Resgate (Rédemption) de Mickey Dario Fonseca clôturera le 25 août le Festival des cinémas d’Afrique de Lausanne
Dès les premières images, la facture esthétique du film du réalisateur mozambicain frappe : une belle lumière magnifiée par le travail du chef opérateur Pipas Forjaz, cofondateur avec Mickey Fonseca de Mahla Filmes Production, une attention particulière sur les cadres, le découpage et les mouvements de caméra, tantôt amples et lents tantôt saccadés et au plus près de l’action, qui épousent au millimètre la narration, ce qui néanmoins, à certains moments du récit, l’appuie de manière un peu trop didactique, tout comme la musique du film, très riche et variée qui elle aussi parfois fait office de surligneuse.
Ce n’est pas vraiment divulgâcher que de dire que le chemin rédempteur sera, pour Bruno qui vient de passer 4 ans passés en prison pour un vol de voiture, semé d’embûches et tracé par un passé qui n’a de cesse de vouloir rattraper tous les protagonistes – sinon il n’y aurait pas de films ! Une fois libéré, Bruno retourne auprès de sa compagne et de leur bébé. Il se destine à une vie redevenue normale et refuse de renouer avec son ancien gang… jusqu’à ce que la banque le somme d’honorer la dette contractée par sa défunte mère, sans quoi il perdra sa maison.
L’intrigue est somme tout assez classique et fait de Resgate un bon film de gangsters avec une série de mini-twists qui s’enchaînent et s’annulent dans une dernière partie qui accélère nettement le rythme de l’histoire.
Là où le scénario est le plus subtile reste dans l’évocation par petites touches de la réalité du pays avec ses petites et grandes criminalités, les velléités de migration vers l’Afrique du Sud, les services publics – singulièrement le système de santé – inopérants à moins d’avoir les moyens de les payer, la pratique délétère socialement de l’usure, et même, de manière à la fois anecdotique tout en étant révélatrice d’une situation sociale et/ou politique, de l’abandon des cinémas en Afrique. À ce sujet, nous vous renvoyons à une interview de l’écrivain algérien Boualem Sansal et au formidable documentaire Talking About Trees (Prix du meilleur documentaire toutes sections confondues à la Berlinale 2019) de Suhaib Gasmelbari (Soudan).
De Mickey Dario Fonseca; avec Gil Alexandre, Arlete Bombe, Laquino Fonseca, Tomas Bié; Mozambique; 2019; 100 minutes.
14e Festival cinémas d’Afrique – Lausanne, 22 – 25.08.2019 www.cinemasdafrique.ch
Malik Berkati
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