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Rencontre avec le pianiste Jean-Marc Luisada qui nous parle de ses passions pour la musique et pour le cinéma avec « Au cinéma ce soir »

La 12ème édition du festival Les Athénéennes faisant la part belle au septième art, le trio d’organisateurs a immédiatement songé à inviter Jean-Marc Luisada, l’un des plus des grands interprètes de la musique de Frédéric Chopin dans le monde. Son nouveau disque, paru en avril 2023, s’intitule Au cinéma ce soir (CD La Dolce Volta). Fruit de l’isolement engendré par les confinements successifs, cet album est un vibrant hommage que Jean-Marc Luisada rend à la musique classique, au cinéma et à ses parents qui lui ont transmis, dès l’enfance, ces deux passions. Âgé d’à peine huit ans, le jeune Jean-Marc allait seul au cinéma voir les films du moment : Federico Fellini, Luchino Visconti, Ingmar Bergman, Louis Malle, John Huston, Woody Allen. Enthousiasmé par les chefs-d’œuvre qu’il avait découverts seul, il les racontait à ses parents qui décidaient d’aller voir ces films avec leur fils qui les revoyait encore et encore ! Avec une émotion tangible, Jean-Marc Luisada confie avoir vu une centaine de fois Mort à Venise (1971) ou La dolce vita (1960).

— Jean-Marc Luisada
© Lyodoh Kaneko

Ce lundi 5 juin, en début de soirée, les vitraux bigarrés du Temple de la Madeleine reflètent leurs ombres colorées sur les pierres de l’abside. Un piano à queue attend que l’on fasse résonner ses touches et que les notes de musique s’envolent dans ce lieu historique de la Reforme où l’acoustique est particulièrement remarquable. Jean-Marc Luisada arrive et le public est déjà conquis. Le pianiste s’est associé à une jeune vidéaste qui a su capter, dans un montage astucieux, des images emplies de mélancolie et d’émotions.

Jean-Marc Luisada a déjà donné plusieurs concerts qui présentent le programme du disque, d’une durée d’environ deux heures et demie, mais pour Les Athénéennes, le pianiste a réduit le programme puisque le festival propose trois concerts en une soirée. À chaque fois que le public l’applaudit, Jean-Marc Luisada, très humble, se tourne vers la jeune tourneuse de pages et s’incline pour la remercier.

Au cinéma ce soir, titre de l’album comme du concert, fait référence à une célèbre émission télévisée qui a accompagné les jeunes années de Jean-Marc Luisada et qui a alimenté sa passion pour le septième art. Cet album rend un triple hommage : à la musique classique et au cinéma, bien sûr, mais surtout à ses parents pour lesquels il n’avait pas eu l’occasion de jouer leurs morceaux préférés de leur vivant – Rhapsody in Blue de George Gershwin pour son papa, l’Adagietto de La Symphonie no 5 en do dièse mineur de Gustav Mahler pour sa maman. Racontant comment il a découvert ces chefs-d’œuvre de la musique classique et du cinéma, Jean-Marc Luisada pimente son récit d’anecdotes savoureuses et nous confie comment ces films comme ces morceaux ont marqué son existence et nourri sa vie d’artiste. Soulignant la symbiose entre le Septième Art et le grand répertoire classique, Jean-Marc Luisada regrette que la musique classique soit, de nos jours, malmenée par les studios hollywoodiens.

Jean-Marc Luisada a grandi au sein d’une famille mélomane et cinéphile, mais pas musicienne. Il commence tout jeune le piano et poursuivra ses études à l’école Yehudi Menuhin de Londres puis au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris où il remporte en 1977 le 1er Prix de Piano dans la classe de Dominique Merlet et en 1978 le 1er Prix de musique de chambre dans la classe de Geneviève Joy-Dutilleux. Il est lauréat du Concours Dino Ciani (1983) et du célèbre Concours Chopin de Varsovie (1985).

Jean-Marc Luisada mène depuis de plus de trente ans une carrière de concertiste à travers le monde et joue dans des salles prestigieuses telles que le Théâtre des Champs Élysées à Paris, Alice Tully Hall à New York, Wigmore Hall à Londres, Satory Hall à Tokyo ainsi que dans des festivals renommés tels que le Festival Chopin à Paris, le Festival de la Roque d’Anthéron, le Festival de Besançon, La Folle Journée de Nantes, Le Festival Berlioz de La Côte Saint André, La Grange aux Pianos en Berry, mais aussi en Europe et aux États-Unis. Il participe également à de nombreuses tournées en Europe, au Canada et au Japon où il jouera prochainement.
Il a enregistré plusieurs disques chez Deutsche Grammophon et chez Sony (RCA) en particulier les Valses et Mazurkas ainsi que le concerto en mi mineur de Chopin dans sa version originel avec le Quatuor Talich et le contrebassiste Benjamin Berlioz et Les Goyescas d’Enrique Granado. Son disque consacré à Schubert, sorti à l’automne 2021 pour le label La Dolce Volta, a été couronné d’un Diapason d’Or et d’un Diapason d’Or de l’année 2022. Son nouveau disque, Au cinéma ce soir,  vient de sortir chez La Dolce Volta.

Grand chopiniste reconnu par ses pairs comme par les mélomanes, Jean-Marc Luisada a été touché que le cinéaste chilien Alejandro Amenabar ait choisi son interprétation de Chopin pour la bande originale de son film The Others (Les Autres, 2001) avec Nicole Kidman. Parallèlement à cette activité de concertiste, Jean-Marc Luisada  enseigne à l’École Normale Alfred Cortot de Paris et souligne l’importance de la transmission de la culture, lui qui aime tout autant enseigner la musique à ses élèves que de leur montrer de grands classiques du septième art. Jean-Marc Luisada nous a accordé un entretien juste avant de rentrer à Paris où ses élèves, en pleine session d’examens, l’attendent.

 

Firouz E. Pillet

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Firouz Pillet

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