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Lausanne : La Fondation de l’Hermitage consacre une grande rétrospective au peintre belge Léon Spilliaert

Intitulée Léon Spillaert, avec la mer du Nord…, dans un délicieux clin d’œil à la chanson de Jacques Brel, l’exposition consacrée à Léon Spilliaert réunit une centaine d’œuvres de l’un des artistes belges les plus importants du XXème siècle, connu de tous les Belges mais relativement méconnu en dehors du Plat Pays.

— Léon Spilliaert – Autoportrait aux masques, août 1903
Crayon graphite, lavis d’encre de Chine, pinceau, plume et crayon de couleur sur papier, 273 × 272 mm – Paris, musée d’Orsay Photo RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Stéphane Maréchalle

Les Helvètes ont pu précédemment apprécier le talent de cet artiste flamand qui a déjà eu les honneurs de la Fondation de l’Hermitage qui avait exposé quelques-unes de ses œuvres à deux reprises : tout d’abord lors d’une exposition consacrée à la Belgique puis lors d’une exposition sur le thème de l’ombre.

La Mer du Nord : une constante source d’inspiration

Aurélie Couvreur, responsable de l’étude, la conservation et la mise en valeur de la collection de la Fondation de l’Hermitage, est également chargée de la coordination des expositions et de leurs catalogues. Pour rendre cette exposition possible, elle a sollicité Anne Adriaens-Pannier, commissaire de l’exposition et leurs efforts communs ont permis de regrouper pour l’exposition une centaine d’œuvres provenant de cinquante-quatre collections différentes dont de nombreuses collections privées.

Né à Ostende en 1881, Léon Spilliaert y a grandi, se nourrissant de l’atmosphère toute particulière du bord de l’eau, des rivages de la mer du Nord, de ses vagues comme de son écume. La mer du Nord traverse son œuvre et s’affirmera comme l’une de ses principales sources d’inspiration.

— Léon Spilliaert – Marine. Tache d’encre, 1920
Gouache, gouache avec caséine et huile sur papier, 895 × 793 mm
Collection particulière – Photo Robin Sinha Photography

Dans ses autres thèmes de prédilection, on trouve aussi les femmes de pêcheurs et les baigneuses, d’étranges natures mortes et une série d’arbres qui rappellent d’insolites ombres chinoises, des ruelles de sa ville natale simplifiées à l’extrême, annonçant l’abstraction géométrique et le minimalisme… Et une série d’autoportraits stupéfiants et saisissants qui laissent percevoir la mélancolie de l’artiste.

Autodidacte et féru du papier

Léon Spilliaert étonne et fascine, ayant un parcours peu conventionnel, qui se démarque des cursus académiques qui sont de mise à l’époque. Après un furtif passage à l’Académie des Beaux-Arts de Bruges, Il choisit de suivre sa propre voie, formé au contact de la littérature de son temps et persuadé de son destin d’artiste élu.

Autodidacte, Léon Spilliaert utilise plusieurs techniques : tout d’abord l’encre de Chine, en recourant beaucoup à l’usage du lavis, une technique qui consiste à prendre une seule couleur qu’on dilue plus ou moins, selon l’intensité voulue. À travers les diverses périodes de sa création artistique, en sus du crayon, l’artiste se servira de la gouache, de l’aquarelle ou encore du crayon pour réaliser plus de quatre-mille-cinq-cents œuvres.

Tout comme ses contemporains – le graveur et illustrateur Aubrey Beardsley ou le peintre symboliste Adolphe Mossa – Léon Spylliaert se démarque par son choix du papier – ce qui vaut aux visiteurs de déambuler dans les salles de la Fondation de l’Hermitage plongées dans la pénombre afin de préserver de la lumière des œuvres exposées. L’artiste surprend aussi par ses cadrages audacieux qui coupent l’image en ignorant les codes usuellement appliqués à son époque.

Une exposition proposée selon des critères thématiques et chronologiques

Anne Adriaens-Pannier et Aurélie Couvreur ont choisi de présenter la centaine d’œuvres de Léon Spilliaert en les organisant de manière thématique et chronologique. Ainsi, l’exposition, qui couvre toute la carrière de l’artiste, invite à percer le mystère d’objets inanimés, de contempler les rivages maritimes, de scruter la profondeur de la nuit et de l’espace, de comprendre les états d’âme de l’artiste à travers sa palette variée de techniques mises au service de ses interrogations et considérations existentielles.

L’œuvre de Léon Spilliaert a mis du temps à être connue à l’étranger, sans doute à cause de son choix du papier comme support de prédilection, un choix qui engendre des œuvres plus vulnérables à la lumière, donc moins susceptibles à être accrochées manière prolongée dans les musées.

Léon Spillaert, avec la mer du Nord… est à découvrir à la Fondation de l’Hermitage, sur les hauts de Lausanne, jusqu’au 29 mai 2023: www.fondation-hermitage.ch

Entretien audio (par téléphonique) avec Aurélie Couvreur

 

Firouz E. Pillet

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