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Berlinale 2019 – Berlinale Series: Laborieux Brecht !

Biographie présentée sous forme de docu-fiction télévisée, Brecht s’affirme comme un portrait d’un homme habité d’une incommensurable soif de vivre, mais également vulnérable et déchiré. Après avoir tourné The Manns – Novel of a century et la très prisée Buddenbrooks – The Decline of a Family) Heinrich Breloer s’est attaqué au géant de la littérature allemande du XXième siècle, le visionnaire auteur dramatique et comique Bertolt Brecht.

— Tom Schilling – Brecht
© Stefan Falke / WDR

De sa vie d’écolier talentueux et rebelle à Augsbourg au début de la Première Guerre Mondiale jusqu’à sa mort en 1956, Breloer suit le dramaturge à la trace, habillant les scènes de fictions extraits d’entrevues de ses collaborateurs au Berliner Ensemble tels Martin Pohl et le directeur du théâtre Egon Monk. L’intérêt de la série réside cependant surtout dans les entrevues des femmes qui l’ont cotoyé et aimé telles Paula Banholzer, Ruth Berlau,  Regine Lutz ou encore sa femme Helene Weigel, qui interpréta l’exceptionnel rôle de Mère Courage. Ces entrevues donnent un aperçu troublant d’un homme infiniment complexe. ‘Je ne pourrais me l’imaginer en train de pleurer’, affirme Paula Banholzer, son premier amour et mère de son fils Hanne. Au fil des relations avec ces femmes fort différentes, l’icône du théâtre politique incarné par les acteurs Tom Schilling (de 1916 à 1933) et  Burghart Klaussner (1947-1956) est ouvert, charmant, jaloux, capable d’une exceptionelle clarté d’esprit vis-à-vis du politique autant que d’une folle opacité face à la souffrance qu’il cause au sein de ses relations amoureuses. N’ayant vu que la première partie de la série, celle où Brecht est interprétée par Tom Schilling, nous ne pouvons donner notre avis sur l’interprétation de Burghart Klaussner, acteur émérite du théâtre et du cinéma allemand.

Si la documentation de Breloer est riche et variée, le visionnement de la série ne manque pas d’être laborieux. L’interprétation de Schilling en jeune Brecht est honnête, mais peine à montrer un esprit d’un calibre tel qu’il avait convaincu ses amis d’enfance qu’il serait le prochain Goethe. La genèse des pièces, souvent la partie la plus fascinante dans la biographie d’un génie littéraire, nous laisse sur notre faim. L’acteur réussi par contre à chanter avec talent les premières chansons de Brecht en s’accompagnant avec conviction à la guitarre, ce qui donne un regain à un personnage somme toute un peu morne.

— Marie Luise Stahl, Adele Neuhauser – Brecht
© Michael Praun / WDR

Au sein de ses rapports intimes, Schilling, de même, peine à faire passer le charisme de Brecht, séducteur capable capable d’un immense raffinement amoureux autant que d’absurde possessivité en regard de ses propres trahisons vis-à-vis des femmes qu’il charme, engrosse et laisse les unes après les autres. On doit cependant féliciter le réalisateur pour avoir montré l’importance des femmes, surtout sa collaboratrice Ruth Berlau, dans la genèse des pièces qui rendirent Brecht célèbre à travers le monde.

Instructive, donc, que cette première partie du docu-fiction biographique sur Brecht. Importante, aussi. Mais facinante, passionnante, sublime? Peut-être en se donnant un coup de pied… Espérons que Klaussner fasse mieux.

Anne-Christine Loranger, Berlin

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Anne-Christine Loranger

Journaliste / Reporter (basée à Dresde)

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