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FIFF 2019 : Alice et le maire, un plaisir oratoire jubilatoire signé Nicolas Pariser et présenté au Festival du film francophone de Namur 2019

Après trente ans de vie politique, le maire socialiste de Lyon, Paul Théraneau (Fabrice Luchini), va mal. Il n’a plus une seule idée. Après trente ans de vie politique, il se sent complètement vide. Pour remédier à ce problème, on décide de lui adjoindre une jeune et brillante philosophe, Alice Heimann (Anaïs Demoustier). Se sentant désormais incompris par son entourage professionnelle, et surtout piégé au sein d’un panier de crabes intéressés et envieux, le maire de Lyon espère trouver dans cette jeune philosophe, qui reconnaît ne pas connaître grand-chose à la politique, une écoute attentionnée, une complice intellectuelle. Alice est tout cela au fil des mois voire encore plus : une alliée inébranlable face à l’adversité. Un dialogue se noue, qui rapproche Alice et le maire et ébranle les certitudes de l’entourage du magistrat, tissant des liens amicaux qui se moquent de la bienséance et des commérages jaloux. Cette rencontre, a priori improbable, débouchera sur des échanges passionnés, des joutes oratoires et une complicité tangible, rembarquement incarnée par ce duo d’acteurs.

— Fabrice Luchini et Anaïs Demoustier – Alice et le maire
© Bac Films

Valeur montante du cinéma français actuel, Anaïs Demoustier est partout: chez Robert Guédiguian pour Sic transit gloria mundi (Mostra 2019), un grand crû du cinéaste marseillais d’origine arménienne, dans La jeune fille au bracelet, présenté à Locarno 2019, et réalisé par son frère, Stéphane Demoustier, et, last but not least, dans Alice et le maire, de Nicolas Pariser.

La fragile et délicate Anaïs Demoustier face à Fabrice Luchini : on pourrait redouter que face à cet amoureux des mots, des citations et des joutes oratoires, la jeune femme trentenaire se fasse phagocyter. Il n’en est rien ! L’excellente direction d’acteurs débouchent sur une rencontre savoureuse, parfois facétieuse selon le contexte politique et l’humeur du maire mais toujours jubilatoire.

Après Le grand jeu, thriller politique très réussi, Nicolas Pariser revient avec une délicieuse comédie, interprétée avec brio comme une partition de musique sans aucune fausse note, y compris pour les nombreux rôles secondaires.

 

Nicolas Pariser, ancien étudiant en philosophie et histoire de l’art, sait ici de quoi il parle et se pose en observateur aiguisé  de l’humanité mais surtout du microcosme politique. Le réalisateur observe avec justesse et délicatesse, se tenant au cœur de l’action politique mais sachant toujours garder la distance adéquate, soulignant les incohérences, les limites, ses affres et surtout les hypocrisies de cet univers politicien qui nous échappe souvent … Mais grâce à cette lunette de lecture savoureuse que propose Nicolas Pariser, ce monde nous apparaît de manière soudaine compréhensible.

Anaïs Demoustier, gracile et discrète, s’est confiée sur sa rencontre avec l’immense Fabrice Luchini et a souligné combien l’acteur respecte son partenaire de jeu, n’envahissant absolument l’espace des comédiens face à lui, même en face-à-face. Le résultat est probant et on ressort de cette séance inspiré, revivifié, enthousiastes et porté par le film encore bien des jours après la projection.

Film à voir sur les écrans romands dès le 2 octobre 2019.

Firouz E. Pillet, Namur

www.fiff.be

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Firouz Pillet

Journaliste RP / Journalist (basée/based Genève)

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