Big Batart – L’homme-chauve-souris fait son cinéma dans une galerie lausannoise jusqu’au 30 mars 2022
Non sans humour, jouant des effets de paronymie, d’homonymie approximative, Big Batart, à l’identité secrète, se définit comme quelqu’un qui aime
« observer le monde avec une sensibilité décalée, longtemps laissée de côté. Lié par des valeurs de justice et de solidarité, la révélation eut lieu en visionnant le Batman de Tim Burton. Un héros masqué, qui a une double vie et utilise un trauma pour aider les autres et … aussi soi-même. »
L’idée artistique qui sous-tend le projet est de
« partager un moment de réflexion artistique et décalé et ainsi entamer avec le Chevalier de Gotham un voyage vers l’inattendu et les nombreux masques que nous portons. »
Big Batart, dont le nom bâtard combine « son intérêt pour la chauve-souris, BAT en anglais, et pour l’ART », collabore avec un collectif d’artistes et de photographes professionnels qu’il qualifie « d’un peu rêveurs ». Quand on lui demande la raison de cette volonté d’anonymat, il répond en toute sincérité :
« Il s’agit de concentrer le focus sur le message plutôt que sur le messager et de respecter également le lien avec l’homme chauve-souris… Et ça me fait marrer aussi ! »
Big Batart et le collectif ont déjà travaillé sur d’autres projets artistiques dans un large éventail allant du domaine des ONG à celui du luxe. Quand on lui demande quelle sera la suite, il apparaît que rien de concret n’est dans les tuyaux :
« Cela dépendra du retour que nous aurons dans un moyen terme. Le fait est que nous avons à cœur de garder une ligne directrice qui est en lien avec notre envie de questionner les statu quo, tout comme la recherche de sens dans laquelle beaucoup d’entre nous se trouvent… le tout en s’amusant. Nous voulons transmettre des messages forts de manière décalée. L’exploration est sans fin à vrai dire, tant Batman peut se révéler un vecteur immense pour tout ce que nous avons à dire. »
En contrepoint à The Batman (Matt Reeves, 2022) toujours à l’affiche dans les salles, il est rafraîchissant de voir le héros justicier dans des postures qui interrogent le masculinisme – dans les années 2000, avant l’avènement décomplexé du mouvement à travers des figures politiques de premier rang, il n’était pas rare de voir des membres d’organisations se déguiser en Batman ou Superman dans leurs manifestations revendicatives – ainsi que nos propres attitudes duales, à la Janus, marquées par les différents masques sociaux dont nous nous parons selon les environnements dans lesquels nous nous mouvons.
Exposition photographique jusqu’au 30 mars 2022 à la Galerie Art & Emotion, Rue du Petit-Chêne 38, Lausanne.
Malik Berkati
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