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Théâtre de Carouge : Jean-Christophe Hembert régale le public avec « Fracasse », son adaptation rock du roman éponyme de cape et d’épée de Théophile Gautier – Rencontre (audio)

Librement adaptée du Capitaine Fracasse de Théophile Gautier, la mise en scène de Jean-Christophe Hembert mêle harmonieusement humour et truculence, plaisir des mots et virtuosité des comédiens, toutes et tous exceptionnels.

Fracasse, d’après Théophile Gautier – Mise en scène Jean-Christophe Hembert
Image courtoisie Théâtre de Carouge (©Simon Gosselin)

La salle est comble et les spectateurs discutent encore alors que, progressivement, une musique rock, accompagnée d’une voix de femme lointaine, se fait entendre. L’orage gronde, des éclairs fusent dans l’obscurité qui domine la scène, laissant entrevoir les vestiges d’un château qui fut auparavant resplendissant mais qui se délabre. Le vent s’intensifie, faisant voler de vieux rideaux déchirés qui s’agitent dans les airs. L’ambiance lugubre gagne la scène alors qu’une troupe de comédiens demandent l’hospitalité au maître de maison, un certain baron de Sigognac (Thomas Cousseau), vieille et belle noblesse, qui n’a plus l’argent nécessaire – dilapidé en alcool par sa parentèle – pour entretenir son patrimoine, la fierté de ses ancêtres.

Cette adaptation du Capitaine Fracasse, emplie de fantaisie et d’extravagance, nous embarque «flamberge au vent» dans une trépidante et généreuse traversée épique qui tient le public en haleine pendant quelque deux heures et quart. Les péripéties du baron de Sigognac et de ses nouveaux acolytes se succèdent avec allégresse, entraînant le public dans un enchaînement de rebondissements et d’aventures au suspens redoutable. Cette épopée explosive emplit la salle d’un vent de folie, délectant les spectatrices et spectateurs par un langage jouissif et poétique, la richesse des dialogues truculents et la fantaisie des situations.

Entre l’annonce de la parution du roman de Théophile Gautier et sa publication en feuilleton, trois décennies se sont écoulées, d’où le fait que Le Capitaine Fracasse mêle la fougue et la passion du jeune auteur romantique, épris de fantaisie et de gaieté, avec les considérations plus existentielles de l’homme plus âgé, harassé par le poids de vie. Cette fabrication longue et douloureuse a engendré l’incroyable densité et la riche complexité de cette œuvre qui a inspiré Jean-Christophe Hembert pour cette mise en scène insolite et envoûtante.

Formé par Roger Planchon au Théâtre National Populaire, Jean-Christophe Hembert s’est enthousiasmé pour cette histoire au souffle vital intense et la qualité du langage de haute-voltige. La déclaration d’amour de Théophile Gautier pour le théâtre, à travers la chronique de la vie d’une troupe d’acteurs et du Capitaine Fracasse, cabossés par la vie, anime celle de Jean-Christophe Hembert et de ses comparses de longue date. L’exceptionnelle maîtrise de la langue française qui s’est affirmée pendant les années de critique littéraire de Gautier était déjà reconnu par ses pairs ; Baudelaire l’appelait « le parfait magicien ès lettres françaises » et que d’aucuns qualifient de « Eugène Delacroix du style ».

— Jean-Christophe Hembert
© Firouz Pillet

L’intrigue principale suit la renaissance du Baron de Sigognac, prisonnier de l’héritage familial, de ses codes et de ses principes, qui dépérit dans son château en ruine. Retrouvant goût à la vie grâce au nouveau souffle apporté par une troupe de théâtre, il va s’extirper de son marasme. En acceptant de se déclasser pour suivre cette troupe d’acteurs errants, le Baron de Sigognac ravive les forces de vies enfouies en lui et découvre son identité profonde en devenant le Capitaine Fracasse, un « super- héros » fougueux.

Le metteur en scène nous a accordé de son précieux temps juste avant une représentation et nous a parlé de son amour de la langue de Théophile Gautier, de sa mise en scène, de son travail avec ses comédiens, de l’importance du théâtre populaire, entre autres.

 

Fracasse, mis en scène de Jean-Christophe Hembert, est proposé au Théâtre de Carouge jusqu’au 15 mai 2022 dans la grande salle.

Firouz E. Pillet

www.theatredecarouge.ch

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Firouz Pillet

Journaliste RP / Journalist (basée/based Genève)

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