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Invaincu, Stromae revient avec un nouvel album, Multitudes, et au Paléo

Après avoir côtoyé les cimes puis les abîmes, Stromae est de retour. Une nouvelle fois, à l’assaut des sommets grâce notamment à une communication phénoménale et un talent hors pair, il sort son album Multitudes et participera au festival Paléo à Nyon le 24 juillet 2022.

Le premier concert de Stromae que j’ai vu se déroulait à Genève au Palladium devant un peu plus de 500 personnes en mars 2011. Il vient de sortir Alors on danse. Quelques mois plus tard, il chante pour la première fois au Paléo sur une petite scène, le Chapiteau. Il revient en 2014 sur la grande Scène devant plus de 50 000 personnes. Quelle ascension ! Mais ce n’est pas fini et il part à l’assaut de l’Amérique du Nord et du Sud. Alors victime d’un burn-out, il décide de faire une pause de 7 ans et en a profité pour devenir Papa, certainement l’une des plus belles choses dans la vie d’un homme et d’une femme.

Est-ce que ce nouvel opus va lui ouvrir le chemin des sommets ? Stromae est un artiste polyvalent et maîtrise tous les éléments qui devraient lui promettre la réussite. Le premier, celui qu’il maîtrise comme nul autre, est la communication. Un mois et demi avant la sortie de Multitudes, il réussit avec génie à casser les codes du JT de TF1 avec un plan de séquences le montrant assis costard cravate tel un homme politique lors de son interview puis soudainement en train de chanter son titre L’enfer sans changer de plan. C’est un coup de maître, de maeStro, de Stromae. Ainsi, il parvient à toucher les 7,3 millions de téléspectateurs étonnés par la sincérité de l’artiste qui parvient à dévoiler ses sentiments intérieurs. Stromae s’est rendu compte que ce n’est pas la thématique qui rend le sujet cliché mais la manière dont il l’aborde. « Dans vos chansons vous parlez aussi beaucoup de solitude. Est-ce que la musique vous a aidé à vous en libérer? »  Stromae transcende cette question clichée posée par Anne-Claire Coudray et va même plus loin puisqu’il évoque les idées suicidaires qui lui ont traversé l’esprit. Et là, il casse un nouveau code en abordant le thème du suicide dans un journal de 20h, surtout dans un contexte de pandémie. Est-il allé trop loin ? Non, au contraire, il a déstigmatisé le sujet et le directeur de l’OMS le remercie d’avoir mis en avant « le sujet difficile du suicide ». Il a même provoqué un pic d’appel à la ligne de prévention.

 

Ce titre est le cinquième du nouvel opus qui commence par Invaincu ancienne composition qui trouve sa place dans cet album car c’est une autre déclinaison de L’enfer vécu par les personnes malades. Stromae est aujourd’hui du côté des invaincus car il était bien entouré et a su s’arrêter à temps. D’autres génies à mon avis n’ont pas eu cette chance, se sont arrêté trop tard, une fois le point de non-retour atteint tel.les Amy Winehouse ou Avicii qui s’est suicidé à 28 ans au sommet de sa gloire, atteint d’une pancréatite aigüe suite à une consommation d’alcool excessive. Une nouvelle belle leçon de vie que nous a apprise Stromae. Justement depuis ses débuts en 2008, les leçons sont un autre axe de communication de Stromae sur YouTube et dans ses concerts. Il avait utilisé ce procédé pour décortiquer Alors on danse, ou à Venise sur une gondole avec Tous les mêmes et il compte décliner le concept avec un avatar créé spécialement pour les concerts sur le titre Santé où vous serez invités à suivre les pas de danse cette fois.

Le nom de l’album Multitudes trouve notamment sa justification dans une foule de sons qui se côtoient du début à la fin. Ingénieur du son de formation, Stromae est aussi maître des sons et nous emmène dans une variété de rythmes tels une rumba congolaise ou une cumbia colombienne. Il nous fait aussi découvrir le violon chinois ou les cœurs bulgares souvent mélangés à des sons électros.

Le fil conducteur de Multitudes est qu’on est tous multiples, on a plein de personnages multiples et de personnalités différentes qui s’expriment en nous et qui nous interroge sur le sens de la vie. Par exemple dans Santé, il montre d’abord les bonnes manières puis il finit par dire à sa femme de ménage dans une heure, j’reviens, qu’ce soit propre. Dans La solassitude, il s’imagine dans la vie d’un célibataire puis dans sa vie de couple en chantant Le célibat me fait souffrir de solitude, la vie de couple me fait souffrir de lassitude. À vous de choisir en écoutant cet album.

 

En conclusion, Stromae a posé les bases d’un succès certain en réussissant à capter les multiples préoccupations des êtres humains et les exprimer à l’aide d’une manipulation de la langue subtile et une façon de prononcer les mots qui le place dans la cour des grands comme sur le titre Riez. Reste plus qu’à donner vie à cet album sur scène et là nous ne serons sûrement pas déçus le 24 juillet sur la grande scène du Paleo à Nyon.

Séances de rattrapage en 2023, le 26 avril à Bâle, le 27-28 avril à Genève et le 12 mai à Berlin.

Philippe Barthollet

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Philippe Barthollet

Rédacteur / Reporter (basé à Genève)

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