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Manga D’Terra de Basil Da Cunha : séances spéciales en Suisse romande  en collaboration avec la Fête de la musique, avant la sortie du film le 26 juin

Après ses deux premiers longs métrages Até vera Luz (Après la nuit, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs 2013) et O Fim do mundo (La Fin du monde, sélectionné à Locarno en 2019), le réalisateur suisse et portugais formé au cinéma à la HEAD de Genève repart à l’exploration de la favela de Reboleira à Lisbonne avec l’histoire de Rosa, 20 ans et originaire du Cap-Vert. Film au réalisme teinté de fantastique, sublimé par la photographie et la musique, il est présenté en avant-première en Suisse romande dans le cadre de la fête de la musique avant sa sortie le 26 juin, avec un bonus – le court métrage 2720.

— Eliana Rosa – Manga D’Terra
Image courtoisie Sister Distribution

Dès la première scène de Manga d’terra, Basil Da Cunha nous fait entrer dans l’environnement âpre et hostile dans lequel Rosa (Eliana Rosa) est arrivée deux mois auparavant : contrôle de police d’identité assez rude et coups de feu dans la rue suite à l’attaque du commissariat par un gang. La jeune héroïne travaille pour Nunha, une daronne du quartier, qui tient un maquis. Elle a laissé au pays ses deux jeunes enfants avec sa mère – une situation classique qui a été évoqué également en 2023 avec le film de Marie Amachoukeli, Àma Gloria – avec lesquels elle n’a de contact que par téléphone dont la connexion est instable.

Les rapports entre les habitant·es de la favela sont très durs, mais des îlots de solidarité surnagent deci delà. Les tourments qu’affronte Rosa permettent de traverser avec elle les différentes parties de la favela et y rencontrer les différents caractères qui lui insufflent son énergie : les femmes, aux fortes personnalités, chez le coiffeur qui cancanent ou se disputent, les adolescent·es dans la rue qui participent à un programme de boxe, les jeunes qui se battent contre la police, les hommes qui tiennent les murs et/ou jouent de la musique, celles et ceux qui vendent tout et n’importe quoi, etc. Lorsque sa marche dans le quartier semble arriver dans une impasse, une femme vient la voir et lui dit: « le ghetto, ce n’est pas pour les faibles ». En résumé, pour survivre, il faut manger pour ne pas être mangé.

Le parti pris du réalisateur d’augmenter son récit de chansons est réussi : au nombre raisonnable de cinq, elles ne surlignent jamais le parcours de l’héroïne mais ponctuent son histoire en rendant compte du contexte dans lequel elle évolue et du statut de ses états d’âme qui évoluent au fil du récit pour fermer une boucle : la mangue du titre, qu’elle croque au début et ne trouve pas bonne car trop verte, revient symboliquement en fin de film quand elle chante « je suis une mangue du pays ». Mûrie par son expérience dans la favela, la jeune femme a pris de l’assurance, campée sur ses racines cap-verdiennes pour s’élever dans la vie et le monde.

Lire la critique de Firouz E. Pillet, publiée lors du Festival de Locarno 2023, avec les interviews de Basil Da Cunha (audio) et d’Eliana Rosa (écrit).

De Basil Da Cunha; avec Eliana Rosa, Nunha Gomes, Evandro Pereira, Nuno Baessa, Lucinda Brito, Vera Semedo, Isabel Lopes, João Filipe, José Brasão, Gä; Suisse ; 2023 ; 96 minutes.

Le court métrage 2720

Présenté en 2023 aux Visions du Réel de Nyon, ce court métrage hybride entre fiction et documentaire, est un condensé du talent de cinéaste de Basil Da Cunha qui utilise sa caméra comme une plume poétique pour relater l’histoire et le quotidien des habitant·es de Reboleira, qui jouent dans le film, à travers Jyzone qui vient de sortir de prison. Le chemin de son premier jour de travail est parsemé de rencontres qui risquent de le mettre en retard et péjorer sa liberté retrouvée. Ce parcours chorégraphié au cordeau permet d’explorer le quartier et de faire se croiser différents protagonistes, comme cette petite fille, Camilla, à la recherche de son frère.
Un ballet de toute beauté dans un décor coloré et musical, à l’énergie à la fois vivace et violent.

Avant-première à La Chaux-de-Fond: 19 juin 2024 à 19:00 à l’ABC.

Avant-première à Lausanne: 21 juin 2024 à 20:30 à la Cinémathèque suisse, Capitole.

Avant-première à Martigny: 22 juin 2024 à 18:00 au Corso.

Avant-première à Genève : 23 juin 2024 à 14:00 aux Cinémas du Grütli.

Les musiciens du collectif Acácia Maior interpréteront la bande-son en live du court métrage 2720. Après la projection de Manga D’Terra, ils se produiront en concert, en collaboration avec la Fête de la musique.

Malik Berkati

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