Cinéma / KinoCulture / Kultur

Black Movie 2019 : la vingtième édition du festival du 18 au 27 janvier – riche et variée. Rencontre avec ses co-directrices

Le logo de cette édition jubilé – XX – a recouvert les parois de la Maison des Arts du Grütli : les affiches arborant ces XX invitent à découvrir un programme aux propositions multiples et nombreuses.

Cette année, le Festival International de Films Indépendants Black Movie fête sa 20ème édition, ayant assis depuis de nombreuses années son ouverture, sa curiosité et son avant-gardisme pointer.

Dévouée depuis 1999 à la gloire d’un cinéma sans concession, la manifestation genevoise franchira ce nouveau cap du 18 au 27 janvier 2019.

Au programme, pas moins de trente invités et une sélection de cent-six films issus de cinquante-six pays. Toutes ces réalisations, dont deux premières mondiales, deux premières européennes et cinquante-trois premières suisses, seront disséminées parmi onze sections thématiques. Le public est attendu nombreux dans les salles de projection et au lieu central du Cercle des Bains pour célébrer avec faste cet anniversaire haut en couleurs.

Tricéphale à ses débuts, le Festival Black Movie jouait d’une direction bicéphale : Kate Reidy et Maria Watzlawick que nous avons rencontrées à quelques jours de l’ouverture de la vingtième édition.

Sections et cinéastes

Comme à l’accoutumée, la section À SUIVRE –  une section qui permet au festival de se démarquer – proposera les réalisations de cinéastes suivis depuis plusieurs années par Festival Black Movie : Apichatpong Weerasethakul (Blue), Hong Sangsoo (Grass et Hotel by the river), Dieudo Hamadi (Kinshasa Makambo), Tsai Ming-liang (Your Face), Lav Diaz (Season of the Devil) et Sergei Loznitsa (Victory Day), ce dernier nous gratifiant de sa présence pour une masterclass exceptionnelle. Mentionnons aussi la projection du dernier documentaire du Chinois Wang Bing, Les âmes mortes, d’une durée de 8 heures et montré en une seule fois !

A l’occasion de ce vingtième anniversaire, le Festival Black Movie a proposé à neuf cinéastes amis, proches du festival, de soumettre chacun un film de leur choix pioché dans toute l’histoire du cinéma mondial. C’est ainsi qu’est née la section CARTE BLANCHE À SUIVRE… qui permettra d’apprécier une programmation exclusive de 8 huit films suggérée par nuls autres que Amat Escalante, João Rui Guerra da Mata & João Pedro Rodrigues, Apichatpong Weerasethakul, Brillante Mendoza, Carlos Reygadas, Zhang Miaoyan, Pen-ek Ratanaruang et Anocha Suwichakorpong. Une belle sélection hétéroclite de films en tous genres, qui adhère parfaitement à l’esprit hors format du festival.

En parallèle, Black Movie a sollicité Edouard Waintrop, ex-délégué de la Quinzaine des réalisateurs de Cannes et actuel directeur des Cinémas du Grütli, pour sa propre carte blanche et lui a donné la possibilité de partager une partie des souvenirs de sa période à la tête de la Quinzaine du Festival de Cannes. En tout, six longs métrages à (re)découvrir dans LA QUINZAINE VUE PAR EDOUARD WAINTROP,l’occasion de voir ou revoir des films que le cet immense cinéphile avait déjà projeté à Genève dans le cadre de la Reprise de la Quinzaine des réalisateurs chaque année.

Quant aux nouveautés. La section CHERCHEZ LA FEMME interrogera l’identité féminine en sept films, parmi lesquels El viaje de Keta de Julio Bekhór et Fernando Sama et Mujer nómade de Martín Farina. Avec la section ESPRIT DE FAMILLE, les communautés de personnes, qu’elles soient unies par un lien de parenté ou ayant choisi de co-habiter, seront scrutées de manière féroce ou tendre. L’occasion de découvrir l’époustouflante fiction An Elephant Sittang Still, seule œuvre du Chinois Hu Bo, décédé peu de temps après sa sortie, ou les poignants documentaires Elish’s Notebooks de Golan Rise et The Swing de Cyril Aris.

