bombardements à Gaza. De son côté, The Bibi Files d’Alexis Bloom explore les dynamiques de corruption et les intérêts personnels du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou.
Résilience et luttes de la société civile
Le festival met également en lumière la résilience des sociétés civiles face aux crises. Le Liban est au cœur du forum La résilience des Libanais·es mise à l’épreuve, en présence de l’écrivain et photographe franco-libanais Sabyl Ghoussoub.
Le film de Nicola von Leffern et Jakob Carl Sauer, présenté en première mondiale au Festival du film de Zurich (ZFF), To Close Your Eyes and See Fire, nous plonge de manière poétique et déchirante dans un Beyrouth meurtri par la double explosion du port, survenue le 4 août 2020. Au-delà de cet événement, le film rouvre les blessures d’un pays régulièrement frappé par l’adversité et résonne, depuis, douloureusement avec les tensions actuelles entre le Liban et son voisin israélien.
Lire ici l’entretien réalisé à Zurich en octobre 2024 avec les deux cinéastes.
Le Soudan est également à l’honneur avec Khartoum, réalisé par un collectif de cinéastes soudanais·es. Ce film met en lumière un drame humanitaire d’une ampleur tragique, largement ignoré par la communauté internationale et les médias.
La Suisse et le droit humanitaire
Traditionnellement neutre et engagée dans l’humanitaire, la Suisse est également sous les projecteurs. Le forum Remise en cause de l’UNRWA : mort du droit humanitaire ? aborde les conséquences des coupes budgétaires sur les populations vulnérables et sur la Genève internationale, en présence du Commissaire général de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, et de l’ancien ambassadeur Jean-Daniel Ruch.
Le film UNRWA, 75 ans d’une histoire provisoire de Lyana Saleh et Nicolas Wadimoff est présenté en première mondiale.
Luttes féministes en première ligne
Face au recul des droits des femmes et des minorités de genre, le FIFDH met à l’honneur les récits de celles et ceux qui se battent pour leur émancipation. Trois longs métrages en compétition fiction, Manas de Marianna Brennand, Sugar Island de Johanné Gómez Terrero et Norah de Tawik Alzaidi, explorent les trajectoires de femmes déterminées à se libérer du patriarcat.
Des forums approfondissent cette réflexion, en abordant notamment les violences sexistes et les discriminations de genre dans le sport.
De la colère au soin : une quête dans un monde en crise
Enfin, le festival propose une réflexion sur la manière de transformer l’indignation et la colère en solidarité et en bienveillance. Des films comme The Tender Revolution d’Annelie Boroș et Queer Camp de Chris Westendorp et Lucas van der Rhee célèbrent la diversité et l’acceptation, rappelant l’importance du bien-être, tant individuel que collectif.
À noter qu’au-delà du festival, le FIFDH s’emploie toute l’année à valoriser ses ressources et son expertise en matière de cinéma et de droits humains. Il propose notamment un programme dédié aux écoles durant le festival et tout au long de l’année en Suisse romande, ainsi que des projections en milieu hospitalier et carcéral. Des séances gratuites sont également organisées en partenariat avec les communes du Grand Genève, tandis que des événements spécifiques sont destinés aux personnes migrantes au sein des centres d’hébergement collectif. Enfin, chaque année, en collaboration avec ONU Human Rights, le FIFDH coordonne une tournée internationale de films à l’occasion de la Journée internationale des droits humains, le 10 décembre.
Malik Berkati
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