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Cannes 2022 : Moonage Daydream, de Brett Morgen, présenté hors compétition en séance minuit, propose une immersion auditive, visuelle et sensorielle dans l’univers de l’art et les sons de David Bowie

Considéré comme l’un des plus grands artistes de notre temps, David Bowie, qui nous a quittés en 2016, a enflammé la scène artistique dès les années septante, ébranlant les codes, en particulier de genres, déstabilisant la bienséance de l’establishment. Pendant plus de cinq décennies, David Bowie a fait constamment bouger et évoluer la culture pop rock, s’exprimant majoritairement dans la musique mais aussi dans la sculpture et la peinture.
Délaissant les cadres traditionnels du biopic pour livrer l’intimité de David Bowie, Moonage Daydream est le premier film qui rend un hommage vibrant, intense et exhaustif à l’artiste; le David Bowie Estate a soutenu le projet en permettant à Brett Morgen un accès sans précédent à sa collection.

Moonage Daydream de Brett Morgen
Image courtoisie Festival de Cannes

Raconté à travers des images sublimes et kaléidoscopiques qui rappellent les innovations frénétiques de l’époque du rock psychédélique, exposant de très nombreuses images d’archives personnelles restaurées, y insérant des performances inédites de David Bowie, le film fait aussi la part belle aux fans de l’artiste qui l’attendent de pied ferme, en particulier quand il revient dans le quartier qui l’a vu naître, Brixton, un quartier défavorisé du Sud de Londres. Ne recourant pas à la voix off sur les images afin de laisser libre chacune et chacun de recevoir et d’interpréter la profusion de performances de l’artiste sur scène, ses changements de tenues au fil des ans, et d’apprécier un David Bowie plus intime lors des entretiens avec des journalistes de l’époque.

Profondément ancré dans la musique et dans les mots de David Bowie, Moonage Daydream invite le public à s’immerger complément et intensément dans son univers unique. Brett Morgen plonge avec délectation dans l’univers délirant d’expériences fragmentées, à la fois musicales, bisexuelles mais aussi métaphysiques au Japon, en Indonésie, en Australie, entre autres. Le résultat final de ce kaléidoscope qui, par ces multiples facettes bigarrées, respecte tant la personne que l’œuvre de David Bowie, livre un hommage grandiloquent et sublime à l’artiste en démontrant la cohérence qui sous-tend les créations musicales, picturales, sculpturales de ce caméléon du rock.

En 2017, Brett Morgen a ainsi accédé à l’immense collection de l’artiste, qui comprenait des dessins, des enregistrements, des films et des journaux, rares et inédits. Vu la foison de sources sonores et audiovisuelles, Brett Morgen, qui avait déjà signé le magnifique documentaire sur Kurt Cobain, Montage of Heck, a passé quatre ans à assembler le film et dix-huit mois supplémentaires à concevoir le paysage sonore, les animations et la palette de couleurs. Le résultat est envoûtant et époustouflant.

Pour le film, l’équipe du son comprenait Tony Visconti, collaborateur de longue date de David Bowie, ami et producteur de musique, et Paul Massey (Bohemian Rhapsody), ingénieur du son, lauréat d’un Academy Award. L’équipe du son a remixé les enregistrements originaux de David Bowie pour permettre au film d’être présenté dans des salles équipées du système Atmos.

« I put myself through everything » (« Je me suis engagé dans tout »), dit David Bowie à la fin de ce voyage immersif de près de deux heures et demie que propose Brett Morgen. Et ce voyage en vaut vraiment la peine !

Firouz E. Pillet, Cannes

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Firouz Pillet

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