Dans la section NOMADES, XXIÈME, six films s’intéresseront aux parcours singuliers et courageux d’une poignée d’individus en route pour trouver des conditions de vie plus favorables, en particulier A Land Imagined de Yeow Siew Hua (Léopard d’or à Locarno en 2018), Central Airport THF de Karim Aïnouz ou Poisson d’or, poisson africain de Thomas Grand et Moussa Diop. La section DU CÔTÉ DE LA FORCE se penchera sur la question des hommes en armes, du pouvoir et de l’engagement individuel, notamment à travers Lost Warrior de Nasib Farah et Søren Steen Jespersen, Of Fathers and Sons de Talal Derki et Sly de Kamal Tabrizi (en première européenne).

L’exposition des liens complexes entre l’histoire et le cinéma, la fiction et le récit sera au cœur de la section LES DESSOUS DE L’HISTOIRE qui permettra de découvrir le passionnant documentaire de Malik Bensmaïl La Bataille d’Alger, un film dans l’Histoire consacré au classique de 1966 de Gillo Pontecorvo La Bataille d’Alger (également projeté à cette occasion), et dans un autre genre le très attendu Les Oiseaux de passage de Ciro Guerra et Cristina Gallego. Enfin, le biopic Dare to Stop Us signé Kazuya Shiraishi, consacré au réalisateur japonais Kōji Wakamatsu accidentellement disparu en 2012, lancera la section WAKAMATSU, L’ENFANT TERRIBLE et permettra de revenir sur trois anciennes œuvres controversées du très politisé et sulfureux cinéaste nippon : Va, va, vierge pour la seconde fois (1969), Sex Jack (1970), et L’extase des anges (1972).

Tables rondes, expositions et Petit Black Movie

Pour compléter et développer les thématiques abordées par les films, deux tables rondes, deux conférences, en accès libre traiteront des thématiques associées à certains films : histoire et cinéma, LGBT+ et vulnérabilités, le combat du navire Aquarius et les filmographies des cinéastes Kōji Wakamatsu et Sergei Loznitsa. Pour cette édition anniversaire, trois expositions inédites : une rétrospective de toutes les affiches du festival ; une sélection de marionnettes issues des films du Petit Black Movie et spécialement importées pour l’occasion ; et une exposition de portraits de cinéastes réalisés par le photographe officiel du festival Mehdi Benkler et présentée dans l’espace public, à proximité du Pont Hans-Wilsdorf.

 

Attention ! La masterclass de Wang Bing, qui figure dans le programme officiel,  a malheureusement dû être annulée !

Pour les plus jeunes, LE PETIT BLACK MOVIE dévoilera quelque trendte-six films triés sur le volet qui s’attarderont sur des sujets essentiels tels que la différence, le handicap ou encore l’écologie, et permettront aux cinéphiles dès deux à douze ans de voyager dans pas moins de vingt-huit pays. En point d’orgue de cette section : la première mondiale d’un ciné-concert donné par le compositeur Nathanaël Bergèse sur le long métrage d’animation de Mats Grorud The Tower, récit d’une jeune Palestinienne réfugiée dans un camp libanais, inédit en Suisse.

Prix, lieux et soirées

Le Festival Black Movie remettra au total quatre prix, dont le Prix de la Critique, le Prix Payot Petit Black Movie et le Prix des Jeunes. Le Prix de la Critique, doté par le Département de la culture et du sport de la Ville de Genève et attribué à un film inédit remarqué pour sa forme novatrice, sera décerné par un jury de critiques de cinémas internationaux constitué de Cecilia Ermini (Italie), Tereza Fischer (Suisse), Akua Gyamfi (Royaume-Uni), Nicolas Gilson (Belgique) et Mike Naafs (Pays-Bas).

Quant aux lieux du festival, les films seront projetés aux Cinémas du Grütli, au Spoutnik, à l’Auditorium Arditi Wilsdorf, au Cinélux, et pour la première fois dans une salle virtuelle inaugurée par l’artiste Cetusss sur le réseau Second Life.  Black Movie sera aussi l’occasion de fêtes, les Nuits Blanches se tiendront dans le lieu central du Cercle de Bains et seront gratuites durant dix soirs consécutifs. DJs, live et karoké au programme …

Nous avons rencontré les deux directrices devant leur bureau, au premier étage de la Maison des Arts, un bureau en pleine effervescence qui bourdonnait telle une ruche.

— Kate Reidy & Maria Watzlawick
© Miguel Bueno

 

Firouz E. Pillet

www.blackmovie.ch

© j:mag Tous droits réservés

Firouz Pillet

Journaliste RP / Journalist (basée/based Genève)

Firouz Pillet has 1058 posts and counting. See all posts by Firouz Pillet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*